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Burkina Faso : Nouveaux massacres commis par des groupes armés islamistes

Suite aux trois attaques lors desquelles 90 villageois ont été tués, la création d’une milice d’autodéfense soulève des inquiétudes

Un camp pour personnes déplacées à Pissila, au Burkina Faso, où de nombreuses personnes ont cherché refuge suite aux attaques menées à Rofénèga par des groupes armés islamistes. Photo prise le 24 janvier 2020. © 2020 Reuters / Anne Mimault

 

(Nairobi, le 23 avril 2020) – Au Burkina Faso, des groupes armés islamistes présumés ont tué au moins 90 civils lors de trois attaques perpétrées fin janvier 2020 contre des villages, provoquant la fuite de milliers de personnes, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Ces attaques, commises entre le 17 et le 25 janvier, ont accéléré la création par le gouvernement d’une nouvelle milice d’autodéfense, faisant craindre de nouveaux abus.

Ces tueries, perpétrées dans les villages de Rofénèga, Nagraogo et Silgadji, s’inscrivent dans le cadre d’une recrudescence d’attaques dans le centre et le nord du pays et de l’expansion des groupes armés islamistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Plus de 775 000 personnes avait été déplacées à la fin mars par ces violences. Human Rights Watch enquête également sur l'attaque du 16 février contre le village de Pansi, qui aurait été perpétrée par des islamistes armés, et lors de laquelle plus de 20 civils ont été tués.

« Le massacre de plusieurs dizaines de civils par des groupes armés islamistes montre leur mépris total pour la vie humaine », a déclaré Jonathan Pedneault, chercheur auprès de la division Crises et conflits de Human Rights Watch. « Les chefs de groupes armés devraient immédiatement ordonner la cessation de telles attaques à l’encontre des civils, et les dénoncer. »

Human Rights Watch a précédemment documenté des attaques de groupes armés islamistes ayant causé la mort de plus de 250 civils entre avril et décembre 2019, ainsi que des dizaines de cas dans lesquels les forces de sécurité gouvernementales ont sommairement exécuté des hommes détenus pour leur soutien présumé à ces groupes,  y compris lors d'un récent incident survenu le 9 avril à Djibo.

Fin janvier, Human Rights Watch a mené, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, et à Kaya, des entretiens avec 13 témoins des meurtres de Nagraogo et Rofénèga. Deux témoins des meurtres de Silgadji ont été interrogés par téléphone.

Aucune des trois attaques n’a été revendiquée, mais d’après les 15 témoins, les assaillants semblaient être membres de groupes armés islamistes, en raison de la similitude de leur modus operandi et du choix des cibles avec les attaques précédemment commises par ces groupes.

D’après les témoins interrogés, les hommes armés étaient habillés en noir ou en treillis militaire et arboraient des turbans, lorsqu’ils ont attaquéà deux par moto les marchés des villages. Ils semblaient prendre pour cible les hommes adultes sur la base de leur ethnicité : pratiquement aucune des victimes n’était peule, une communauté à laquelle appartiennent de nombreux islamistes armés. À Nagraogo, des témoins ont vu des assaillants arborer un drapeau noir, symbole de l’État islamique (EI, ou Daech).

Selon des témoins, dans deux des villages, les habitants avaient auparavant fui en raison de l’insécurité croissante, mais les autorités gouvernementales les avaient exhortés à rentrer chez eux après que l’armée ait donné des garanties de sécurité.

