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Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors d'une réunion avec le président du Conseil européen Charles Michel à Bruxelles, le 17 décembre 2019. © 2019 AP Photo

Obtenir de la Chine qu'elle commence à respecter les droits humains « ne se fera pas en prenant ses désirs pour des réalités », a déclaré hier Tirana Hassan, directrice exécutive de HRW, lors d'une conférence de presse.

S'exprimant avant le sommet UE-Chine qui se tiendra à Pékin dans le courant de la semaine, elle a détaillé les mesures fermes que l'UE pourrait prendre, mais a également souligné les vulnérabilités actuelles de l'économie chinoise, pour souligner que « l'UE a plus de poids que jamais » pour contribuer au changement.

Les relations extérieures avec la Chine font l'objet d'une sorte de mythe qui se réalise de lui-même : la Chine est en quelque sorte trop importante ou trop vitale pour l'économie mondiale pour que l'on puisse faire pression sur elle en raison de ses effroyables violations des droits humains. Les autres puissances mondiales, y compris l'UE, se résignent donc à ne même pas essayer, bien avant d’avoir commencé.

Pour l'UE, la question des droits humains risque de devenir un exercice vide sans réelle ambition dans ses relations avec la Chine, un sujet à évoquer simplement pour que les dirigeants puissent dire que la question a été abordée.

Les dialogues UE-Chine sur les droits humains en sont le meilleur exemple. Après plus de trois douzaines de réunions au fil des années, ils n'ont rien apporté aux droits humains en Chine. La situation n'a fait que se détériorer au cours de cette période. En réalité, ces discussions régulières sont plus qu'inutiles, aidant Pékin à se présenter comme un partenaire respectable.

L'UE et nombre de ses États membres ont fait preuve d'une réticence embarrassante à prendre des mesures qui seraient à la hauteur de l'urgence et de l'intensité de la répression chinoise et à ses efforts pour réécrire les règles mondiales en matière de droits humains.

Les horreurs commises par les autorités chinoises incluent des crimes contre l'humanité à l'encontre des Ouïghours et d'autres musulmans turciques de la région du Xinjiang : détention arbitraire massive, torture, disparitions forcées, surveillance de masse, persécution culturelle et religieuse, séparation des familles, travail forcé et violences sexuelles.

Les habitants du Xinjiang ne sont pas les seuls à souffrir. Au Tibet, les autorités répriment et assimilent de force les Tibétains. À Hong Kong, le gouvernement chinois a supprimé les libertés en imposant à la ville une loi draconienne sur la sécurité nationale. Dans toute la Chine, les défenseurs des droits humains sont persécutés sans pitié par les tribunaux contrôlés par le parti communiste.

Jusqu'à présent, l'UE a généralement traité toute cette horreur comme un simple sujet de désaccord dans ses relations avec la Chine, dans le cadre d'un « dilemme inconfortable », comme l'a déclaré en début d’année Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l'UE.

Lorsque la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Charles Michel, se rendront à Pékin dans le courant de la semaine, ils devront changer cela. Ils devraient commencer par déclarer clairement et publiquement que l'UE ne considère pas le gouvernement chinois comme un partenaire responsable et fiable tant que Pékin refusera de s'engager de bonne foi sur son propre bilan en matière de droits humains.

En outre, ils devraient déclarer que l'UE va sérieusement chercher à obtenir des comptes pour les crimes commis par Pékin et s'engager à prendre la tête des efforts visant à obtenir un contrôle de la part des Nations unies sur ces crimes.

Au-delà de ce sommet, tous les États membres de l'UE devraient s'unir pour prendre des mesures plus sérieuses à l'égard du gouvernement chinois. Plus précisément, ils devraient étendre les sanctions ciblées contre les fonctionnaires responsables de graves violations au Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong.

La Chine n'est pas « trop grande » pour être critiquée, ni « trop puissante » pour être attaquée. Son économie n'est pas « trop inébranlable » pour que des sanctions ciblées et des mesures commerciales aient un effet, surtout en ce moment. Surtout, Pékin n'est pas imperméable aux pressions extérieures.

Les dirigeants de l'UE doivent simplement surmonter leur croyance auto-réalisatrice en leur propre échec – et essayer.

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