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Cameroun : Neuf civils tués dans une attaque perpétrée par l’armée

Une enquête indépendante doit être ouverte sur les meurtres de villageois à Mautu, dans la région du Sud-Ouest

Une capture d’écran d’une vidéo filmée le 19 janvier 2021 et montrant le village déserté de Mautu, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, 9 jours après que des soldats y ont mené une opération tuant 9 civils. Après l’attaque, les villageois ont fui vers la brousse et les villages environnants, craignant un regain de violence. © 2021 Privé

(Nairobi) – Des soldats de l’armée camerounaise ont tué au moins neuf civils dans la région anglophone du Sud-Ouest le 10 janvier 2021, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Parmi les victimes figuraient une femme et un enfant, et quatre autres personnes ont été blessées. Les soldats en cause ont également pillé des dizaines de foyers et menacé les habitants.

Le porte-parole de l’armée camerounaise a admis que des soldats du 21e Bataillon d’infanterie motorisée (BIM) avaient conduit une opération dans le village, tout en niant que les troupes aient tué et blessé des civils.

« Tuer des civils et piller leurs maisons au nom de la sécurité sont de graves violations des droits humains qui alimentent les cycles croissants de violence et d’abus dans les régions anglophones du Cameroun », a déclaré Ida Sawyer, directrice adjointe de la division Afrique chez Human Rights Watch. « Les autorités camerounaises devraient contrôler les unités responsables d’abus et, avec l’aide de l’Union africaine et de l’ONU, ouvrir une enquête crédible et impartiale sur les meurtres commis à Mautu et poursuivre en justice ses auteurs.»

Human Rights Watch s’est entretenu par téléphone avec 17 témoins, dont cinq proches des victimes, au sujet de l’attaque. La violence entre forces gouvernementales et groupes armés séparatistes secoue les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun depuis fin 2016. Des groupes séparatistes opèrent dans la zone située autour de Mautu, où ils viennent parfois s’approvisionner en vivres et récupérer de l’eau, selon des habitants.

Médecins sans frontières (MSF) a soigné quatre personnes blessées par balle, dont un enfant. Human Rights Watch a obtenu les listes des neuf personnes tuées auprès de quatre sources distinctes, et s’est entretenu avec des proches et des résidents qui ont assisté aux enterrements ou transporté les corps des victimes à la morgue de l’hôpital de Muyaka. Les détails fournis par ces individus correspondent aux informations que Human Rights Watch a obtenues indépendamment d’autres témoins.

Human Rights Watch a transmis ses conclusions au Capitaine de frégate Cyrille Serge Atonfack Guemo, le porte-parole de l’armée camerounaise, dans un courriel daté du 22 janvier et dans lequel des questions spécifiques lui ont été posées. Atonfack Guemo a répondu le 26 janvier, mais sans aborder directement les questions posées par Human Rights Watch. Il a rejeté les preuves d’homicides illégaux en alléguant qu’elles étaient fabriquées, sans toutefois corroborer cette affirmation.

Des témoins ont déclaré qu’une cinquantaine de soldats, dont des membres du BIM, sont entrés à pied à Mautu le 10 janvier vers 14 heures et ont commencé à tirer sans discernement alors que les gens prenaient la fuite. Les témoins ont déclaré que les soldats ont tué neuf personnes, dont une femme âgée de 50 ans et une fille de six ans, et qu’ils se sont rendus d’un domicile à un autre à la recherche de combattants séparatistes et d’armes, menaçant les habitants et pillant leurs biens. Certains de ces témoignages ont également été confirmés par des médias internationaux et des organisations camerounaises des droits humains.

