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États-Unis

Événements de 2022

Des manifestantes participaient à un rassemblement organisé pour soutenir le droit à l'avortement devant le Centre de conventions d’Austin (Austin Convention Center) à Austin, au Texas, le 14 mai 2022.

 

© 2022 Jay Janner/Austin American-Statesman via AP

Les États-Unis ont réalisé quelques avancées dans la mise en œuvre de politiques plus respectueuses des droits humains. Ils ont promulgué une loi sur la réduction de l’inflation, qui fait progresser le droit à la santé et prend des mesures pour répondre à la crise climatique. Cependant, les responsables doivent prendre des mesures plus audacieuses pour démanteler le racisme systémique ancré dans de nombreuses institutions et structures américaines, relever les défis posés par le changement climatique, les menaces à la démocratie au niveau national et à l’étranger, et les crises sanitaires comme la pandémie de Covid-19, et enfin garantir le respect des droits. Des asymétries et déséquilibres de pouvoir profondément enracinées – et qui se fondent en grande partie sur le racisme, la suprématie de la race blanche et les inégalités économiques – constituent des obstacles à des changements significatifs.

L’administration du président Joe Biden a promis de revoir les politiques restrictives et abusives en vigueur aux frontières des États-Unis, mais les résultats se font attendre. Outre le statut migratoire, la race et l’origine ethnique sont les principaux facteurs permettant de prédire qui sera soumis à des politiques d’immigration sévères telles que l’expulsion, la détention, la déportation et des politiques anti-asile extrêmes. Malgré des réformes localisées du système pénal, de nombreuses autorités continuent de se livrer à des déclarations alarmistes et souvent infondées sur la hausse de la criminalité afin de poursuivre des politiques qui reposent principalement sur l’application des lois et la répression au lieu de remédier aux causes profondes, tels que l’insuffisance de l’accès au logement, à la santé, aux services volontaires de santé mentale et aux opportunités éducatives.

Les victimes d’abus sont confrontées à des difficultés croissantes pour trouver un recours dans le système judiciaire américain, y compris devant la Cour suprême des États-Unis, qui rend de plus en plus d’arrêts fragilisant les protections des droits, comme celui de 2022 annulant les protections constitutionnelles pour l’accès à l’avortement.

Justice raciale

L’aide financière directe et les mesures prises en réponse à la pandémie de Covid-19 ont permis d’atténuer temporairement la pression économique, mais des disparités raciales persistent dans l’accès à des soins de santé adéquats, à l’eau, à l’éducation, à l’emploi et au logement.

En dépit d’un soutien sans précédent au Congrès et d’un mouvement significatif sur les initiatives de réparation au niveau des États et des collectivités locales, le gouvernement fédéral n’a pas réussi à créer une commission chargée d’étudier la question des séquelles de l’esclavage et d’élaborer des propositions de réparation.

Face à l’inaction du Congrès, les défenseurs de la justice raciale ont exhorté l’administration Biden à créer une telle commission par décret avant le 19 juin (« Juneteenth ») 2022. En août 2022, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) a conclu que les États-Unis n’avaient pas mis en œuvre les normes juridiques internationales de lutte contre le racisme. Entre autres recommandations, le CERD a, pour la première fois, exhorté les États-Unis à créer une commission chargée d’étudier et d’élaborer des propositions de réparations. 

En mai, un juge du comté de Tulsa, dans l’Oklahoma, a rejeté en partie une motion de demande de classement de l’affaire présentée par la ville de Tulsa et d’autres codéfendeurs dans le cadre d’un procès intenté au nom des survivants et des descendants du massacre racial de Tulsa perpétré en 1921, pour dommages et intérêts et préjudice continu découlant de ce massacre. Ce refus marque la première fois qu’une affaire de réparation pour le massacre a dépassé le stade de la motion de rejet et permettra aux trois derniers survivants connus du massacre, tous âgés de plus de 100 ans, de plaider leur cause devant le tribunal.

