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Émission d’un mandat d’arrêt de la CPI contre un chef rebelle de République centrafricaine

Un commandant de la Séléka, Noureddine Adam, est accusé de crimes de guerre

Noureddine Adam, le chef du FPRC, le principal groupe armé centrafricain, pose à Birao, dans le nord de la République centrafricaine, le 20 décembre 2017. © 2017 ALEXIS HUGUET/AFP via Getty Images

La Cour pénale internationale (CPI) a rendu public la semaine dernière un mandat d’arrêt à l’encontre d’un chef rebelle de République centrafricaine, Noureddine Adam.

Ce mandat d’arrêt, jusqu’alors gardé sous scellés et daté de janvier 2019, déclare qu’Adam est recherché pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment pour des actes de torture. L’émission de ce mandat contre Adam est conforme à l’approche de la CPI qui consiste à cibler les chefs rebelles responsables d’atrocités les plus hauts gradés en République centrafricaine. 

Adam était le numéro deux de la Séléka, un groupe armé rebelle actif en République centrafricaine en 2013. Figurant parmi les premiers chefs à arriver dans la capitale, Bangui, quand les rebelles s’en sont emparés, Adam est alors devenu ministre de la Sécurité publique, puis, ultérieurement, Conseiller pour les questions de sécurité nationale. En 2014, il s’est enfui de Bangui avec le reste de la Séléka et se déplace depuis lors entre le Soudan, le Tchad et la République centrafricaine.

Le mandat d’arrêt se réfère à des allégations selon lesquelles Adam a supervisé des actes de torture.

Il supervisait des combattants de la Séléka et, en 2013, lorsque nous l’avons rencontré et lui avons présenté des preuves de graves crimes perpétrés par la Séléka, il eut une seule réponse : le déni total. Il a rejeté la responsabilité des soldats de la Séléka dans des meurtres gratuits de femmes et d’enfants, allant même jusqu’à nier que nous avions parlé à des villageois qui fuyaient une attaque et avaient identifié des soldats de la Séléka. Pourtant, les preuves que des combattants placés sous son commandement ont semé le chaos à Bangui et dans les provinces abondent.  

Après sa fuite de Bangui, Adam a pris le commandement d’autres groupes armés, donnant un triste exemple de la façon dont les dirigeants qui commettent des abus et bénéficient de l’impunité continuent de commettre des crimes.

Un autre commandant de la Séléka, Mahamat Saïd Abdel Kani, fait également l'objet de poursuites devant la CPI. Son procès doit s’ouvrir en septembre. Mais Saïd n’avait pas le même grade de commandement qu’Adam lorsque la Séléka faisait régner la terreur. D’importants dirigeants de la milice anti-balaka – qui a combattu la Séléka pendant des années – ont également été envoyés à La Haye pour y être jugés. L’un d’eux, Maxime Mokom, a été livré à la CPI en mars dernier par le Tchad.

Adam se trouverait actuellement au Soudan, où il continue d’échapper à la justice. Le Soudan devrait suivre l’exemple du Tchad et transférer les suspects de la CPI à La Haye. Certes, le Soudan n’a pas encore remis à la Cour ses propres suspects de crimes de guerre – dont trois anciens hauts gradés, y compris l’ancien président Omar el-Béchir. Toutefois, Adam devrait devenir un exemple de justice, et non pas d’impunité, en République centrafricaine.

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