Une femme âgée de 30 ans, qui a été témoin du meurtre de son voisin âgé de 28 ans, a déclaré : « J’ai vu comment les soldats sont rentrés chez cet homme, qui vivait à côté de moi. Ils l’ont conduit à l’extérieur, l’ont frappé à coups de pied, passé à tabac à l’aide de leurs armes et à mains nues, puis lui ont tiré dessus à plusieurs reprises. C’était l’expérience la plus effrayante de ma vie. »

Dans un communiqué publié le 11 janvier, Cyrille Serge Atonfack Guemo, le porte-parole de l’armée camerounaise, a affirmé que des « groupes terroristes » avaient attaqué des soldats du 21e BIM alors qu’ils menaient un « raid préventif » à Mautu le 10 janvier, et que les soldats ont riposté en tuant plusieurs « terroristes » et en saisissant leurs armes. Mais d’après des témoins et des habitants, il n’y a pas eu de confrontation entre combattants séparatistes et soldats, puisqu’au moment de l’attaque, les premiers ne se trouvaient pas à Mautu. Les soldats ont délibérément tué des civils, affirment-ils.

« L’armée est juste venue pour nous tuer », a assuré un habitant de Mautu âgé de 32 ans. « Il n’y avait pas d’Ambas [séparatistes] au moment de l’attaque. Les soldats sont arrivés et ont tiré sur les villageois qui s’enfuyaient. Des combattants séparatistes viennent parfois à Mautu pour s’approvisionner, mais ils ne vivent pas ici et nous ne les abritons pas. Nous avons également peur d’eux. »

Les villageois ont affirmé que l’attaque a été perpétrée en représailles contre la population que l’armée accuse d’abriter et de soutenir les combattants séparatistes. Cinq témoins ont déclaré que, lors de l’attaque, les soldats se sont adressés à des dizaines d’habitants, dont des femmes, qui avaient été arrêtés au centre du village, et les avaient menacés. « Ils nous ont prévenus qu’ils reviendraient et tueraient plus de gens encore si nous ne leur montrions pas où se trouvaient les Ambas [séparatistes] », a déclaré un homme âgé de 60 ans.

Des témoins ont rapporté que le village est maintenant presque complètement vide car les gens ont fui vers la brousse ou les villes et villages voisins, craignant de nouvelles attaques par les militaires. « Il n’y a personne à proximité », a déclaré un témoin âgé de 36 ans resté à Mautu. « Seuls quelques-uns d’entre nous sont restés ici. Les gens craignent le retour de l’armée. »

Dans son communiqué du 11 janvier, le porte-parole de l’armée a affirmé que des « leaders terroristes » avaient fabriqué de toutes pièces « un fatras d’images macabres » pour imputer à l’armée les meurtres de Mautu. Cependant, Human Rights Watch a obtenu six vidéos et trois photographies montrant les conséquences de l’attaque et s’est entretenue avec l’auteur des vidéos et des photographies. « Les soldats nous ont attaqués et ont tiré sans discernement sur des gens », a-t-il dit. « J’ai fui et me suis caché dans la brousse voisine. Lorsque les soldats sont repartis, je suis sorti et j’ai filmé ces vidéos. Ce sont des images réelles, montrant de vraies personnes massacrées par ceux qui prétendent nous protéger. »

Human Rights Watch a pu faire correspondre les victimes filmées avec les descriptions des victimes dont il a été établi qu’elles avaient été tuées. L’organisation a également identifié des blessures concordantes avec celles décrites par des témoins et n’a trouvé aucune preuve de l’existence de ces éléments visuels en ligne avant la date de l’attaque. Les vidéos et photographies montrent les corps de sept hommes, d’une femme et d’un enfant ainsi que de deux femmes et d’un enfant blessés. Les vidéos ont toutes été filmées en plein jour, et des flaques de sang sont visibles dans certaines d’entre elles, ce qui, avec l’absence d’insectes autour des corps, a permis à Human Rights Watch de conclure qu’elles ont bien été tournées dans les heures suivant l’attaque.

