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Une enquête au Canada met en lumière les abus liés à la détention de personnes migrantes

Le gouvernement devrait mettre fin à leur incarcération dans des prisons provinciales dans des conditions inhumaines

Le Centre correctionnel du Centre-Est à Lindsay (Kawartha Lakes), dans la province d’Ontario au Canada, photographié le 10 février 2021.   © 2021 Kawartha 411

Une enquête d’un médecin légiste (« coroner ») sur la mort en 2015 d’Abdurahman Hassan, un réfugié en provenance de Somalie, a mis en lumière des détails choquants sur le système de détention de personnes migrantes au Canada et les conditions abusives dans des prisons provinciales. En réponse, 40 organisations ont renouvelé leur appel au gouvernement fédéral pour qu’il cesse d’incarcérer des migrants dans les prisons provinciales à des fins administratives liées à l’immigration. Leur lettre a également reçu le soutien des anciens ministres Lloyd Axworthy et Allan Rock.

Illustration pour le rapport de Human Rights Watch

Notre campagne #BienvenueAuCanada couvre tout le pays. Le gouvernement fédéral a cosigné avec des provinces des contrats qui autorisent la détention de personnes migrantes dans des prisons provinciales. Demandez-lui d'annuler ces contrats !

Site de la campagne

Abdurahman a vécu au Canada deux décennies durant avant d’être placé en rétention administrative en l’attente de son expulsion. Il a été privé de son statut légal en raison de plusieurs démêlés judiciaires. Abdurahman souffrait de multiples problèmes psychologiques. Après avoir purgé sa peine au pénal, il a été placé en rétention administrative pendant trois ans dans une prison à sécurité maximale de l’Ontario, où il a été soumis à plusieurs reprises à un isolement prolongé, y passant dans un cas 95 jours consécutifs.

Outre ces conditions punitives et inhumaines, la détention prolongée d’Abdurahman était inutile et arbitraire. Son expulsion n’a pu être effectuée parce que la Somalie était trop dangereuse pour que des agents de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) puissent l’escorter. Il n’y a pas de limite légale à la durée de la rétention administrative au Canada, de sorte qu’Abdurahman n’a jamais su s’il serait libéré ou quand.

Lors de l’enquête, le personnel correctionnel qui connaissait Abdurahman a témoigné que la prison n’était pas adaptée pour lui. Il ne pouvait y avoir accès aux traitements ni au soutien dont il avait besoin, et sa sécurité était en danger. Néanmoins, près de huit ans après la mort d’Abdurahman, l’ASFC continue de détenir des personnes atteintes de troubles mentaux dans les prisons provinciales afin qu’elles puissent « accéder à des soins spécialisés ».

L’avocat de l’enquête a rappelé le témoignage d’un agent correctionnel, l’une des dernières personnes à avoir passé du temps avec Abdurahman à l’hôpital. Ils ont parlé du bon vieux temps selon cet homme, qui l’a aidé à prendre son bain et à se nourrir. « C’était une bonne journée », a-t-il dit.

Un tel traitement devrait être la norme. « Notre objectif en tant que société devrait être de faire en sorte que tous les individus, y compris les détenus liés à l’immigration comme M. Hassan, soient traités avec ce degré de dignité et de bienveillance », a indiqué l’avocat de l’enquête dans ses conclusions. « La question est de savoir s’il existe une volonté pour que cela se produise. »

Le jury du Bureau du Coroner-en-chef a formulé 53 recommandations pour prévenir des décès similaires à l’avenir. La première d’entre elles invite le gouvernement fédéral à renoncer à incarcérer les immigrants dans des prisons provinciales. Quatre provinces se sont déjà engagées en ce sens, bien que l’ASFC insiste sur le fait que les négociations se poursuivent. Il est temps que le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau tienne enfin tête à cette agence et mette fin à cette pratique violant les droits humains partout au Canada.

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