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Iran : Nouvelle peine de prison pour une militante des droits humains

Les « tribunaux révolutionnaires » criminalisent toute forme d’activisme en faveur des droits humains

La militante iranienne des droits humains Narges Mohammadi, photographiée à Téhéran le 25 juin 2007. © 2007 AFP/Getty Images

(Beyrouth, le 28 janvier 2022) – La peine de prison prononcée par un tribunal iranien le 15 janvier contre une éminente militante des droits humains démontre la volonté des autorités d’écraser toute forme d’activisme en faveur de ces droits, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

La branche 26 du Tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Narges Mohammadi à six ans de prison pour « rassemblement et collusion en vue d'agir contre la sécurité nationale », ainsi qu’à deux ans de prison et 74 coups de fouet pour « atteinte à la sécurité nationale et trouble à l'ordre public », soit un total de huit ans de prison selon les informations transmises par son mari, Taghi Rahmani, à Human Rights Watch le 27 janvier. Rahmani a ajouté que le procès sommaire s'était déroulé à huis clos, et que Narges Mohammadi s'était vu refuser l'accès à un avocat. Le 19 janvier, les autorités ont transféré Narges Mohammadi, qui était détenue à la prison d’Evin à Teheran depuis novembre 2021, à la prison de Qarchak, au sud de cette ville ; elle avait passé 64 jours en isolement cellulaire dans la prison d'Evin.

« La détention cruelle de Narges Mohammadi par les autorités iraniennes, les poursuites contre elle un an seulement après sa libération d'une peine de prison antérieure, et sa condamnation injuste a une nouvelle peine de prison, visent clairement à la réduire au silence à tout prix », a déclaré Tara Sepehri Far, chercheuse senior sur l'Iran à Human Rights Watch. « Les autorités devraient libérer immédiatement et sans condition Narges Mohammadi, qui a déjà été injustement emprisonnée pendant des années dans le passé. »

Les autorités iraniennes ont arrêté Narges Mohammadi à Karaj en novembre 2021, alors qu'elle assistait à un service commémoratif pour Ebrahim Ketabdar, l'une des centaines de personnes tuées lors des manifestations de novembre 2019.

Son mari, Taghi Rahmani a indiqué à Human Rights Watch que selon les informations dont il disposait, le procès de Narges Mohammadi a eu lieu le 12 janvier, et n’a pas duré plus de cinq minutes. Le juge aurait insulté Narges Mohammadi et l’aurait accusée de ternir la réputation du pays, citant comme exemple ses dénonciations du recours à l'isolement cellulaire prolongé à l'encontre des prisonniers politiques. Narges Mohammadi, que deux membres du parlement norvégien avaient recommandée comme candidate pour le prix Nobel de la paix 202, n'a pas eu accès à un avocat lors de son procès.

Narges Mohammadi avait précédemment été condamnée à 10 ans de prison en mai 2015 pour « création d'un groupe illégal », « rassemblement et collusion en vue d'agir contre la sécurité nationale » et « propagande contre l'État ». Les autorités l’avaient arrêtée après sa rencontre en mars 2014 avec Catherine Ashton, alors Haute-représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à Téhéran.

Narges Mohammadi, atteinte d'une grave maladie neurologique qui provoque une paralysie musculaire, avait été libérée de prison en octobre 2020 après que sa peine ait été réduite ; mais elle s'est vu refuser un passeport, ce qui l'a empêchée de rejoindre sa famille qui vit en France.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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