À la suite de la violente insurrection au Capitole américain le 6 janvier 2021, les réseaux de suprémacistes blancs et d’extrémistes de droite ont étendu et consolidé leur présence en ligne. Les communautés marginalisées craignent pour leur sécurité dans un contexte de hausse continue des crimes haineux signalés au cours du premier semestre 2022, notamment des fusillades motivées par l’idéologie suprématiste blanche.

Pauvreté et inégalités

Les inégalités de revenus se sont accrues en 2021, principalement en raison de la baisse des revenus avant impôts et transferts des bas salaires et de la classe ouvrière. Mais les dépenses sociales liées à la pandémie ont contribué à faire baisser le taux de pauvreté national cette année-là. Les plans de relance budgétaire, l’élargissement du crédit d’impôt pour enfants et une assurance chômage plus généreuse ont permis à des millions d’adultes de sortir de la pauvreté et de réduire de près de moitié la pauvreté des enfants, qui est tombée à un niveau historiquement bas.

Mais cette réduction historique de la pauvreté est en train de s’inverser. Bon nombre des programmes ayant permis d’atténuer les souffrances, qui étaient temporaires, ont pris fin depuis, et le gouvernement américain n’a pas réussi à adopter des réformes structurelles pérennes. Ainsi, le fait que le gouvernement n’ait pas renouvelé le crédit d’impôt pour enfants, qui a expiré en décembre 2021, a fait basculer 3,7 millions d’entre eux dans la pauvreté.

Début 2022, la concentration de la richesse aux États-Unis était proche de son niveau le plus élevé depuis plus de 40 ans, puisque les 1% de ménages les plus fortunés possédaient environ un tiers de toute la richesse privée. 

Les ménages noirs, latino-américains et amérindiens continuent d’afficher des taux de pauvreté plus de deux fois supérieurs à ceux des ménages blancs non latino-américains, ce qui souligne la persistance de disparités fondées sur la race et l’origine ethnique en matière de revenus, de patrimoine, d’endettement et d’emploi.

L’inflation a réduit l’accès aux produits et services de base essentiels à l’exercice des droits fondamentaux, notamment la nourriture, le logement et les soins de santé.  

Système juridique pénal

Malgré sa réduction progressive depuis 2009, les États-Unis continuent d’afficher le taux d’incarcération le plus élevé au monde, avec près de deux millions de personnes détenues dans des prisons d’État ou fédérales à tout moment, et des millions d’autres en liberté conditionnelle ou probatoire.

Les Noirs et les Latino-américains restent largement surreprésentés dans les prisons et les pénitenciers, dont beaucoup n’offrent pas de protections suffisantes contre le Covid-19. Les données communiquées sept mois après la mise à disposition des vaccins montrent qu’à peine plus de la moitié d’entre eux ont été vaccinés. Plus de 600 000 personnes incarcérées aux États-Unis ont contracté le virus et plus de 2 900 en sont mortes. De nombreuses juridictions ont réduit les incarcérations en réponse à la pandémie, mais les populations détenues ont commencé à revenir à leur niveau prépandémique en 2021, alors même que les cas de variant Delta augmentaient.

Malgré les nombreux appels à une réforme systémique au cours de l’été 2020, notamment pour réduire la dépendance excessive à l’égard de la police et s’attaquer aux problèmes sociétaux en investissant dans des services de soutien, peu de juridictions ont adopté des mesures significatives. Certaines localités ont déployé des professionnels de santé mentale à la place de policiers dans des circonstances appropriées ; d’autres ont financé des agents d’interruption de la violence ne faisant pas partie des forces de l’ordre. Cependant, les budgets des services de police n’ont pas diminué dans l’ensemble. Le Congrès n’a même pas adopté les réformes limitées proposées dans le cadre de la loi fédérale Justice in Policing Act.

