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Soudan: les retours au Darfour doivent s'effectuer sans danger

Lors de sa session à Nairobi, le Conseil de Sécurité de l'ONU doit agir

(Nairobi) — Le Conseil de Sécurité de l'ONU doit prendre des mesures immédiates pour mettre un terme au nettoyage ethnique et prévenir de nouveaux déplacements au Darfour, la région occidentale du Soudan, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. Le Conseil de Sécurité se réunira à Nairobi les 18 et 19 novembre pour une session spéciale sur le Soudan.

Dans un nouveau rapport de 43 pages intitulé “If We Return We Will Be Killed,” Human Rights Watch décrit le climat de violence et d'insécurité qui règne en permanence au Darfour, ainsi que le besoin urgent d'une force de protection internationale élargie, en particulier près des camps qui abritent une grande partie du 1,6 million de personnes déplacées du Darfour. Rien que cette semaine, alors que le Conseil de Sécurité de l'ONU s'apprête à se réunir à Nairobi, les forces de sécurité soudanaises ont impudemment envahi des camps de personnes déplacées.

“Le gouvernement soudanais continue de terroriser ses propres citoyens alors même que le Conseil de Sécurité de l'ONU arrive en Afrique,” a déclaré Peter Takirambudde, directeur exécutif à la Division Afrique de Human Rights Watch. “Si le Conseil n'accompagne pas ses ultimatums antérieurs d'actes forts, la purification ethnique au Darfour s'intensifiera. Et des centaines d'employés de l'ONU assisteront impuissants aux événements.”

La session spéciale du Conseil de Sécurité visera à mettre la pression sur le gouvernement soudanais et le mouvement rebelle du sud, le Mouvement/Armée Populaire de Libération du Soudan (M/APLS) afin de finaliser un accord de paix qui est en cours d'élaboration depuis près de trois ans. L'accord de Naivasha résoudrait le conflit qui ravage principalement le Sud Soudan depuis 21 ans et il prévoit un référendum sur l'autodétermination dans le sud du pays dans six ans et demi. Human Rights Watch s'inquiète de l'absence de référence substantielle aux droits humains dans l'accord de paix de Naivasha.

“L'accord de paix de Naivasha n'aborde pas la question des responsabilités dans les violations massives des droits humains perpétrées au Sud Soudan dans le cadre de cette guerre dévastatrice. Il ne parle pas non plus du cycle actuel d'impunité qui contribue à la situation dont nous sommes aujourd'hui les témoins au Darfour,” a souligné Takirambudde.

“Si la communauté internationale ne reconnaît pas ouvertement le fait que le gouvernement de Khartoum utilise à la fois les milices et son armée pour s'attaquer aux groupes ethniques au Darfour comme il l'a fait dans le sud, les effroyables violences se poursuivront.”

La dernière mission de Human Rights Watch au Darfour et à Khartoum a recueilli des informations sur de nombreux cas de communautés déplacées incapables de retourner sur leurs terres ou de les récupérer en raison du climat de peur et de violence entretenu par les milices janjawids appuyées par le gouvernement. Le rapport décrit par ailleurs les exactions commises par les rebelles, notamment les enlèvements de civils et le pillage des biens civils tels que le bétail.

Le rapport met également en lumière le besoin urgent d'entamer des poursuites au niveau international à l'encontre des responsables du gouvernement soudanais, de l'armée et des milices janjawids pour avoir perpétré de façon systématique un nettoyage ethnique, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Bien que le Soudan ait promis de traduire en justice les membres des Janjawids, Human Rights Watch a souligné que les déclarations de Khartoum servaient surtout de tape-à-l'œil.

Human Rights Watch estime que la session du Conseil de Sécurité à Nairobi devrait adopter une nouvelle résolution ferme sur la crise au Darfour. Pourtant, le projet de résolution actuel ne prévoit aucune sanction à l'égard de Khartoum pour sa participation directe au brutal nettoyage ethnique dont les civils sont victimes au Darfour.

Le nouveau rapport de Human Rights Watch décrit comment les Darfouriens qui tentent de retourner chez eux sont à nouveau attaqués par les forces janjawids qui continuent à opérer en toute impunité. Khartoum a promis, à maintes reprises, de désarmer et de démanteler ces milices. Non seulement le Soudan n'a pas honoré ses promesses, mais en plus, certains membres des Janjawids responsables d'atrocités ont été incorporés au sein de la police et des forces gouvernementales et ils ont maintenant été autorisés à "garder" les camps où se trouvent les civils déplacés, ceux-là mêmes qu'ils avaient au départ chassés de leurs villages en incendiant leurs habitations.

“Lorsque les familles essaient de retourner chez elles, elles sont à nouveau attaquées par les forces janjawids,” a dénoncé Takirambudde. “Cela a pour conséquence pratique de renforcer le nettoyage ethnique.”

Human Rights Watch a déclaré que les raids menés récemment et les réinstallations forcées dans des camps tels que le camp pour personnes déplacées d'El-Geer à Nyala, au Sud Darfour, marquaient une nouvelle phase dans le nettoyage ethnique mené par le Soudan contre les civils du Darfour.

“Il faut comprendre que la purification ethnique au Darfour consiste en premier lieu à déplacer les gens par la force, puis à les empêcher de rentrer chez eux en toute sécurité,” a expliqué Takirambudde. “Nous constatons qu'avec les raids et les attaques aux gaz lacrymogènes lancés contre les camps de déplacés, le gouvernement réinstalle les personnes dans des zones qui ne sont pas les leurs en recourant à la violence.”

Human Rights Watch a souligné que les autorités soudanaises devaient assurer la sécurité afin que les Darfouriens puissent réintégrer sans crainte leurs maisons et leurs fermes. Mais au contraire, le gouvernement a montré à maintes reprises qu'il n'était absolument pas disposé ni capable de contrôler les milices, de maintenir l'ordre et de protéger les civils.

Human Rights Watch a appelé le Conseil de Sécurité à accroître le nombre d'observateurs du cessez-le-feu et de soldats de l'Union africaine chargés de la protection et à octroyer à ces forces de l'U.A. un mandat de l'ONU pour protéger les civils. L'organisation a en outre appelé ledit Conseil à étendre l'embargo sur les armes au gouvernement soudanais, à imposer des sanctions sur les voyages des hauts responsables du gouvernement et de l'armée, à geler les avoirs de ces derniers et à faire en sorte que le nettoyage ethnique au Darfour soit enrayé en permettant le retour volontaire des personnes déplacées chez elles, en toute sécurité. Human Rights Rights a ajouté que Khartoum devrait prévoir des réparations —qui pourraient provenir des revenus que le gouvernement tire du pétrole— pour les personnes qui ont été victimes d'exactions commises par les forces gouvernementales ou les milices.

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