(New York, le 4 octobre 2010) - Six défenseurs infatigables et courageux des droits humains recevront en novembre le prestigieux Prix Alison Des Forges pour l'engagement exceptionnel en faveur des droits humains (Alison Des Forges Award for Extraordinary Activism), a annoncé Human Rights Watch aujourd'hui. Les six lauréats ont été confrontés à des menaces sérieuses de violence ou d'emprisonnement, mais ils continuent à s'exprimer et à œuvrer pour créer un monde dans lequel les personnes puissent vivre sans violence, ni discrimination et oppression.
Le nom du prix rend un hommage posthume au Dr. Alison Des Forges, qui a travaillé en tant que conseillère senior auprès de la division Afrique de Human Rights Watch pendant près de vingt ans. Elle a péri dans un tragique accident d'avion survenu à New York le 12 février 2009. Alison Des Forges était l'une des plus grandes spécialistes mondiales du Rwanda, notamment du génocide de 1994 et de ses séquelles. Le prix décerné annuellement par Human Rights Watch tient à rendre hommage à son engagement exceptionnel en faveur des droits humains. Il salue le courage de personnes qui exposent leur vie pour protéger la dignité et les droits d'autrui.
Cette année, les six lauréats du Prix Alison Des Forges décerné par Human Rights Watch sont :
- Hossam Bahgat, directeur exécutif de l'organisation Initiative égyptienne pour les droits de l'individu (Egyptian Initiative for Personal Rights, EIPR) ;
- Elena Milashina, journaliste d'investigation pour Novaya Gazeta, principal journal indépendant de Russie;
- Yoseph Mulugeta, ancien secrétaire général du Conseil éthiopien des droits de l'homme;
- Steave Nemande, médecin et président d'Alternatives-Cameroun, une organisation qui lutte pour la dépénalisation de l'homosexualité en Afrique ;
- Sussan Tahmasebi, militante iranienne des droits civils et des droits des femmes, et cofondatrice de la campagne «Un million de signatures» (One Million Signatures Campaign) ; et
- Liu Xiaobo, ancien professeur d'université et activiste de la place Tiananmen, actuellement en prison pour son engagement envers la Charte 2008, une pétition pro-démocratique.
« Nous sommes inspirés par le courage et l'engagement de ces activistes extraordinaires », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Ils sont confrontés quotidiennement à la discrimination et au danger dans leur combat pour faire en sorte que leurs gouvernements respectent les droits humains pour tous. »
Les équipes de Human Rights Watch travaillent étroitement avec les défenseurs des droits humains dans le cadre des enquêtes menées par l'organisation dans quelque 90 pays dans le monde. Les lauréats seront honorés lors des dîners annuels de Human Rights Watch qui auront lieu en 2010 à Amsterdam, Chicago, Genève, Hambourg, Londres, Los Angeles, Munich, New York, Oslo, Paris, San Francisco, Santa Barbara, Toronto et Zurich.
Hossam Bahgat, Égypte
Fondateur et directeur de l'organisation Initiative égyptienne pour les droits de l'individu (Egyptian Initiative for Personal Rights, EIPR), Hossam Bahgat défend les droits civils et les libertés en Égypte. Il s'élève contre les violations par le gouvernement de la liberté religieuse et du droit à la vie privée. Hossam Bahgat a récemment gagné un procès contre le ministère de l'Intérieur au nom des baha'is égyptiens et il a joué un rôle de premier plan dans la dénonciation des violences sectaires contre les chrétiens coptes - deux minorités souvent victimes de discrimination. Human Rights Watch tient à rendre hommage à Hossam Bahgat pour sa défense des libertés individuelles de tous les Égyptiens.
Elena Milashina, Russie
Journaliste d'investigation au sein de la rédaction de Novaya Gazeta, le principal quotidien russe indépendant, Elena Milashina dévoile la vérité sur les violations des droits humains et la corruption généralisée au sein du gouvernement. Malgré les tentatives du gouvernement russe de réduire au silence ceux qui le critiquent et de dissimuler ses crimes, Elena continue de parler haut et fort, publiant des reportages sur les disparitions forcées, les détentions arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, et les cas de torture. Elle mène également sa propre enquête sur le meurtre éhonté d'une défenseure émérite tchétchène des droits humains, Natalia Estemirova, appelant à ce que les coupables, au plus haut niveau, rendent compte de leurs actes. Human Rights Watch tient à rendre hommage à Elena Milashina pour le courage dont elle fait preuve en dénonçant le bilan de la Russie en matière de droits humains.
Yoseph Mulugeta, Éthiopie
Yoseph Mulugeta est l'ancien secrétaire général du Conseil éthiopien des droits de l'homme (Ethiopian Human Rights Council, EHRCO), organisation de premier plan pour la défense des droits humains en Éthiopie, qui lutte actuellement pour survivre sous une nouvelle loi répressive interdisant le travail en faveur des droits humains aux organisations bénéficiaires de financements étrangers. Lorsque l'EHRCO a fait l'objet de menaces, Mulugeta a demandé l'asile politique aux États-Unis, où il continue à s'exprimer sur les réalités cachées derrière la façade démocratique du gouvernement éthiopien. Human Rights Watch tient à rendre hommage à Yoseph Mulugeta pour son engagement envers la société civile indépendante en Éthiopie, où la liberté d'expression a été balayée.
Steave Nemande, Cameroun
Steave Nemande, médecin et président de l'organisation de défense des droits humains Alternatives-Cameroun, dénonce les lois qui pénalisent la conduite homosexuelle. En Afrique, une majorité écrasante de pays considèrent encore les actes sexuels entre personnes du même sexe comme un délit, qui dans certains cas est passible de mort. Steave Nemande gère aussi un centre de soins pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) atteintes du VIH/SIDA. Human Rights Watch tient à rendre hommage à Steave Nemande, qui travaille sans relâche pour la promotion et la défense des droits humains des personnes LGBT en Afrique.
Sussan Tahmasebi, Iran
Sussan Tahmasebi, activiste depuis vingt ans, œuvre au renforcement de la société civile iranienne, en particulier sur les questions de genre et droits des femmes. Elle a animé des formations en leadership et consolidation de la paix, continue à faciliter la collaboration entre les sociétés civiles iranienne et internationales, et fait partie des membres fondateurs de la campagne « Un million de signatures », qui a remporté un prix. Cette campagne a pour objet de rassembler pour obtenir la modification des lois discriminantes à l'égard des femmes en Iran. Sussan Tahmasebi a été harcelée par les forces de sécurité et victime d'une interdiction de voyager à l'étranger pendant plus de deux ans à cause de son travail. Human Rights Watch tient à rendre hommage à Sussan Tahmasebi pour son dévouement à la promotion de la société civile et de sa lutte pour que les droits des femmes soient une priorité nationale en Iran.
Liu Xiaobo, Chine
Liu Xiaobo, l'un des critiques les plus ardents du gouvernement chinois, a passé un an et demi en prison après les manifestations pacifiques de la place Tiananmen en 1989, et en 1996 il a été emprisonné pendant trois ans pour avoir critiqué la politique de la Chine envers Taïwan et le Dalaï Lama. L'année dernière, il a été condamné à 11 ans de détention supplémentaires pour avoir collaboré à la rédaction de la Charte 2008, une pétition marquant le 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Ancien professeur d'université, Liu Xiaobo a été récemment nominé pour le Prix Nobel de la Paix. Human Rights Watch tient à rendre hommage à Liu Xiaobo pour son engagement courageux en faveur de la liberté d'expression et d'assemblée en Chine.