En 2022, moins de la moitié des services de police américains ont fourni des données relatives à leur recours à la force, ce qui a nécessité la collecte et l’analyse de données par des organismes non gouvernementaux. Rien qu’en 2022, la police a tué plus de 400 personnes. Par habitant, la police tue trois fois plus de Noirs que de Blancs.

Les enfants dans les systèmes de tribunaux pénaux, pour enfants et de la famille

Malgré une baisse de 73 % du nombre d’arrestations depuis le milieu des années 1990, les enfants sont encore beaucoup trop à être incarcérés chaque année, avec plus de 240 000 cas de détention documentés en 2019, selon un rapport rendu public en mars par le Sentencing Project. La probabilité de détention, qui a augmenté de 9 % entre 2010 et 2019, est devenue encore plus fréquente pour les enfants noirs, latinos et asiatiques/polynésiens, alors qu’elle est restée stable pour les enfants blancs et autochtones.

Les progrès sont lents en ce qui concerne la fin des peines de prison à vie sans libération conditionnelle pour les enfants. Selon la Campaign for the Fair Sentencing of Youth, 32 États n’ont aucun enfant qui purge une telle peine ou l’ont interdite pour les enfants.

Aux États-Unis, les systèmes de protection de l’enfance répondent trop souvent aux situations de pauvreté par des sanctions, en accusant les familles de négligence et en retirant les enfants à leurs parents au lieu de leur apporter un soutien pour les aider à rester unies, selon un rapport conjointement rendu public en novembre par Human Rights Watch et l’Union américaine pour les libertés civiles. Toutes les trois minutes, un enfant est retiré de son foyer et placé dans le système d’accueil. Les Noirs, les autochtones et les personnes vivant dans la pauvreté sont touchés de manière disproportionnée par cette situation.

Politique de lutte antidrogue

Les décès par surdose de drogue ont continué à augmenter selon les dernières données disponibles, avec plus de 107 000 décès signalés aux États-Unis de décembre 2020 à décembre 2021, soit environ une hausse de 15 % par rapport à l’année précédente. Les décès par surdose ont augmenté de manière significative parmi les populations noires et autochtones, de 44 et 39%, respectivement.

L’administration Biden a investi dans des approches de réduction des risques qui offrent aux toxicomanes des soins axés sur la santé et un accès à un traitement volontaire, dans le cadre de sa stratégie nationale de lutte contre la drogue lancée en 2022, la toute première initiée par une administration américaine jusqu’à présent. Toutefois, ces investissements étaient faibles par rapport à d’autres et l’administration et les États continuent de s’appuyer dans une large mesure sur la criminalisation des toxicomanes pour résoudre les problèmes liés à la consommation problématique de stupéfiants, même s’il est prouvé que les stratégies de réduction des risques sont plus efficaces.

En octobre, Joe Biden a annoncé qu’il gracierait des milliers de détenus condamnés pour simple possession de marijuana dans le système fédéral et ordonnerait une révision du traitement de la marijuana dans le droit fédéral. Ce pardon excluait les non-citoyens, même si les condamnations pour marijuana déclenchent souvent l’expulsion, causant un préjudice dévastateur à de nombreuses personnes ayant des liens étroits avec les États-Unis.

Droits des non-citoyens

L’administration Biden a continué à expulser arbitrairement des milliers de personnes entrant aux États-Unis par la frontière sud, sans respecter leur droit de demander l’asile, dans le cadre d’un recours abusif au Titre 42. Depuis l’introduction de cette politique en mars 2020, les personnes expulsées comprennent des milliers d’enfants, dont au moins 7 500 âgés de moins de quatre ans. Des Haïtiens, des Africains, des Guatémaltèques, des Salvadoriens et des ressortissants de nombreux autres pays et régions ont été expulsés. Le gouvernement américain avait prévu de mettre fin à cette politique en mai, mais un juge fédéral l’en a empêché.