Ce n’est pas la première fois que les forces de sécurité attaquent Mautu. Selon des témoins et des habitants, des soldats y avaient mené plusieurs opérations en 2020, ainsi que le 1er janvier 2021 : ils avaient encerclé le village, fouillé et pillé les maisons, harcelé et brutalisé les gens. « Le 1er janvier, à 6 heures du matin, de nombreux soldats ont envahi notre village », a témoigné un habitant. « Ils sont entrés par effraction chez moi et m’ont regroupé avec d’autres hommes au centre du village. Ils ont dit qu’ils nous emmèneraient tous à leur base militaire à moins que nous ne leur montrions où se trouvaient les Ambas [séparatistes]. Ils ont roué de coups certains d’entre nous. Ils m’ont giflé à quatre reprises. »

Les meurtres du 10 janvier ont provoqué un tollé dans l’opinion publique et été largement condamnés, tant au Cameroun qu’à l’extérieur.

Deux importantes organisations camerounaises de défense des droits humains, le Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique et le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) ont dénoncé l’attaque, demandant l’ouverture d’une enquête indépendante. Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale, qui est aussi le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), s’est dit préoccupé par le meurtre de civils et a également appelé à une enquête indépendante.

Le 15 janvier, le Secrétaire général de l’ONU a exhorté les autorités camerounaises à traduire en justice les responsables, réitérant son appel à toutes les parties pour que cessent les hostilités et qu’un dialogue politique se noue en vue de mettre fin à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’ambassadeur de France au Cameroun a condamné les meurtres et a appelé à « faire toute la lumière sur ce crime injustifiable ». Les Hauts-Commissaires du Canada et du Royaume-Uni au Cameroun, ainsi que l’ambassade des États-Unis dans ce pays, ont également exprimé leur préoccupation et demandé que les responsabilités soient établies.

Ce n’est pas la première fois que les autorités camerounaises nient la responsabilité des troupes de l’armée dans la mort de civils dans les régions anglophones, a constaté Human Rights Watch. En février 2020, les forces gouvernementales avaient tué 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte, à Ngarbuh, dans la région du Nord-Ouest, lors de représailles contre la population, qu’elles accusaient de soutenir les séparatistes. Le gouvernement a d’abord nié les faits, avant de mettre sur pied une commission d’enquête qui a conduit à l’arrestation de deux soldats et d’un gendarme. Leur procès a débuté le 17 décembre dernier.

« Alors que l’armée camerounaise tente de vaincre les combattants séparatistes dans les régions anglophones, elle prend pour cible les populations civiles, contre lesquelles elle commet des abus, allant jusqu’à les tuer », a conclu Ida Sawyer. « Les autorités devraient adresser un message ferme, selon lequel de tels crimes ne seront plus tolérés, en enquêtant et en poursuivant en justice les principaux responsables du massacre de Mautu et en indemnisant victimes et familles. »

Informations complémentaires, témoignages

La violence dans les régions anglophones du Cameroun

Depuis quatre ans, les régions anglophones du Cameroun ont sombré dans un cycle meurtrier de violences qui a fait plus de 3 500 victimes et provoqué le déplacement de leurs foyers de plus de 700 000 personnes.

La violence s’est intensifiée en décembre 2020, au moment de la tenue au Cameroun des premières élections régionales. Les scrutins ont été entachés de boycotts et de tentatives d’intimider l’opposition, de menaces et d’attaques violentes perpétrées par des combattants séparatistes contre des électeurs, notamment le meurtre de l’un d’entre eux dans la région du Nord-Ouest.

En janvier, les médias ont fait état de nouvelles attaques de combattants séparatistes contre les forces armées et les autorités gouvernementales, en particulier une embuscade tendue le 6 janvier lors du passage du convoi de l’officier supérieur de la division Momo, dans la région du Nord-Ouest : un engin explosif improvisé enfoui sur la route a tué cinq soldats et un responsable gouvernemental.

La crise a été marquée par des violations généralisées des droits humains commises par les forces gouvernementales et les séparatistes armés. Les premières ont mené des opérations de contre-insurrection entachées d’abus meurtriers visant des civils et de destructions de centaines de foyers. Des combattants séparatistes présumés ont également fait l’objet d’arrestations arbitraires et été torturés.

