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Liban : Les droits menacés par la crise

Des restrictions croissantes contre les critiques ; les personnes LGBT et les réfugiés menacés

Un manifestant entouré de fumée provenant de gaz lacrymogènes tenait un drapeau du Liban et en portait un autre sur les épaules sur la place Riad al-Solh à Beyrouth, lors d’une manifestation contre la détérioration de la situation économique dans ce pays. © 2023 Reuters/Mohamed Azakir

(Beyrouth) – Les autorités libanaises ont de plus en plus bafoué les droits des personnes qui critiquent les autorités de manière pacifique, des personnes LGBT et des réfugiés au cours de l’année 2023, au moment où le pays traverse une grave crise économique et financière et où le conflit entre l’armée israélienne et les groupes armés libanais et palestiniens dans le sud du Liban s’intensifie, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2024.

Depuis le 10 novembre, les attaques israéliennes au Liban auraient tué au moins 10 civils, en plus d’au moins 70 combattants du Hezbollah. Des tirs de roquettes et d’autres attaques contre Israël par le Hezbollah et des groupes palestiniens auraient tué au moins deux civils et six soldats.

Trois ans et demi après l’explosion catastrophique du port de Beyrouth, en août 2020, aucun responsable n’a eu à rendre des comptes, et les individus impliqués ont réussi à faire obstruction à l’enquête menée au niveau national depuis 2021. Les autorités ont refusé à plusieurs reprises de mettre en œuvre des réformes cruciales, indispensables pour atténuer les conséquences de la crise économique, mais elles ont intensifié leur harcèlement des avocats, des activistes, des journalistes et même des humoristes en réponse aux critiques publiques formulées à l’encontre du gouvernement et des responsables publics. En avril et en mai, l’armée libanaise a expulsé sommairement des milliers de Syriens vers la Syrie.

« Les autorités libanaises ne peuvent occulter leur propre responsabilité dans les crises que traverse actuellement le pays en réprimant les critiques et en prenant pour cible les groupes marginalisés », a déclaré Ramzi Kaiss, chercheur sur le Liban à Human Rights Watch. « Le seul moyen de sortir de la spirale des crises au Liban est de demander des comptes aux responsables qui ont commis des abus, ou qui n’ont pas respecté les droits de la population. »

Dans son Rapport mondial 2024, sa 34e édition qui compte 740 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays. Dans son essai introductif, la directrice exécutive Tirana Hassan affirme que 2023 a été une année lourde de conséquences, non seulement à cause de la répression des droits humains et des atrocités liées aux conflits armés, mais aussi en raison de l’indignation sélective et de la diplomatie transactionnelle. Ces pratiques gouvernementales, indique-t-elle, ont profondément porté atteinte aux droits de tous ceux restés en marge de « deals » inavoués. Une voie différente et porteuse d’espoir est possible, affirme-t-elle cependant, appelant les gouvernements à rester cohérents en respectant leurs obligations en matière de droits humains.

La majorité de la population libanaise n’a pas été en mesure de garantir ses droits sociaux et économiques dans le contexte de la crise économique actuelle, les ménages à faible revenu subissant de plein fouet les conséquences de la crise. En raison de leur mauvaise gestion du secteur de l’électricité pendant des décennies, les autorités libanaises ont totalement manqué à leur obligation de garantir le droit à l’électricité, que Human Rights Watch considère comme un aspect essentiel du droit à un niveau de vie adéquat.

La crise économique a également menacé l’éducation, les élèves des écoles publiques risquant de perdre une année scolaire supplémentaire en raison d’un déficit budgétaire et d’années de mauvaise gestion de la part du ministère de l’Éducation.

Les conditions dans les prisons se sont dangereusement détériorées en raison de la crise économique. La majorité des prisonniers, dont certains sont en détention provisoire, est confrontée à une surpopulation carcérale sans précédent, à des soins de santé médiocres, à des perturbations dans l’approvisionnement en nourriture et à une baisse de la qualité de leur alimentation.

Les personnes LGBT font l’objet d’une discrimination systémique au Liban, notamment d’une interdiction formelle des rassemblements LGBT depuis 2022. En 2023, un ministre et un député ont présenté des projets de loi distincts qui érigent explicitement en infraction les relations homosexuelles entre adultes consentants et punissent toute personne qui « promeut l’homosexualité ». Les autorités n’ont pris aucune mesure pour protéger les personnes LGBT contre les attaques de groupes de particuliers agissant comme des milices ou pour mettre fin à l’incitation à la violence à leur encontre.

Les autorités libanaises ont continué de mener des politiques et de déployer des tactiques visant à contraindre les réfugiés syriens à retourner en Syrie, notamment en procédant à des arrestations arbitraires et à des expulsions sommaires de milliers de Syriens, parmi lesquels des enfants non accompagnés, entre avril et mai.

 
 

 

 

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