En octobre, l’administration a décidé d’appliquer le Titre 42 aux Vénézuéliens. Elle a également continué à forcer des non-Mexicains à patienter leur audiences de demande d’asile dans des villes mexicaines dangereuses, dans le cadre de ses protocoles de protection des migrants foncièrement problématiques, communément appelés « Rester au Mexique », y compris les demandeurs d’asile particulièrement exposés à des préjudices potentiels qui ont droit à des exceptions, comme les personnes LGBT, ainsi que les personnes atteintes de handicap, porteuses du VIH ou touchées par d’autres problèmes de santé chroniques. Après un arrêt de la Cour suprême du 30 juin, l’administration Biden a finalement mis fin au programme « Rester au Mexique », mais elle a recouru à des procédures qui ont violé le droit à une procédure régulière de certains demandeurs d’asile. 

L’administration a fermé certains centres de rétention et mis fin à certaines politiques de « tolérance zéro » mises en place par l’ancien président Donald Trump ; cependant, en septembre, environ 25 000 non-citoyens étaient encore détenus. L’administration a continué d’accroître son utilisation des dispositifs de surveillance électronique et d’autres méthodes de surveillance des immigrants alors qu’elle a remis en liberté plus de 300 000 non-citoyens de centre de rétention. Human Rights Watch a conclu que de nombreuses méthodes de surveillance électronique utilisées par le gouvernement américain sont abusives et inutiles, demandant l’interdiction des bracelets électroniques et de tout dispositif de localisation continue.

Des représentants des États du Texas, de l’Arizona et de la Floride ont fait transporter en bus et en avion des migrants de la frontière sud-ouest vers des villes d’États éloignés, sans tenir compte de l’endroit où se trouvent probablement leurs proches ou les audiences des tribunaux. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a continué de prendre pour cible les migrants présumés pour les faire arrêter et incarcérer dans le cadre de l’opération Lone Star, une politique frontalière discriminatoire et abusive d’un montant de quatre milliards de dollars.

Le ministère de la Sécurité intérieure a annoncé la désignation ou la prolongation du statut de protection temporaire pour l’Afghanistan, le Cameroun, l’Éthiopie, le Myanmar, le Soudan du Sud, le Soudan, la Syrie, l’Ukraine et le Venezuela, protégeant ainsi de l’expulsion pendant une période déterminée les ressortissants de ces pays se trouvant aux États-Unis. En octobre, les autorités américaines n’avaient toujours pas remédié aux abus documentés par Human Rights Watch en février à l’encontre de dizaines de demandeurs d’asile camerounais.

Santé et droits humains

En 2022, plus de 230 000 personnes sont mortes du Covid-19 aux États-Unis. En septembre, le président Biden a déclaré que la pandémie de Covid-19 était « terminée », bien que près de 3 000 personnes soient mortes du virus cette semaine-là. Les déclarations de Biden reflètent l’incohérence permanente de la réponse des États-Unis à la pandémie. Tout au long de l’année 2022, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont modifié les paramètres de d’alerte contre le coronavirus tout en réduisant les protections, adressant un signal inquiétant selon lequel une autorité sanitaire fédérale ne priorise pas la protection des groupes marginalisés contre la maladie et la mort.

La flambée des prix et l’insuffisance de l’assurance maladie ont créé une crise de la médecine, devenue inabordable aux États-Unis, qui sape le droit à la santé, livre les gens à la détresse financière et à l’endettement, et touche de manière disproportionnée les personnes socialement et économiquement marginalisées. Malgré ses insuffisances, l’adoption par le gouvernement américain de la loi sur la réduction de l’inflation fera progresser le droit à la santé de millions de personnes en réduisant le coût des médicaments pour les personnes âgées de plus de 65 ans, et rendra les assurances santé privées plus abordables pour les personnes à faibles et moyens revenus.

