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Reddition d’un chef de guerre congolais recherché pour viols massifs

Il faut assurer à Ntabo Ntaberi Sheka un traitement humain et un procès équitable

Le chef de la milice Maï Maï Sheka, Ntabo Ntaberi Sheka, fait campagne pour un siège au parlement à l'approche des élections nationales de novembre 2011, bien qu'étant l'objet d'un mandat d'arrêt de la justice congolaise pour crimes contre l'humanité, notamment pour des violences sexuelles. Walikale, Nord-Kivu, 24 novembre 2011. © 2011 AFP / Archives

Ntabo Ntaberi Sheka, un chef de milice qui a été impliqué dans de nombreuses atrocités commises dans l’est de la République démocratique du Congo, s’est constitué prisonnier aujourd’hui auprès de la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le pays.

Les autorités congolaises ont émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Sheka en janvier 2011 pour crimes contre l’humanité pour viols massifs. Mais il est resté en fuite pendant plus de six ans, tandis que son groupe armé, connu sous le nom de Nduma Defense of Congo, a continué de commettre de graves crimes. Il n’a pas été immédiatement possible d’éclaircir les raisons de sa reddition.

Selon l’ONU, entre le 30 juillet et le 2 août 2010, la milice commandée par Sheka et deux autres groupes armés ont violé au moins 387 femmes, hommes, filles et garçons dans 13 villages situés le long de la route menant de Kibua à Mpofi dans le territoire de Walikale, dans l’est de la RD Congo.

Depuis l’émission du mandat d’arrêt, Human Rights Watch a documenté de nouveaux crimes. Les forces de Sheka ont tué au moins 70 civils, dont beaucoup ont été taillés en pièces à coups de machette. Dans certains cas, les combattants de Sheka ont mutilé les corps de personnes tuées et défilé à travers la ville avec des morceaux de cadavres, en scandant des injures à caractère ethnique. Les forces de Sheka ont également continué de violer des femmes et des filles et de recruter de force de nombreux garçons et jeunes hommes pour les intégrer à leurs rangs.

Des responsables du système judiciaire congolais ont tenté d’arrêter Sheka dès juillet 2011, avec l’appui des militaires de maintien de la paix de l’ONU, mais il leur a échappé, prétendument parce qu’il a été averti par des autorités. Quatre mois plus tard, Sheka a ouvertement posé sa candidature à une fonction élective publique dans l’est de la RD Congo et la police n’a fait aucun effort pour l’arrêter alors qu’il tenait des réunions publiques de campagne. Depuis lors, des responsables du gouvernement et de l’ONU ont rencontré Sheka à trois reprises, l’incitant à se rendre mais ne faisant aucun effort pour l’arrêter. Human Rights Watch a découvert que certains officiers de l’armée congolaise, des responsables rwandais et d’autres groupes armés, dont le M23, fournissaient un soutien financier et logistique à la milice de Sheka.

Il existe un risque sérieux que certains des anciens collaborateurs de Sheka veuillent le réduire au silence. Son chef d’état-major est mort en prison dans des circonstances mystérieuses après son arrestation en 2011. Au total, quatre commandants de groupes armés et quatre déserteurs de l’armée font l’objet de mandats d’arrêt pour leur implication présumée dans les viols massifs de Walikale.

Des milliers de civils vivant dans l’est de la RD Congo ont été affectés par les crimes commis par les forces sous le commandement de Sheka et beaucoup continuent de craindre la prochaine attaque. Sa reddition aujourd’hui permet d’espérer que justice sera rendue et que les violences cesseront. Les autorités congolaises, avec le soutien des Nations Unies, devraient garantir la sécurité de Sheka en détention et le traduire rapidement en justice, au cours d’un procès équitable devant un tribunal indépendant, impartial et crédible. Les autorités devraient également redoubler d’efforts pour arrêter l’ancien commandant militaire de Sheka, Guidon Shimiray Mwissa, dont les troupes continuent de faire des ravages parmi les populations civiles dans l’est de la RD Congo.

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