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Kazakhstan : Renforcer l’aide aux survivantes de violences conjugales

Le gouvernement devrait assurer la protection des victimes et leur garantir l’accès à la justice ainsi qu’à divers services

Deux femmes tiennent des pancartes lors d’une manifestation contre la discrimination et la violence à l’encontre de femmes à Almaty, au Kazakhstan, le 28 septembre 2019. Sur la pancarte de gauche figure ce message : "La prison doit punir la violence, pas la vérité". © 2019 Reuters/Pavel Mikheyev

(Berlin, le 17 octobre 2019) - Les habitantes du Kazakhstan qui sont confrontées à la violence conjugale ne bénéficient pas d'une protection suffisante et ont peu de moyens de recours en justice, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le gouvernement kazakh a cherché à prévenir la violence familiale en adoptant la Loi sur la prévention de la violence domestique il y a dix ans. Toutefois, d’autre mesures sont urgemment requises afin de combler les lacunes dans les protections juridiques, et d’éliminer les obstacles auxquels se heurtent les survivantes qui cherchent à obtenir justice ou à bénéficier de services d'assistance.

« Le Kazakhstan devrait faire davantage pour protéger les femmes contre la violence domestique, car de nombreuses femmes continuent de souffrir », a déclaré Viktoriya Kim, chercheuse adjointe sur l'Asie centrale à Human Rights Watch.

Entre avril et août 2019, Human Rights Watch a interrogé 16 survivantes de violences domestiques, ainsi que 26 autres personnes, notamment des militantes des droits des femmes, des employés de centres d’accueil de victimes, des avocats et un officier de police qui est membre d’un département du ministère de l’Intérieur chargé de la protection de victimes de telles violences.

Selon l'Union des centres de crise du Kazakhstan, qui regroupe 16 organisations non gouvernementales travaillant dans ce domaine, des centaines de femmes kazakhes sont tuées par leur mari ou conjoint chaque année. Une famille sur huit est touchée par le problème de violence conjugale. La directrice de l’organisation, Zulfia Baisakova, a indiqué que ces centres recevaient environ 14 000 appels par an (soit presque une quarantaine par jour) concernant des incidents de violence domestique, touchant en grande majorité des femmes. Selon les statistiques gouvernementales de 2017, 17 % des femmes âgées de 18 à 75 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles infligées par leur mari ou conjoint, ou par un ex-mari ou ex-comjoint.

Human Rights Watch a constaté que les autorités kazakhes ne prennent pas de mesures adéquates pour empêcher de telles violences, ou pour traduire en justice les auteurs d’abus. Plusieurs femmes ont indiqué que dans de nombreux cas, les fonctionnaires de police leur avaient suggéré de renoncer à porter plainte, et au lieu de cela, de se réconcilier avec leurs agresseurs.

En 2009, le Kazakhstan a adopté la Loi sur la prévention de la violence domestique, qui a mis en place des ordonnances de protection à court terme, ainsi que l’accès à des centres d’hébergement et à d’autres services. Toutefois, cette loi ne criminalise pas de manière spécifique la violence domestique, ce que le code pénal ne fait pas non plus.

Le 2 septembre 2019, dans son premier discours à la nation depuis son entrée en fonction le 12 juin, le nouveau président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, a déclaré que ce pays devait punir plus fermement les auteurs d’actes de « violence sexuelle » et de « violence domestique » contre les femmes.

L’incapacité du gouvernement kazakh à mieux protéger les femmes contre la violence domestique constitue une violation de certaines obligations juridiques du pays en vertu du droit international relatif aux droits humains, notamment de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Le comité qui supervise la mise en œuvre de cette convention examinera les progrès réalisés par le Kazakhstan lors de sa 74ème session, du 21 octobre au 8 novembre.

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2019/10/17/kazakhstan-little-help-domestic-violence-survivors

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