Droits de vote

Les institutions démocratiques et les administrateurs électoraux ont dû faire face à des accusations infondées de fraude électorale. Plusieurs États ont adopté des lois visant à limiter le nombre de personnes autorisées à voter et le nombre de votes compatibilisés, ouvrant la voie à l’ingérence d’acteurs partisans dans les processus électoraux et à de possibles poursuites pénales contre les fonctionnaires chargés d’en surveiller l’intégrité. Ces restrictions du droit de vote ont un impact disproportionné sur les personnes noires, autochtones et latino-américaines.

En décembre, la Cour suprême des États-Unis a entendu les arguments dans l’affaire Moore v. Harper, qui menaçait de mettre fin aux voies de recours pour les violations des droits de vote liées au découpage des circonscriptions électorales. À l’inverse, plusieurs États ont renforcé la protection des électeurs, notamment par des initiatives visant à accroître le vote par correspondance, à protéger le personnel électoral et à faciliter l’inscription des votants.

Peu après le jour du scrutin, la mission d’observation internationale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a indiqué que les élections du 8 novembre « ont été compétitives et conduites de manière professionnelle », notant toutefois que « les efforts visant à saper la confiance des électeurs dans le processus électoral en remettant en cause sans fondement son intégrité peuvent entraîner des problèmes systémiques ».

Politique climatique et ses impacts

Les États-Unis sont actuellement le deuxième plus important émetteur de gaz à effet de serre au monde et le pays qui a le plus contribué à la crise climatique.

En août, a été adoptée la loi sur la réduction de l’inflation, le texte législatif le plus ambitieux de l’histoire américaine pour lutter contre la crise climatique. Cette loi met le pays sur la bonne voie pour respecter son engagement à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, mais reste insuffisant pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement de la planète à 1,5 ° C au-dessus des seuils préindustriels. En outre, cette loi apporte un soutien considérable  à l’industrie des combustibles fossiles, mettant davantage en danger les personnes qui se trouvent en première ligne de la production de combustibles fossiles et celles qui sont déjà touchées par le changement climatique.

En juin, la Cour suprême des États-Unis a limité la capacité de l’Agence de protection de l’environnement à restreindre les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques. 

Aux États-Unis, les vagues de chaleur, les ouragans, les incendies de forêt et autres phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique ont eu un impact disproportionné sur les personnes à faibles revenus ainsi que sur les Noirs, les autochtones et les autres personnes de couleur, exacerbant ainsi les inégalités structurelles existantes. Les autorités n’ont pas suffisamment protégé les populations à risque – notamment les femmes enceintes, les personnes handicapées et les personnes âgées – contre les conséquences prévisibles.

Droits des femmes et des filles

En juin, la Cour suprême, dans l’affaire Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization, a annulé la garantie constitutionnelle d’accès à l’avortement qui existait depuis 50 ans. Plus de la moitié des États américains sont sur le point d’interdire l’avortement et, au moment de la rédaction du présent rapport, 18 États avaient déjà criminalisé ou restreint l’avortement.

À la suite de cet arrêt, le président Biden a publié deux décrets visant à garantir l’accès aux services de santé génésique. Il a également créé un groupe de travail interagences sur l’accès aux soins de santé reproductive afin de coordonner les efforts du gouvernement fédéral pour protéger l’accès aux droits reproductifs.

Dans ses observations finales, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) s’est inquiété de l’impact du racisme systémique, ainsi que de facteurs croisés tels que le sexe et la race, sur la capacité des femmes et des filles à accéder à des services complets de santé sexuelle et reproductive en l’absence de discrimination. Le manque d’accès à l’assurance maladie et aux soins a contribué à des taux de mortalité maternelle et de cancer du col de l’utérus plus élevés que dans des pays comparables, les femmes noires mourant plus souvent que les autres.

Dans la majorité des États américains, des lois néfastes obligent les jeunes femmes de moins de 18 ans à faire appel à un parent dans le cadre de leur décision d’avorter ou à se rendre au tribunal pour obtenir une dérogation judiciaire.