Des séparatistes armés ont eux aussi tué des civils et enlevé des centaines d’autres. Depuis 2017, les dirigeants séparatistes ont imposé un boycott de l’éducation dans les deux régions anglophones du Cameroun, demandant à leurs combattants de fermer les écoles, privant ainsi des centaines de milliers d’enfants de leur droit fondamental à étudier. Ils se sont servi de l’éducation comme d’une arme de guerre, en faisant un moyen d’engranger des gains politiques.

Dans l’une des attaques les plus récentes et les plus horribles commises contre des établissements scolaires, le 24 octobre 2020, des hommes armés ont pris d’assaut une école à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, tuant sept enfants et en blessant 13 autres.

Meurtres à Mautu

Les recherches de Human Rights Watch indiquent que les forces gouvernementales ont délibérément tué des civils à Mautu. Des témoins et des habitants ont déclaré que les soldats sont entrés dans le village à pied le 10 janvier vers 14 heures, avant de commencer à tirer sur les gens qui prenaient la fuite. Les militaires ont quitté le village vers 16h30, à bord d’au moins quatre véhicules, qui étaient arrivés avec d’autres soldats à bord après le début de l’attaque.

Une femme âgée de 23 ans qui a perdu son frère de 28 dans l’attaque a déclaré qu’elle s’était enfuie dans la forêt voisine alors que les soldats tiraient sans discernement sur des villageois effrayés :

J’étais allée chercher de l’eau dehors quand j’ai entendu une série de coups de feu. Les gens criaient : « L’armée arrive ! » Je les ai vus arriver et me suis immédiatement enfui vers la brousse aux abords du village, où je suis resté cachée quatre heures à attendre que les tirs cessent. Quand je suis retourné à Mautu, j’ai trouvé le corps de mon frère étendu sur le sol près de notre maison. Il était couvert de sang. Il avait été abattu à plusieurs reprises. J’ai vu des blessures sur son ventre et son bras. J’ai emmené son corps à la morgue de l’hôpital de Muyuka.

Un homme âgé de 36 ans a déclaré à Human Rights Watch qu’il avait échappé à la mort en se cachant dans une porcherie près de sa maison alors que des soldats tiraient sur son frère de 26 ans et sur un autre homme :

Les militaires sont arrivés et les tirs étaient effrénés. J’étais avec mon frère et mon locataire. Nous avons essayé de fuir et de nous mettre à l’abri. Mon frère a tenté de courir derrière la cuisine, mais les militaires l’ont repéré et lui ont tiré dessus. Mon locataire a été abattu en même temps. Je ne sais même pas comment et pourquoi je suis encore en vie. Je ne sais pas comment j’ai réussi à me cacher. J’ai rampé sur le sol jusqu’à l’endroit où nous gardons nos cochons. Je respirais fortement. Je craignais tellement pour ma vie. De là où j’étais, j’ai pu entendre les soldats dire en français : « Détruisez tout ! Détruisez la maison ! Tuez tout le monde ! » Ils m’avaient vu et me cherchaient: « Où est le troisième ? » J’avais si peur. Je me suis caché là comme un animal pendant plus d’une heure, impuissant. Puis, lorsque les coups de feu se sont arrêtés, je suis sorti et j’ai vu mon frère et mon locataire dans une mare de sang.

Une femme âgée de 32 ans qui a perdu sa mère de 50 et sa fille de six a déclaré qu’elle s’était enfuie dès les premiers coups de feu :

Je me suis précipitée dans la brousse avec beaucoup d’autres. Tout le monde courait pour sauver sa peau alors que les militaires nous tiraient dessus sans le moindre discernement. Dans ma fuite, j’ai été séparé de ma mère et de l’un de mes deux enfants. Je me suis réfugié dans la brousse. Lorsque les tirs ont cessé et que les militaires sont partis, sur le chemin du retour à Mautu, j’ai découvert les corps de ma mère et de ma petite fille. Ma mère avait trois blessures par balle : une à la tête, une au bras et une à la poitrine. Je n’ai remarqué aucune blessure par balle sur le corps de mon enfant. J’ai transporté leurs corps à la morgue de l’hôpital de Muyuka le soir même.

