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Afghanistan : La répression accrue par les talibans sape les droits humains

La crise économique menace des millions de personnes

Des réfugiés afghans rentrent en Afghanistan depuis le Pakistan, à Torkham, Afghanistan, le 3 novembre 2023. © 2023 AP Photo/Ebrahim Noroozi

(Bangkok) – Les talibans ont durci et élargi la répression des droits humains, en particulier des femmes et des filles, en Afghanistan, comme le souligne Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2024, publié aujourd’hui. La crise économique de l’Afghanistan a également empiré, et plus de 28 millions de personnes, soit près des deux tiers de la population, ont besoin d’une aide humanitaire. La décision des talibans d’interdire aux femmes afghanes de travailler pour les Nations Unies ou des organisations humanitaires internationales a aggravé la crise.

« Les talibans ont répondu à une population afghane réclamant des droits et la justice par plus de répression, en ciblant particulièrement les femmes et les filles », a indiqué Fereshta Abbasi, chercheuse spécialiste de l’Afghanistan au sein de Human Rights Watch. « Un soutien coordonné de la part des gouvernements impliqués est nécessaire afin de faire pression sur les talibans pour mettre fin aux atteintes aux droits humains tout en répondant aux besoins humanitaires de la population afghane. »

Dans son Rapport mondial 2024, sa 34e édition qui compte 740 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays. Dans son essai introductif, la directrice exécutive Tirana Hassan affirme que 2023 a été une année lourde de conséquences, non seulement à cause de la répression des droits humains et des atrocités liées aux conflits armés, mais aussi en raison de l’indignation sélective et de la diplomatie transactionnelle. Ces pratiques gouvernementales, indique-t-elle, ont profondément porté atteinte aux droits de tous ceux restés en marge de « deals » inavoués. Une voie différente et porteuse d’espoir est possible, affirme-t-elle cependant, appelant les gouvernements à rester cohérents en respectant leurs obligations en matière de droits humains. 

L’interdiction faite aux femmes de travailler pour des organisations internationales et d’exercer certaines professions a privé de nombreuses Afghanes de leur moyen de subsistance. L’Afghanistan est resté le seul pays où les femmes et les filles n’ont pas le droit d’accéder aux enseignements secondaire et supérieur. Les talibans ont également interdit aux femmes l’accès à de nombreux espaces publics, notamment à des parcs, et les règles obligeant les femmes à être accompagnées d’un tuteur masculin lors de leurs déplacements ont fortement réduit la liberté de circulation des femmes.

En 2023, les autorités talibanes ont multiplié les actions visant à faire respecter ces politiques répressives. Les forces de sécurité talibanes ont fait un usage excessif de la force pour disperser des manifestations de femmes, et ont procédé à l’arrestation arbitraire de plusieurs manifestantes avant de les garder en détention, au secret, pendant plusieurs semaines. Dans certains cas, ces détentions pouvaient s’apparenter à des disparitions forcées. Des femmes arrêtées et des membres de leurs familles en détention ont subi des tortures.

Les forces de sécurité talibanes ont perpétré des meurtres par représailles et ont fait disparaître des responsables de l’ancien gouvernement et des membres des anciennes forces de sécurité. Des membres de la Direction générale du renseignement, le service de renseignements taliban, et d’autres forces de sécurité talibanes ont torturé des personnes en détention, notamment en leur faisant subir des simulacres de noyade. La répression de la société civile passe également par une censure importante des médias afghans et l’arrestation de journalistes et de militants, en particulier de femmes. Matiullah Wesa, défenseur de l’éducation, est resté derrière les barreaux pendant sept mois sans aucun motif.

Le nombre d’Afghans et d’Afghanes ayant besoin d’une aide humanitaire a atteint un niveau sans précédent en 2023, incluant plus de trois millions d’enfants en situation de malnutrition aiguë. La perte de plusieurs millions d’emplois après la prise de pouvoir par les talibans en 2021, le retrait de la majorité de l’aide extérieure, les répercussions des sanctions étrangères et une sécheresse de plusieurs années sont les principales raisons de l’augmentation de la pauvreté.

Du fait des interdictions faites aux femmes en matière d’emploi, il est plus difficile pour les organisations humanitaires d’évaluer et de suivre les besoins humanitaires des femmes et des filles, ce qui contribue à des taux de malnutrition plus élevés au sein des foyers dirigés par une femme.

Le groupe État islamique de la province de Khorasan, la branche afghane du groupe État islamique, a continué de perpétrer des attaques ciblant la population, en particulier dans les communautés hazara et chiite.

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