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(New York) - Les milliers de Rwandais qui demandent asile au Burundi, des femmes et des enfants pour la plupart, ne doivent pas être renvoyés à Rwanda sans que leurs demandes d’asile aient été dûment examinées, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les chercheurs d’asile sont des Hutu, tout comme les assaillants qui ont massacré les trois quarts des Tutsi vivant au Rwanda en 1994. Mais environ la moitié des Rwandais qui ont fui au Burundi sont des enfants, trop jeunes pour avoir participé aux tueries de 1994.

Les chercheurs d’asile disent qu’ils craignent d’être traités de façon injuste au Rwanda par les tribunaux populaires appelés gacaca. Il y a trois mois à peine, ces tribunaux ont commencé à juger des personnes accusées d’avoir participé au génocide de 1994. Certains des chercheurs d’asile disent qu’ils craignent aussi de subir des violences de la part des fonctionnaires rwandais ou des survivants du génocide qui les ont menacés.

“Les Rwandais impliqués dans le génocide doivent être traduire en justice. Mais le seul fait de fuir le Rwanda n’est pas un aveu de culpabilité,” a déclaré Alison Des Forges, conseillère senior de Human Rights Watch pour l’Afrique. “Le droit international exige que tous les chercheurs d’asile puissent exposer leurs raisons de chercher protection à l’étranger.”

Les chercheurs d’asile rwandais au Burundi, qui ont commencé à fuir le Rwanda à la fin du mois de mars, étaient au nombre d’environ 7.000 au début du mois de mai. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a transporté environ 2.000 d’entre eux sur deux sites officiels pour leur offrir une meilleure sécurité et un meilleur accès à l’assistance.

A la fin du mois d’avril, les autorités du Burundi ont interrompu le transfert des demandeurs d’asile. De concert avec les fonctionnaires rwandais, les autorités du Burundi ont essayé de persuader les chercheurs d’asile de rentrer chez eux. La persuasion ayant échoué, les autorités du Burundi ont fermé quatre des sept sites où les chercheurs d’asile s’étaient rassemblés. Les soldats et la police du Burundi ont contraint les chercheurs d’asile et les ont menacés, insistant qu’ils devraient retourner au Rwanda. Dans certains cas, ils ont battu les Rwandais, renversé leurs ustensiles de cuisine, et détruit leurs abris.

Sur le site de Gatsinda au nord-est de la capitale Bujumbura, un membre des forces armées du Burundi a violé une chercheuse d’asile de 20 ans.

Selon le droit international, toute personne a le droit de demander asile et sa demande doit être dûment examinée. Cependant, les personnes responsables d’actes de génocide ou de certains autres crimes internationaux graves peuvent être exclues du statut de réfugié.

Une étudiante—qui devait avoir sept ans au moment du génocide— a déclaré à un chercheur de Human Rights Watch au Burundi qu’elle avait fui le Rwanda avec trois autres camarades de classe plusieurs semaines auparavant, parcourant à pied les 50 kilomètres jusqu’à la frontière. Elle a dit avoir eu peur en entendant un fonctionnaire dénonçant publiquement les personnes ayant fait des études supérieures. D’après elle, il a prévenu que les personnes ayant une éducation supérieure “enseigneraient aux autres à tuer.” Pendant le génocide beaucoup de dirigeants de la communauté, dont certains étaient bien éduqués, ont dirigé les attaques.

Sous la contrainte, la plupart des Rwandais ont quitté les sites au Burundi pendant la deuxième semaine de mai, mais les chercheurs d’asile se sont à nouveau rassemblés sur les sites. Certains sont revenus sur les sites après s’être cachés pendant plusieurs jours à proximité ; certains sont retournés au Rwanda, puis sont revenus au Burundi, affirmant qu’ils aient rencontré de nouvelles menaces chez eux. D’autres chercheurs d’asile sont arrivés du Rwanda pour la première fois.

La plupart des chercheurs d’asile sont logés dans des installations de fortune près de la frontière où ils n’ont reçu que des distributions minimales de nourriture et d’eau. La malnutrition et la maladie représentent des risques graves dans ces conditions.

“Les autorités du Burundi devraient autoriser le transfert des chercheurs d’asile dans des camps du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés où ils peuvent être en sécurité et mieux soignés,” a déclaré Des Forges. “Et les audiences doivent commencer pour décider quels sont les demandeurs qui peuvent bénéficier du droit d’asile.”

La plupart des personnes ayant fui au Burundi viennent de la province de Butare dans le sud du Rwanda. Des centaines d’autres Rwandais de la partie orientale du pays ont essayé de fuir en Tanzanie. Au début du mois les fonctionnaires de Tanzanie ont renvoyé 35 Rwandais dans leur pays sans avoir examiné leurs demandes d’asile.

Les traités internationaux sur les réfugiés, dont la Convention africaine sur les réfugiés de 1969, dont le Burundi et la Tanzanie sont des Etats parties, obligent les Etats à ne pas renvoyer de force les personnes vers des pays où elles peuvent être victimes de graves atteintes aux droits de l’homme. Suite aux protestations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, les autorités tanzaniennes ont accepté de ne pas renvoyer les chercheurs d’asile au Rwanda sans avoir examiné les fondements de leurs demandes d’asile.

Plus d’un millier de Rwandais ont aussi fui vers l’Ouganda, où ils ont été placés dans un camp de réfugiés.

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