Une jeune fille âgée de 15 ans originaire de Rofénèga a déclaré à Human Rights Watch avoir été témoin du meurtre de son frère de 20 ans le 17 janvier. « Il était atteint de problèmes de santé mentale », a-t-elle expliqué. « Lorsqu’il a entendu les coups de feu, il a tenté de s’enfuir dans la brousse, mais a été intercepté et tué. »

Les personnes atteintes de handicap font partie de celles qui n’ont pu échapper aux assaillants. Une femme âgée de 40 ans atteinte d’un handicap physique a déclaré s’être cachée chez elle pendant que sa famille se réfugiait en lieu sûr lors de l’attaque du 20 janvier sur le village de Nagraogo. « J’ai entendu des coups de feu et j’étais triste et effrayée », a-t-elle confié. « J’ai senti la mort rôder, parce que je ne pouvais pas m’échapper. »

Au lendemain des attaques du 20 janvier contre les villages voisins de Nagraogo et Alamou, qui ont tué au moins 36 personnes, le parlement du Burkina Faso a adopté une loi portant sur la création de milices locales, des groupes de « Volontaires pour la défense de la patrie ». La loi autorise le recrutement de civils, formés et équipés pour veiller sur leurs communautés, et placés sous l’autorité des Forces de défense et de sécurité (FDS) nationales.

Mais ce texte pourrait vulnérabiliser davantage les communautés aux attaques des groupes armés islamistes, a observé Human Rights Watch. Au cours des derniers mois, des islamistes armés ont en effet pris pour cible, à plusieurs reprises, des civils suspectés de soutien aux forces militaires ou aux milices locales.

Dans le village de Gasseliki, des islamistes armés ont tué 20 civils en janvier 2019, manifestement en représailles pour avoir cherché à mettre sur pied une force d’autodéfense. Plus récemment, un témoin des meurtres en date du 25 janvier à Silgadji a déclaré qu’au cours de l’attaque, des islamistes armés ont accusé la communauté de chercher le soutien de l’armée pour former un groupe de volontaires.

Le plan du gouvernement visant à autonomiser les milices en régularisant les Volontaires fait également craindre que ces groupes se rendent eux-mêmes coupables de graves exactions. Les groupes d’autodéfense déjà existants au Burkina Faso, comme les Koglweogo, ont commis par le passé de nombreux abus. Le 8 mars, des membres de cette milice auraient tué au moins 43 Peuls dans trois villages de la région du Sahel.

Les abus perpétrés par tous les groupes armés dans le conflit en cours au Burkina Faso sont restés largement impunis, mettant en évidence l’échec et les limites du système judiciaire burkinabé pour garantir aux victimes l’établissement des responsabilités, créant ainsi une situation susceptible de provoquer des représailles.

Le Burkina Faso et ses bailleurs de fonds internationaux – en particulier la France et l’Union européenne – devraient soutenir les efforts visant à lutter contre les tensions interethniques croissantes dans ce pays, y améliorer les efforts pour établir les responsabilités dans les cas de crimes et de violations graves, et protéger les civils en danger et ce, en toute impartialité. Les partenaires internationaux du Burkina Faso devraient exhorter son gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour que la force d’autodéfense des Volontaires qu’il envisage de mettre sur pied reçoive la formation nécessaire et soit contrôlée et ses membres tenus pour responsable de leurs actes s’ils venaient à se livrer à des abus.

Tous les responsables de meurtres délibérés de civils et autres violations graves des lois de la guerre peuvent être poursuivis pour crimes de guerre. Les commandants burkinabés peuvent être tenus pour responsables de crimes de guerre pour de graves exactions commises par les forces placées sous leur commandement, y compris les Volontaires. Les partenaires internationaux du Burkina Faso qui fournissent un soutien à ses militaires, y compris ceux qui soutiennent la Force G5-Sahel, devraient veiller à ce que les armes et autres équipements fournis à l’armée burkinabée ne soient pas transférés à des milices coupables d’abus.

« Armer des civils sans formation ni contrôle gouvernemental adéquats est le meilleur moyen d’accroître les abus et les conflits intercommunautaires », a conclu Jonathan Pedneault. « Au lieu d’apaiser les tensions intercommunautaires, les autorités du Burkina Faso risquent d’aggraver le problème en créant des milices qui pourraient bien retourner leurs armes contre d’autres civils. »

Massacres perpétrés par des groupes armés islamistes

Depuis l’émergence d’Ansaroul Islam en 2016, un groupe local de la région du Sahel au Burkina Faso, des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’EIGS se sont implantés dans le nord du Burkina Faso, en provenance du Mali voisin, avant de s’étendre progressivement dans l’ouest, le centre et l’est du pays.