Droits des personnes handicapées et des personnes âgées

En septembre, 157 898 des 1 045 904 décès dus au Covid-19 ont été enregistrés dans des maisons de retraite, où à peine un peu plus de la moitié des résidents étaient à jour de leurs vaccins. En mars, dans son premier discours sur l’état de l’Union, le président Biden s’est engagé à réduire le recours à la contention chimique – l’utilisation abusive de médicaments pour contrôler le comportement – dans les EHPAD, à remédier aux pénuries de personnels et à l’insuffisance de la formation, à améliorer les services qui ne respectaient les normes et à renforcer la responsabilité. En août, les Centers for Medicare and Medicaid Services ont continué à autoriser ces établissements à employer du personnel non certifié.

En septembre, malgré l’opposition d’organisations de défense des personnes handicapées et de la justice raciale, ou dirigées par des pairs et d’autres groupes, dont Human Rights Watch, la Californie a adopté une mesure permettant aux proches, à la police, et aux travailleurs sociaux, entre autres, de renvoyer involontairement des personnes devant la juridiction d’un système nouvellement créé et appelé à tort « CARE Court ». Ce renvoi involontaire peut aboutir à une ordonnance d’un juge exerçant un pouvoir sur des domaines fondamentaux de la vie d’une personne, notamment l’accès aux médicaments, au logement et à d’autres services et aides, en violation du droit au consentement éclairé, à la santé et à la capacité juridique.

Orientation sexuelle et identité de genre

Les législateurs des États américains ont présenté plus de 150 projets de loi visant les personnes transgenres, en particulier les enfants, menaçant leurs droits et leur santé. L’Indiana, le Dakota du Sud et huit autres États ont adopté des lois interdisant aux enfants transgenres de pratiquer des sports conformes à leur identité de genre. L’Alabama et l’Oklahoma ont adopté des lois leur interdisant d’utiliser les toilettes correspondant à leur identité de genre. En 2022, 20 États ont introduit des projets de loi « Don’t Say Gay or Trans », qui limitent les discussions sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre dans les écoles ; l’Alabama et la Floride les ont adoptées.

Des responsables du Texas ont tenté de criminaliser les soins d’affirmation du genre. Alors que les ordonnances dans cet État ont été bloquées par un juge, l’Arizona et l’Alabama ont adopté des lois interdisant la dispense de ces soins pour les jeunes personnes transgenres. Neuf États continuent à exclure explicitement les soins d’affirmation du genre de la couverture Medicaid.

Les personnes transgenres et les prestataires de soins de santé qui fournissent des soins tenant compte de l’identité sexuelle continuent d’être confrontés à des niveaux élevés de violence et de harcèlement ; en 2022, une tendance croissante à la rhétorique anti-LGBT en ligne a entraîné de graves conséquences dans la vie réelle.

La hausse de la législation et du sentiment anti-LGBT est particulièrement préoccupante depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade, qui met en danger les droits parentaux des personnes LGBT, le mariage homosexuel et les comportements homosexuels consensuels. En réponse, la Chambre des représentants a adopté la loi sur le respect du mariage, qui ferait obligation au gouvernement fédéral et aux États de reconnaître les mariages homosexuels légalement célébrés. Au moment de la rédaction de ce chapitre, le projet de loi n’avait pas encore été mis aux voix au Sénat.

Politique étrangère

Les États-Unis ont répondu à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février en imposant des sanctions sans précédent aux autorités russes, ainsi qu’à d’autres personnes et entités russes, et en envoyant à Kiev des équipements militaires d’un montant de plus de 18 milliards de dollars. Les faits relatifs à l’utilisation de ces armes et par qui font cruellement défaut.

