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Au-delà des soucis sécuritaires, il faut protéger les réfugiés

La réponse aux attaques de Paris ne doit pas remettre en cause les efforts internationaux déployés pour résoudre la crise des réfugiés

(New York, le 19 novembre 2015) – Les gouvernements ne devraient pas permettre que les attaques récentes perpétrées à Paris et d’autres attaques similaires ailleurs remettent en cause leur responsabilité de protéger les réfugiés du monde entier, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. La préoccupation quant au fait qu'un petit nombre de militants extrémistes cherche à profiter des mouvements de très nombreux réfugiés ne devrait pas détourner les gouvernements de leur responsabilité de protéger les réfugiés.

Human Rights Watch a publié 10 principes de base à l’intention des gouvernements pour répondre à la crise mondiale des réfugiés, soulignant l'importance de renforcer, et non affaiblir, la protection internationale des réfugiés dans une période d'insécurité.

« Semer la peur parmi les réfugiés est exactement le type d’objectif recherché par un groupe comme l’État islamique », a déclaré Iain Levine, Directeur exécutif adjoint de programmes à Human Rights Watch. « Oui, les gouvernements doivent mettre de l'ordre dans le processus d’enregistrement des réfugiés et en exclure les militants extrémistes, mais maintenant plus que jamais, ils doivent aussi se montrer solidaires des personnes déracinées de leurs foyers par les idéologies haineuses et les aider à trouver une réelle protection. »

Certains Etats membres de l'Union européenne (UE) – dont la Slovaquie, la République tchèque et la Pologne – ont cherché à lier les attentats de Paris à la crise des réfugiés en Europe, appelant à davantage de sélectivité, à la réintroduction des contrôles aux frontières, et à de plus grandes restrictions pour les demandeurs d'asile. Les autres dirigeants de l'UE, y compris le Président français François Hollande, la Chancelière allemande Angela Merkel, et le Président de la Commission de l'UE, Jean-Claude Juncker, ont été plus mesurés. Ils ont rejeté l'amalgame entre les assaillants de Paris et ceux qui fuient la violence en Syrie et d'autres pays de provenance migratoire.

L’amélioration de la coordination entre gouvernements de l'UE en vue de rendre le processus d'entrée plus ordonné et moins chaotique bénéficierait aux demandeurs d'asile, ferait chuter le nombre de trafiquants et aiderait à améliorer la sécurité, a déclaré Human Rights Watch.

Aux États-Unis, une majorité de gouverneurs américains – soit 30 gouverneurs au 18 novembre – ont déclaré qu'ils tenteraient de suspendre ou de s'opposer à la réinstallation de réfugiés syriens dans leurs états. Mais le Président américain, Barack Obama, a réitéré son engagement à accueillir 10.000 réfugiés syriens en 2016 et qualifié de « honteuse » la proposition de test de religion que certains voudraient instaurer pour l'admission de ces migrants.

Au lieu de jouer le jeu des groupes extrémistes et de faire des réfugiés des boucs émissaires, les gouvernements devraient affirmer les principes de la protection des réfugiés sur la base de leurs droits humains internationaux et des obligations relatives au droit des réfugiés, ainsi que de la compassion et de la décence, a déclaré Human Rights Watch. Les 10 principes de base de Human Rights Watch comprennent des appels aux gouvernements à ne jamais expulser de réfugiés sur lesquels pèsent de graves menaces, d’évaluer les demandes d'asile de façon équitable et de ne pas bloquer les demandeurs d'asile ni d’interférer avec leur droit à demander l'asile.

Les procédures mises en place pour évaluer les demandes d'asile, ainsi que les différentes étapes présentes dans le cadre des programmes de réinstallation des réfugiés sont destinées à exclure de la protection toute personne ayant commis des crimes de guerre, des crimes graves ou des crimes contre l'humanité. L'exclusion est une obligation juridique des gouvernements en vertu de la Convention internationale des réfugiés.

Les contrôles de sécurité font souvent partie des systèmes d'asile des gouvernements et des programmes de réinstallation. Ils peuvent prendre des mois, voire des années. Les autorités doivent mobiliser des ressources suffisantes pour que la sélection soit menée efficacement et pour veiller rapidement à ce qu’une protection soit fournie en temps opportun à ceux qui en ont le plus besoin, a déclaré Human Rights Watch.

« Alors que des efforts sont déployés pour faire traduire en justice les responsables d'actes de violence méprisables, nous devons toujours nous montrer vigilants pour ne pas faire des réfugiés des boucs émissaires », a déclaré Iain Levine. « Les dirigeants politiques ne doivent pas tomber dans le piège tendu par des extrémistes qui veulent semer la division et la méfiance, mais plutôt démontrer le courage et la volonté de protéger ceux qui ont été déracinés par les idéologies de haine. »

 

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