(Beyrouth) – Au cours de l’année écoulée, les belligérants du conflit armé du Yémen ont continué à violer les lois de la guerre, y comprisen commettant des nouveaux crimes de guerre présumés, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2021. En 2020, le Groupe d’experts éminents des Nations Unies sur le Yémen a appelé à la création d’un mécanisme international d’établissement des responsabilités, demandant notamment au Conseil de sécurité de l’ONU de saisir la Cour pénale internationale au sujet de cette situation.
La terrible crise humanitaire du Yémen, exacerbée par plus de cinq années de guerre, emporte de plus en plus de vies du fait de l’obstruction accrue de l’aide humanitaire, de l’effondrement de l’économie du pays et de la pandémie de Covid-19. L’étendue réelle de la propagation du Covid-19 au Yémen reste inconnue en raison de la dégradation des centres de santé, des capacités de test limitées, mais aussi de la peur de la stigmatisation sociale, qui retient les gens de demander une aide médicale. Plusieurs pays ont suspendu ou cessé leur assistance humanitaire en faveur des zones contrôlées par les Houthis, apparemment à cause de l’ingérence des autorités houthies.
« Des années de violations ont montré que, sans réelle possibilité de leur faire rendre des comptes, les parties en conflit au Yémen avaient bien peu de motifs qui pourraient les pousser à cesser de commettre leurs abus », a déclaré Afrah Nasser, chercheur sur le Yémen à Human Rights Watch. « Les gouvernements inquiets de la situation devraient publiquement soutenir les appels en faveur de mesures de justice internationale. »
Dans son Rapport mondial 2021 (version abrégée en français), de 761 pages et dont c’est la 31ème édition annuelle, Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays. Dans son essai introductif, le Directeur exécutif, Kenneth Roth, soutient que la nouvelle administration américaine devrait ancrer les droits humains dans ses politiques intérieure et étrangère, afin que le respect des droits fondamentaux puisse survivre sous de futures administrations moins enclines à les défendre. Kenneth Roth souligne qu’alors que l’administration Trump abandonnait dans une large mesure la protection des droits humains, d’autres gouvernements se sont manifestés pour les défendre. L’administration Biden devrait chercher à rejoindre à ce nouvel effort collectif, et non à le supplanter.
Selon les estimations du Yemen Data Project, au moins 18 400 civils ont été tués ou blessés depuis le début de la guerre et plus de 20 millions de personnes – près des deux tiers de la population – ont besoin d’une aide alimentaire. Le Groupe d’experts éminents des Nations Unies sur le Yémen a rapporté en septembre que le pays souffrait d’une « absence généralisée de responsabilité », citant les violations impunément commises par la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, par le groupe armé houthi, par le gouvernement du Yémen et par le Conseil de transition du Sud à Aden.
La coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, de même que les forces houthies, ont procédé à des tirs de mortier, de roquettes et de missiles en direction de zones fortement peuplées, entre autres Marib, Taïz et Hodeïda. La coalition a par ailleurs effectué davantage de frappes aériennes qui violaient les lois de la guerre en attaquant des civils et des structures civiles, utilisant pour cela des munitions achetées aux États-Unis, à la France, et à d’autres pays. En dépit du retrait de leurs troupes d’Aden fin 2019, les Émirats ont continué à mener des opérations aériennes au Yémen et à soutenir des forces locales yéménites commettant des abus.
En novembre, l’administration Trump a notifié le Congrès américain d’une vente d’armes aux Émirats arabes unis qui comprend des avions F-35 et des drones de guerre et s’élève à des milliards de dollars – et ce en dépit des antécédents des Émirats, qui violent de façon répétée le droit international au Yémen.
« L’administration Biden, qui sera bientôt au pouvoir, a l’opportunité d’imprimer un changement positif sur le Yémen en cessant de vendre des armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, du moins jusqu’à ce que ces pays mettent fin aux attaques illégales et enquêtent de façon crédible sur les violations passées », a conclu Afrah Nasser.
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#Yémen : Urgente nécessité d’un mécanisme de #justice efficace, et de l'acheminement d'aide #humanitaire. https://t.co/tV6rSMk1Uo
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Les forces soutenues par les Emirats Arabes Unis au Yémen ont torturé & détenu arbitrairement Adel al-Hasani, journaliste yéménite depuis sept. 2020, apparemment pour ses reportages critiques. @hrw & @MwatanaEn
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