En mars, les États-Unis ont lancé une initiative européenne de résilience démocratique d’un montant de 320 millions de dollars visant, en partie, à défendre les droits humains des populations en Ukraine et dans les États voisins. En avril, les États-Unis ont pris la tête des efforts visant à suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations Unies. Le conflit ukrainien a suscité un regain d’attention pour les mécanismes de justice, le Congrès s’intéressant à la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) et à la création d’une juridiction aux États-Unis pour les crimes de guerre commis à l’étranger, quelle que soit la nationalité des auteurs présumés ou des victimes.

En janvier, les États-Unis ont débuté leur mandat de trois ans au sein du CDH. En septembre, Washington et ses alliés ont proposé d’y organiser un débat sur un rapport du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme sur les crimes contre l’humanité présumés du gouvernement chinois visant les musulmans turcs du Xinjiang. En juin, l’entrée en vigueur de la loi américaine relative à la prévention du travail forcé chez les Ouïghours a établi une présomption réfragable selon laquelle les produits en provenance du Xinjiang sont issus du travail forcé et doivent être interdits. Les États-Unis se sont également engagés dans un boycott diplomatique des Jeux olympiques d’hiver de 2022 organisés par Pékin.

En mars, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a officiellement conclu que les abus commis par l’armée du Myanmar à l’encontre de l’ethnie musulmane rohingya constituaient un génocide. Blinken ne s’est pas prononcé sur les exactions commises dans la région éthiopienne du Tigré, malgré les appels lancés en ce sens par le leadership démocratique au Congrès. 

L’administration Biden a rendu publiques trois stratégies visant à remédier aux conditions qui conduisent souvent à des violations des droits : un nouvel effort de prévention des conflits et de stabilité ; une stratégie visant à « anticiper, prévenir et répondre » à la violence de masse ; et une stratégie de lutte contre la corruption qui aide la société civile à dénoncer la corruption.

Après leur retrait d’Afghanistan en 2021, les États-Unis ont lancé l’opération « Allies Welcome » pour réinstaller les Afghans, notamment ceux qui travaillaient pour le gouvernement américain. En septembre, ils ont recentré le programme sur certaines catégories d’Afghans à l’étranger qui n’ont pas de possibilités de visa. 

Après la prise du pouvoir par les talibans, les États-Unis ont révoqué les accréditations de la Banque centrale afghane, la coupant ainsi du système bancaire international, en invoquant l’illégitimité du régime en place et des violations continues des droits humains. En février, le président Biden a bloqué sept milliards de dollars des réserves de l’Afghanistan et, en septembre, transféré la moitié de ces fonds vers un nouveau fonds destiné à répondre aux inquiétudes croissantes concernant la famine. En juillet, les États-Unis ont tué le chef d’Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, dans un attaque de drone à Kaboul.  

En août, Blinken a lancé une stratégie pour l’Afrique subsaharienne qui priorise le partenariat et les valeurs démocratiques. Lors de son séjour au Rwanda, Blinken a fait part de ses préoccupations relatives au soutien de Kigali au groupe armé M23 dans l’est de la République démocratique du Congo, à la répression politique et aux irrégularités qui ont entaché le procès et la détention du résident américain Paul Rusesabagina.

Malgré le nouveau pouvoir de sanctionner les personnes ou entités responsables de violations des droits dans le nord de l’Éthiopie, les États-Unis n’ont procédé à aucune désignation en 2022. En janvier, ils ont mis fin aux privilèges commerciaux de l’Éthiopie au titre de la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) en raison de violations flagrantes des droits humains commises par le gouvernement et d’autres parties belligérantes dans le nord du pays. Au Soudan, l’administration Biden a sanctionné une unité de police militarisée pour de graves violations des droits humains commises à l’encontre de manifestants depuis le coup d’État du 25 octobre 2021, mais n’a pris aucune autre mesure contre des individus ou les autorités soudanaises en relation avec ces abus.

