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Soudan : Des armes explosives tuent et blessent des civils

L'accès limité à l'eau, à l'électricité et aux soins médicaux aggrave la crise humanitaire

Un homme regarde les décombres d’une maison démolie par une frappe lors de combats à Khartoum, au Soudan, le 25 avril 2023. © 2023 AP Photo/Marwan Ali

(Nairobi, le 4 mai 2023) – Les deux forces armées qui s’affrontent au Soudan ont utilisé à plusieurs reprises dans des zones urbaines des armes explosives qui ont causé la perte de vies civiles et de biens, endommagé des infrastructures essentielles et laissé des millions de personnes sans accès aux produits de première nécessité, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait adopter d’urgence des mesures pour empêcher les abus, et agir pour demander des comptes aux responsables.

Le 15 avril 2023, des combats ont éclaté dans la capitale, Khartoum, entre les Forces armées soudanaises (Sudan Armed Forces, SAF) et les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces, RSF), une force autonome. L'armée soudanaise et les RSF ont utilisé des armes explosives à large rayon d'impact dans des zones peuplées - y compris des munitions tirees par des chars, des tirs d’artillerie, des roquettes et des munitions larguées par des avions dans le cas des SAF - qui entraînent fréquemment des attaques indiscriminées en violation des lois de la guerre. De nombreux civils à Khartoum et ailleurs ont été contraints de rester chez eux, subissant des pénuries d'eau et d'électricité dans une chaleur étouffante et n'ayant pas accès aux soins médicaux. De nombreux hôpitaux et autres établissements médicaux ont dû fermer.

« Les deux forces armées qui s’affrontent au Soudan font preuve d'un mépris total pour la vie des civils en utilisant des armes imprécises dans les zones urbaines peuplées », a déclaré Mohamed Osman, chercheur sur le Soudan à Human Rights Watch. « Des roquettes, des bombes et d'autres types d'armes explosives tuent et blessent des civils et endommagent des infrastructures essentielles pour l'accès à l'eau et aux soins médicaux. »

Le déclenchement des hostilités a fait suite à des semaines de tensions croissantes entre le commandant de l'armée, le général Abdelfattah al-Burhan, et le chef des RSF, le général Mohamed Hamdan Dagalo (également connu sous le nom de « Hemedti ») ; les deux hommes avaient conjointement mené un coup d'État contre le gouvernement de transition soudanais en octobre 2021. Les combats qui ont éclaté à Khartoum se sont rapidement propagés vers deux villes non loin de la capitale, Omdurman et Bahri (une zone métropolitaine de 6,5 millions d'habitants), ainsi qu'à des villes de province dont El Fasher, Nyala et El Geneina (au Darfour) et El Obeid (au Nord-Kordofan).

Entre le 15 et le 30 avril, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec 23 personnes, dont des résidents, des professionnels de la santé et des travailleurs humanitaires à Khartoum, Nyala et El Obeid. Human Rights Watch a également vérifié 10 vidéos montrant l'armée soudanaise et les RSF utilisant des armes explosives dans des zones peuplées dans l’agglomération de Khartoum. Human Rights Watch a également analysé des images satellite, ainsi que quatre vidéos et huit images montrant des attaques apparentes contre des établissements de santé et une usine de traitement de l'eau.

Une image satellite du 19 avril 2023 montre un bâtiment incendié dans l'enceinte de l'usine de traitement d'eau de Bahri, au Soudan. Une trace d’impact de munition est visible sur le toit de l’immeuble touché. Le feu s'est propagé vers l’ouest et le sud de l’immeuble, comme le montrent des traces de brûlures visibles sur l’image satellite. © 2023 Planet Labs PBC (image satellite)

Les combats au Soudan ont fait des centaines de victimes civiles. L'ONU a rapporté le 2 mai qu'au moins 528 personnes avaient été tuées et 4 599 blessées. Des médecins ont toutefois indiqué à Human Rights Watch que les chiffres fournis par les hôpitaux pour les décès ne concernent que les personnes décédées dans les hôpitaux ou dont les corps y ont être amenés ; le nombre réel de décès est dont probablement beaucoup plus élevé. Aucune des parties au conflit ne semble avoir pris de mesures requises pour minimiser les dommages causés aux civils, en vertu du droit international humanitaire, qu'il s'agisse de la manière de mener leurs attaques ou de déployer leurs forces.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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