Ces organisations recrutent localement, en particulier au sein des Peuls (aussi connus sous le nom de Foulanis), et se sont appuyées sur la résistance relativement faible que leur ont opposée les forces de sécurité de l’État et sur des lignes de fracture croissantes entre Peuls et autres communautés, comme les Mossi, Foulsé, Songhaï et Gourmantché, essentiellement des cultivateurs, qui ont été les principales victimes des attaques commises par les groupes armés islamistes.

Attaque de Rofénèga, région Centre-Nord, 17 janvier

Dans la soirée du 17 janvier 2020, un groupe d’hommes armés a attaqué le village de Rofénèga, situé dans la commune de Pissila. Cette localité d’environ 2 000 personnes était principalement peuplées de mossis mais comptait également une centaine de familles peules.

Des groupes armés islamistes avaient auparavant pris le secteur pour cible, lors d’une attaque qui avait causé la mort d’au moins 22 personnes dans le village voisin de Dibilou, le 25 juillet 2019, provoquant le déplacement temporaire de la plupart des habitants de Rofénèga vers Kaya, à 30 kilomètres de là. Les témoins de l’attaque de janvier ont déclaré être retournés à Rofénèga sur la base des assurances données par les forces de sécurité, qui estimaient qu’ils y seraient en lieu sûr.

Deux semaines avant l’attaque de Rofénèga, un couple de Sidigo, autre village voisin, a déclaré avoir vu les forces de sécurité burkinabées arrêter deux hommes peuls sur le marché. « [Les forces de sécurité] les ont exécutés, juste à l’extérieur du village », a relaté l’un d’eux.

Un garçon Mossi de 12 ans, qui se trouvait sur le marché lors de l’attaque de Rofénèga, a déclaré :

Quelqu’un du village venait de se procurer une télévision neuve et avait invité les enfants à venir la regarder. Puis nous avons entendu « Courez ! Courez ! ». Les enfants se sont tous enfermés dans une maison, mais j’ai eu peur et j’ai cherché à fuir. En essayant, j’ai vu des hommes armés se diriger vers moi, alors je me suis caché sous un tas de paille. L’un d’entre eux m’a vu et pointé son arme directement sur moi, mais un autre lui a dit en mooré [la langue des Mossis, également parlée par de nombreux Peuls] : « Ne tires pas, c’est un petit enfant. » Ensuite, ils ont continué à tirer sur les adultes. Parfois, quand ils tiraient, ils criaient « Allah Akbar ! » Je tremblais de peur.

Après l’attaque, les assaillants « ont mis de la musique et commencé à faire des acrobaties à moto tout en tirant en l’air », a raconté le garçon.

Une femme âgée de 26 ans, qui se trouvait à la maison, a décrit l’attaque. « Nous étions assis sous l’arbre, en train de discuter, quand quelqu’un s’est précipité vers nous pour nous dire de nous enfuir le plus vite possible », a-t-elle indiqué. « Quand nous avons essayé de partir, nous avons vu que la maison était entourée d’hommes vêtus de noir et enturbannés. C’est à ce moment-là que le frère aîné de mon mari a été tué. » Le fils du frère en question a déclaré à Human Rights Watch : « Mon père courait pour nous avertir et il a été abattu à quelques mètres de la porte. »

Sept témoins de l’attaque ont déclaré que les assaillants avaient tué 16 villageois ce jour-là, tous des hommes mossis. Les témoins ont fourni à Human Rights Watch les noms de 12 victimes.

Attaque contre les villages de Nagraogo et Alamou, région Centre-Nord, 20 janvier

Le 20 janvier, un groupe d’hommes armés à moto, vêtus de noirs, et arborant des drapeaux noirs a d’abord lancé une attaque contre Alamou puis Nagraogo, deux villages à majorité mossi situés à moins de sept kilomètres de distance sur l’axe routier reliant Barsalogho à Dablo. Des témoins ont déclaré que moins d’une demi-heure avant leur arrivée sur les marchés des villages, un convoi militaire des forces burkinabées avait patrouillé sur la route en direction de Dablo.

