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Darfour: il faut aider l’Union africaine à renforcer ses troupes dès maintenant

Le gouvernement soudanais devrait cesser de harceler les agences humanitaires

La rencontre des bailleurs de fonds internationaux et des pays africains qui aura lieu jeudi dans le but de renforcer le soutien apporté à la mission de l’Union africaine au Darfour doit veiller à ce que de nouvelles troupes de l’UA soient rapidement déployées afin de protéger les civils dans la région occidentale du Soudan, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Le Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, et le Président de l’UA, Alpha Oumar Konaré, conduiront la conférence, laquelle rassemblera des fonctionnaires des Etats-Unis, des pays de l’Union européenne et des nations africaines pour accroître le soutien apporté à la Mission de l’Union africaine au Soudan (AMIS) pour le Darfour. Le Secrétaire Général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, devrait également y assister. Les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union européenne et l’OTAN ont toutes un rôle crucial à jouer dans le renforcement rapide de la protection de la population du Darfour, a souligné Human Rights Watch aujourd’hui.

L’organisation de défense des droits humains a appelé les bailleurs de fonds et les pays fournissant des troupes à se mettre d’accord, lors de la rencontre d’Addis-Abeba, sur un calendrier ferme fixant le déploiement accéléré de 12.300 soldats de l’UA. La mission actuelle de l’Union africaine se compose de 2.400 soldats, ce qui est trop peu pour protéger activement les civils sur tout le territoire du Darfour, une région aussi grande que la France. Bien que les plans actuels de l’UA prévoient 12.300 soldats sur le terrain au printemps 2006, le processus n’est pas assez rapide, estime Human Rights Watch.

“Si les pays africains fournissent davantage d’effectifs et les bailleurs de fonds apportent le soutien technique et logistique nécessaire aujourd’hui-même, il devrait être possible d’accélérer les efforts de protection au Darfour” a déclaré Peter Takirambudde, directeur à la Division Afrique de Human Rights Watch. “La population du Darfour ne peut attendre le printemps prochain pour que l’Union africaine déploie ses troupes comme prévu.”

Des violations flagrantes des droits humains continuent d’être commises au Darfour, où les milices commanditées par le gouvernement soudanais et connues sous le nom de janjawids cherchent à renforcer le “nettoyage ethnique” en attaquant les personnes déplacées à l’intérieur du pays—pour la plupart des paysans—qui tentent de retourner chez elles. Le gouvernement soudanais n’a pris aucune mesure sérieuse aux niveaux national et de l’état pour contrôler ou poursuivre ces forces, en dépit de plusieurs résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU exigeant depuis juillet d’agir en ce sens.

“Sur le plan de la sécurité, la situation laisse clairement à désirer pour l’ensemble de la population. Au Darfour, six millions de personnes sont confrontées au banditisme, aux attaques des milices et à une économie ruinée,” a expliqué Takirambudde. “Deux millions de Darfouriens ont déjà été déplacés et la plupart des paysans ne seront, cette année encore, pas en mesure de planter.”

Les Nations Unies estiment que 3,5 à 4 millions d’habitants du Darfour n’auront pas assez à manger au cours des prochains mois. Dernièrement, le gouvernement soudanais a accru sa guerre bureaucratique contre le vaste effort d’aide humanitaire visant à secourir des millions de Darfouriens. Depuis décembre, il essaie d’intimider certaines agences humanitaires au Darfour en recourant à des arrestations et des détentions arbitraires et à d’autres formes plus subtiles de harcèlement.

Human Rights Watch a par ailleurs appelé les fonctionnaires qui participent à la rencontre d’Addis-Abeba à dénoncer les efforts faits par le gouvernement soudanais pour faire machine arrière quant à sa coopération avec les agences d’aide.

Khartoum refuse également d’octroyer des visas et des permis de déplacement à un nombre croissant de journalistes internationaux. Les intimidations du gouvernement et son refus de plus en plus fréquent de laisser les médias entrer au Darfour sont une attitude qu’il adopte régulièrement afin de limiter les critiques émises par la communauté internationale à propos des exactions perpétrées par lui-même et par ses milices alliées au Darfour.

“Après avoir été forcé d’ouvrir le Darfour l’année dernière, le gouvernement soudanais cherche aujourd’hui à restreindre l’accès à ce territoire et à censurer l’information” a déclaré Takirambudde . “Des pressions et une vigilance constantes sont nécessaires pour défendre et préserver la possibilité pour l’ONU et les autres travailleurs humanitaires d’avoir un accès total et illimité à la région afin de répondre aux besoins de quelque 3,5 millions de personnes qui ont besoin d’assistance.”

Human Rights Watch a appelé l’Union africaine à:

  • Accroître considérablement et de toute urgence le nombre d’effectifs de la Mission de l’Union africaine au Soudan afin d’assurer un déploiement adéquat sur tout le territoire du Darfour et une capacité suffisante pour protéger les civils;
  • Déployer de façon stratégique les forces de l’AMIS dans beaucoup plus de petites villes et villages sur tout le Darfour et patrouiller activement afin de garantir la sécurité sur les routes principales pour la circulation civile, humanitaire et commerciale; et
  • Exiger que le gouvernement soudanais coopère pleinement avec le personnel humanitaire opérant au Darfour et qu’il cesse de le harceler.

Human Rights Watch a également prié les membres de l’Union africaine :

  • D’accélérer les demandes d’assistance financière et logistique nécessaire pour déployer des troupes et des policiers de toute urgence au Darfour.
  • Le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Rwanda et le Ghana devraient envisager de continuer à déployer un nombre élevé de soldats et de policiers jusqu’à la fin de la crise au Darfour. D’autres pays africains, tout particulièrement les membres du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine, devraient augmenter le nombre de soldats envoyés dans l’AMIS ou, s’ils n’en ont pas fourni, s’engager aujourd’hui à appuyer l’AMIS en envoyant des observateurs militaires et des policiers.

Human Rights Watch a appelé l’OTAN et les bailleurs de fonds qui soutiennent l’AMIS sur le plan logistique et financier à:

  • Apporter un soutien à la formation, à Addis-Abeba ou au Darfour, des forces militaires et policières des pays africains qui fournissent des troupes à l’AMIS;
  • Apporter des fonds pour couvrir les dépenses administratives des pays africains qui prévoient et envoient des effectifs militaires et policiers dans l’AMIS, notamment le transport de ces troupes dans le pays jusqu’au point où elles doivent être déployées;
  • Accroître et accélérer le rythme du soutien logistique; et
  • Intensifier les pressions exercées sur toutes les parties au conflit pour qu’elles respectent le cessez-le-feu.

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