Les États-Unis ont vendu des armes et fourni une assistance en matière de sécurité à des pays dont le bilan en matière de droits humains est médiocre, notamment l’Égypte, Israël et l’Arabie saoudite. L’Égypte reçoit 1,3 milliard de dollars par an, bien que le président Biden ait retenu 130 millions de dollars sur les 300 millions possibles que le Congrès avait conditionnés à des progrès en matière de respect des droits humains en 2021. Le sénateur Patrick Leahy a bloqué une aide de 75 millions de dollars supplémentaires pour l’Égypte, invoquant des « progrès insuffisants » en matière de traitement des prisonniers politiques. Les États-Unis vendent plus d’équipements militaires à l’Arabie saoudite qu’à tout autre pays et accordent aux Philippines le plus grand nombre de subventions et de prêts militaires en Asie, malgré les abus bien documentés de ces deux gouvernements. Le Nigeria reçoit une aide militaire américaine importante, malgré les abus auxquels se livrent ses forces de sécurité.

Les vastes sanctions américaines contre l’Iran sont maintenues, bien que les États-Unis aient délivré une licence générale qui permettra aux entreprises technologiques de fournir plus librement des services de communication aux Iraniens. Le département d’État américain a publiquement condamné la mort de Mahsa (Jina) Amini en septembre, qui avait déclenché des manifestations massives dans tout l’Iran, et imposé des sanctions à la police des mœurs iranienne et à d’autres organismes.

L’administration Biden a condamné le meurtre de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Aqla, abattue alors qu’elle couvrait un raid de l’armée israélienne dans la ville de Jénine, en Cisjordanie, le 11 mai. De multiples enquêtes indépendantes, menées notamment par le Washington Post, CNN et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ont conclu qu’un soldat israélien l’avait probablement tuée. En novembre, le FBI a ouvert une enquête sur sa mort. Israël a reconnu en septembre qu’Abu Aqla avait probablement été tuée par un soldat israélien, déclarant toutefois que ce meurtre était accidentel et que Tel-Aviv ne participerait pas à l’enquête américaine. 

Les États-Unis n’ont pas condamné les autorités israéliennes pour avoir perquisitionné et ordonné la fermeture des bureaux de sept importantes organisations de la société civile palestinienne en août, après avoir également omis de condamner l’interdiction de six de ces groupes par les autorités israéliennes l’année précédente.

En juin, les États-Unis ont annoncé une politique interdisant la production et l’acquisition de mines terrestres antipersonnel ainsi que leur utilisation et leur stockage en dehors de la péninsule coréenne. Cette mesure aligne largement la politique étrangère américaine sur le traité d’interdiction des mines de 1997, auquel les États-Unis n’ont jamais adhéré. Washington n’a pas revu sa politique en matière d’armes à sous-munitions, interdites par une convention en date de 2008.

En octobre, les États-Unis ont renforcé les cadres régissant les frappes antiterroristes, qui limiteraient désormais celles-ci aux individus identifiés et lorsqu’il est « quasi certain » qu’aucun civil n’est présent. Si elle revient sur celle, plus souple, du président Trump, cette politique n’en maintient pas moins les opérations problématiques en dehors des conflits armés reconnus. En janvier, à la suite d’une enquête du New York Times et de critiques formulées par d’autres sur les dommages causés aux civils par les opérations américaines, le Pentagone a lancé un plan visant à remédier aux insuffisances des enquêtes et de la réponse aux victimes, bien que des lacunes subsistent, notamment en ce qui concerne la responsabilité des victimes civiles.

Le président Biden s’est engagé à fermer la prison militaire américaine de Guantanamo Bay, mais 36 musulmans étrangers y sont toujours détenus, la plupart depuis plus de vingt ans, sans inculpation ni jugement. Les poursuites engagées à l’encontre de cinq détenus de Guantanamo accusés d’avoir participé aux attentats du 11 septembre 2001 ont été bloquées par des commissions militaires imparfaites. Les accusés étaient en pourparlers pour obtenir la commutation de leur peine de mort en prison à perpétuité, sous réserve qu’ils plaident coupable.