Des témoins mossis de Nagraogo ont affirmé que de nombreux Peuls vivaient dans leur village. « Il y a dix ans, tout le monde vivait en parfaite harmonie, mais au cours des dernières années, il y a eu des problèmes entre les propriétaires terriens et les Peuls au sujet des sites de pâturage », a expliqué une femme âgée de 40 ans. « Ils ont menacé de chasser les Peuls s’ils n’obéissaient pas. »

Toujours selon cette femme, les habitants de Nagraogo se sont mis à craindre les groupes armés islamistes connus localement sous le nom de Weogo Ramba, ou « gardiens de la brousse », à la suite d’une série d’attaques commises en mars 2019 contre les villages de Nawoubkiba et Koglobaraogo, dans la commune voisine de Namissiguima. Plusieurs témoins ont déclaré qu’en dépit des attaques à proximité, les villageois sont à ce moment-là demeurés à Nagraogo, confiants dans la protection que pourraient leur fournir les forces de sécurité en cas de besoin.

Bien qu’une attaque subséquente contre le village de Dofi, à quelques kilomètres au nord de Nagraogo, mi-2019, ait éventuellement provoqué le déplacement de nombreux villageois vers Kaya, des responsables locaux ont assuré que les patrouilles des forces de sécurité seraient suffisantes pour maintenir l’ordre. « Nous pensions qu’il ne se passerait rien », a confié un survivant de l’attaque de Nagraogo.

En dépit des assurances desmilitaire, des groupes armés sont arrivés sur le marché de Nagraogo vers 16 heures. « C’est arrivé moins de 20 minutes après le passage des FDS sur le chemin de Dablo », a expliqué un agriculteur de 38 ans. « J’étais au milieu du marché et nous avons vu des motos arriver. Nous pensions que c’était le reste du convoi des FDS. Ensuite, je les ai vus tirer sur un civil. »

« Au moment de l’attaque, je me trouvais à l’extérieur de la maison pour récupérer des choses pour mon bébé, et sur le chemin du retour, j’ai entendu du bruit », a témoigné une femme âgée de 26 ans. « C’était des armes. J’ai pris la fuite et les ai vus pourchasser le frère cadet de mon mari, qu’ils ont tué. »

Selon l’agriculteur rencontré par Human Rights Watch, les hommes armés avaient des talkies-walkies et communiquaient entre eux en fulfuldé, une langue peule.

« Après avoir terminé ce qu’ils étaient venus faire, ils ont commencé à faire des acrobaties à moto, puis sont partis en direction de Dablo », a précisé l’agriculteur. Un autre homme qui les a vus a affirmé les avoir entendu crier « Allah Akbar » en sortant de Nagraogo.

« J’ai tout perdu : mon magasin a été brûlé, ma moto a été brûlée, mes téléphones sont restés sur place », a dit un mécanicien de 40 ans. « Tout le marché a été brûlé », a ajouté l’agriculteur. « J’ai vu beaucoup de corps. »

Selon des villageois et des déclarations du gouvernement, les assaillants ont tué au moins 32 hommes à Nagraogo et 4 à Alamou. La plupart des personnes déclarées tuées étaient des Mossis, bien que trois Peuls auraient également été tués. Des témoins ont fourni à Human Rights Watch les noms de 22 victimes.

Attaque de Silgadji, région du Sahel, 25 janvier

Le 25 janvier, des hommes armés s’exprimant en fulfuldé ont attaqué le village majoritairement mossi de Silgadji, situé dans la province de Soum, tuant au moins 39 hommes. L’attaque a manifestement eu lieu en représaillesdu refus de la communauté locale de se conformer aux règles imposées par un groupe armé islamiste et devant son intention de former un groupe d’autodéfense. Deux villageois interrogés à distance ont déclaré que des militaires s’étaient brièvement rendus dans le village quelques jours avant l’attaque, promettant de revenir pour entraîner des « volontaires ».