Pillages

Des témoins ont déclaré que les soldats étaient entrés par effraction dans des maisons de Mautu, où ils se sont livrés à des fouilles et à des pillages, expulsant leurs occupants.

Un agriculteur a déclaré que les soldats ont menacé de l’arrêter s’il ne leur donnait pas d’argent :

J’étais assis sur une chaise chez moi. J’ai entendu les premiers coups de feu. Deux soldats ont tapé à ma porte, j’ai ouvert. Ils ont fouillé partout dans la maison, chaque recoin. Ils recherchaient des Ambas [séparatistes] et des armes, ont-ils dit. Ils n’ont rien trouvé. Ils m’ont demandé de l’argent : « Si vous ne nous donnez pas d’argent, nous vous emmènerons à Buea », ont-ils menacé, laissant entendre qu’ils m’arrêteraient. J’ai dû leur donner 3 000 francs CFA [environ cinq dollars] ; c’est tout ce que j’avais.

Un homme de 46 ans qui s’est enfui dans la brousse alors que les soldats attaquaient Mautu a déclaré avoir découvert plus tard que sa maison avait été pillée et ses biens volés : « Ils ont pris de la nourriture, des boissons et de l’argent. Ils ont volé une bouteille de whisky, mon piment, mes chaussures et mon portefeuille, avec à l’intérieur 185 000 francs CFA [environ 342 dollars]. »

Un autre homme, un fermier âgé de 40 ans, a également déclaré que des soldats avaient retourné sa maison alors qu’il se cachait dans la brousse pendant l’attaque : « Ils ont brisé la porte et se sont emparés de mon téléphone et de 20 000 francs CFA [soit 37 dollars]. »

Établissement des responsabilités

Des témoins ont exprimé leur désespoir et leur frustration, reprochant aux soldats de ne pas faire de distinction entre gens ordinaires et combattants séparatistes.

Un homme âgé de 60 ans qui a perdu son fils dans l’attaque a déclaré :

Je suis bouleversé et triste. Je ne peux pas décrire la douleur que je ressens d’avoir perdu mon fils. Je l’ai enterré de mes propres mains cette nuit-là. Sa tête avait été pulvérisée par des balles. Je n’ai pas pu transporter son corps à la morgue. Ce n’est pas juste. Cela doit cesser et ceux qui commettent ces crimes être traduits en justice. Ils [les soldats] sont venus nous détruire. Ils ne nous protègent pas. Ils croient que tout le monde est un combattant amba [séparatiste]. Ils sont venus et n’ont posé aucune question ; ils ont juste commencé à tirer. Nous ne sommes que des agriculteurs ici ; nous ne coopérons pas avec les Ambas. Mon fils n’était pas un combattant.

Des témoins ont fait part de leur soif de justice et de leur souhait de voir les agresseurs tenus comptables de leurs actes, soulignant toutefois les défis pour établir les responsabilités au Cameroun.

« Déposer une plainte ou demander une autopsie? Cela me semble impossible. J’aimerais bien, mais j’ai trop peur des représailles de la part des militaires, et aussi, je ne saurais pas par où commencer », a confié un agriculteur dont le frère de 22 ans a été abattu par les militaires le 10 janvier à Mautu.

Au moins trois témoins ont déclaré que les exactions commises par les forces gouvernementales alimentaient le recrutement par des combattants séparatistes. « Je suis tellement bouleversé que j’ai décidé de rejoindre les Ambas », a déclaré un homme âgé de 40 ans. « J’irai dans la brousse rejoindre leurs rangs. Je ne mourrai pas comme un animal ! Je suis hors de moi! Nous le sommes tous. Les soldats sont venus tuer mon peuple. »

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