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Ghana : Investir dans la santé mentale et mettre fin à la pratique de l’enchaînement

Un prélèvement fiscal devrait être imposé pour financer les services nécessaires

Un homme atteint d’un handicap psychosocial – réel ou perçu comme tel –  enchaîné dans un camp de prière au Ghana, où cette pratique (« shackling ») demeure encore trop courante.

(Accra, le 9 octobre 2017) – Le gouvernement du Ghana devrait financer de manière adéquate les services de santé mentale à travers le pays, une étape cruciale en vue de mettre fin à la pratique courante de l’enchaînement et à d’autres abus commis contre les personnes présentant des handicaps psychosociaux, a déclaré aujourd’hui une coalition d’organisations non gouvernementales.

À la veille de la Journée mondiale de la santé mentale, qui sera observée le 10 octobre 2017, cette coalition a recommandé que le ministre des Finances impose un prélèvement pour financer les services de santé mentale, comme l’exige la Loi de 2012. La coalition est formée des organisations suivantes : MindFreedom Ghana, Mental Health Society of Ghana, BasicNeeds Ghana, Law and Development Associates, Human Rights Advocacy Center, Christian Health Association of Ghana, Human Rights Watch, CBM, Anti-Torture Initiative, ainsi que l’ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez.

« Des Ghanéens enchaînent des personnes atteintes de handicaps psychosociaux en l’absence d’autres alternatives », a déclaré Peter Yaro, le directeur exécutif de BasicNeeds Ghana. « Cinq ans après l’adoption de la Loi sur la santé mentale, il est grand temps pour le gouvernement d’investir dans des services communautaires de santé mentale pour que les personnes concernées obtiennent le soutien adéquat, au lieu de se retrouver enchaînées. »

La Loi sur la santé mentale de 2012 définit le cadre législatif pour un prélèvement fiscal et stipule que le ministre des Finances, par l’entremise du Parlement, devrait l’instaurer pour financer les services de santé mentale. Le prélèvement n’a toujours pas été établi.

À la suite de la publication de rapports de Human Rights Watch et de l’ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez, Le Ghana a fait des progrès dans la protection des droits des personnes handicapées. En juillet dernier, l’Autorité de la santé mentale a supervisé la remise en liberté d’au moins une douzaine de personnes handicapées qui se trouvaient enchaînées dans le camp de prière de Nyakumasi, situé dans la région de Cape Coas, dans le centre du pays. Sous la pression d’organisations locales et internationales, l’Autorité de la santé mentale a pris des mesures pour interdire l’enchaînement, mais beaucoup reste à faire.

« Une véritable opportunité se présente au gouvernement du Ghana pour montrer l’exemple à d’autres pays de la région et à l’échelle mondiale en affirmant que le traitement inhumain de personnes atteintes de troubles psychosociaux ne sera pas toléré », a déclaré Julian Eaton, conseiller senior sur les questions de santé mentale chez CBM. « Alors qu’elles sont parmi les plus marginalisées et les moins visibles de la société, ces personnes méritent une dignité et un respect égaux aux autres. »

Les personnes atteintes de troubles mentaux au Ghana ne devraient plus être soumises à un traitement inhumain. Au contraire, le gouvernement doit veiller à ce qu’elles soient traitées avec dignité et puissent vivre pleinement et en toute indépendance. Des fonds adéquats devraient être affectés à la fourniture de services bénévoles de santé mentale, à l’accès au logement et à l’autonomie, ainsi qu’à la formation professionnelle. En outre, davantage doit être fait pour lutter contre la stigmatisation associée aux troubles mentaux, y compris sur le lieu de travail, thème central de la Journée mondiale de la santé mentale de cette année.

Au Ghana et dans de nombreux autres pays, les personnes atteintes de handicaps psychosociaux réels ou supposés – c’est-à-dire les conditions de santé mentale – sont parfois perçues comme étant possédées par des esprits malins ou des démons. En raison de ces superstitions et du manque de services locaux de santé mentale, certaines familles et communautés recourent à l’enchaînement lors d’une crise, au domicile ou dans des centres de guérison spirituelle, désignés comme des camps de prière. Dans certains de ces camps, Human Rights Watch a constaté que des gens étaient enchaînés à des arbres, souvent en plein soleil, où elles se lavent, font leurs besoins, s’alimentent et dorment, certaines des années durant.

Aujourd’hui, la coalition a lancé une campagne sur les réseaux sociaux, #BreakTheChains, avec pour objectif de lutter contre la stigmatisation associée aux troubles mentaux et de demander au gouvernement du Ghana de respecter ses engagements en vertu de la Loi sur la santé mentale et de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.

« Il ne suffit pas de proscrire l’enchaînement, la mise en œuvre de cette interdiction est l’aspect le plus important », a déclaré Dan Taylor, directeur de MindFreedom Ghana. « Au-delà d’un engagement verbal et juridique, un engagement financier est requis. Nous vous invitons, honorable ministre des Finances, à faire du prélèvement fiscal une priorité. »

 

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