Des groupes armés islamistes avaient auparavant attaqué Silgadji. Le 28 avril 2019, des hommes armés ont sommairement exécuté le pasteur et cinq membres des Assemblées de Dieu, une branche de l’Eglise protestante, provoquant la fuite de la plupart des chrétiens du village.

Un homme âgé de 37 ans qui était des alentours de Silgadji et se trouvait au marché le 25 janvier a déclaré que deux jeunes hommes qu’il soupçonnait d’être des combattants islamistes étaient arrivés au village vers 14h30 pour acheter de l’eau et des biscuits. « Ils sont repartis et une demi-heure plus tard, nous avons entendu le bruit des motos en train d’approcher du marché », a-t-il expliqué. « Nous pensions que c’était les FDS, mais ils ont cernés le marché et nous ont fait sortir de nos magasins. »         

Les assaillants, qui selon les deux témoins portaient des turbans et un mélange de vêtements civils et de treillis militaires, ont ensuite demandé aux villageois pourquoi les femmes ne portaient toujours pas de voile et les hommes continuaient de se raser la barbe. Ils ont ensuite ordonné aux femmes et à ceux qui n’étaient pas du village de quitter le marché.

« Ils ont dit qu’ils n’étaient intéressés que par les habitants de Silgadji-centrepuisque c’était eux quiavaient demandé à l’armée de venir les aider à se battre », a expliqué l’homme âgé de 37 ans. « Ils m’ont relâché parce que je ne suis pas du village. En partant, à moins de 20 mètres de là, ils ont commencé à tirer sur les gens. »

L’autre témoin, un homme âgé de 41 ans originaire de Silgadji, a déclaré avoir vu quatre membres du groupe armé islamiste exécuter des dizaines d’hommes étendus sur le ventre derrière le marché : « Ils leur ont tiré dans la tête, mais ceux qui ont tenté de s’échapper ont reçu une balle dans la poitrine ».

Les deux témoins ont déclaré avoir aidé à enterrer les victimes le lendemain.

Appui gouvernemental aux milices d’autodéfense

Le 21 janvier, au lendemain des massacres perpétrés à Nagraogo et Alamou, l’Assemblée nationale du Burkina Faso a adopté à l’unanimité la loi portant création des « Volontaires pour la défense de la patrie ». Le président du pays, Roch Kaboré, avait annoncé cette initiative au lendemain de l’attaque en date du 6 novembre 2019 contre un convoi minier dans la région Est qui avait provoqué la mort de 39 personnes.

La loi contraint les Volontaires « de contribuer, au besoin par la force des armes, à la défense et à la protection des personnes et des biens de son village ou secteur de résidence », à être placés sous l’autorité des militaires et à coopérer avec eux. Bien qu’elle stipule que les volontaires doivent exercer leur fonction avec « neutralité », la loi leur ordonne de défendre les « intérêts sécuritaires » de leur propre village, lesquels, dans le contexte actuel, peuvent se heurter à ceux des villages ou des communautés voisins.

Le gouvernement burkinabé a précédemment toléré la présence de groupes civils armés, notamment les Koglweogo, une force principalement anticriminelle impliquée dans de graves exactions. Le 1er janvier 2019, la milice d’autodéfense Koglweogo a tué un grand nombre de civils peuls dans le village de Yirgou, dans la région Centre-Nord, après les avoir accusés d’héberger des islamistes armés qui avaient tué un chef mossi et cinq civils un jour plus tôt. Un an plus tard, les responsabilités de ces meurtres n’ont toujours pas été établies, malgré une enquête en cours.

Amnesty International a fait état de la poursuite par les Koglweogo d’attaques visant des civils peuls après l’approbation par le parlement du Burkina Faso de la loi sur les Volontaires. Le 8 mars, les forces d’autodéfense Koglweogo auraient attaqué trois villages de la province de Yatenga, dans la région Sahel, tuant au moins 43 habitants peuls et incendiant des maisons.

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