(Erbil, le 11 novembre 2016) - Les forces de l'Etat islamique (EI) ont mené au moins trois attaques chimiques contre la ville de Qayyarah, en Irak, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Toute utilisation de produits chimiques toxiques comme arme de guerre constitue une grave menace pour les civils ainsi que pour les combattants qui se trouvent à Mossoul et aux alentours, et constitue un crime de guerre.
Ces attaques ont été menées en septembre et octobre contre la ville de Qayyarah, à 60 kilomètres au sud de Mossoul, suite à la reconquête de Qayyarah par les forces gouvernementales irakiennes le 25 août 2016. Ces attaques ont au blessé au moins sept personnes, provoquant des brûlures douloureuses, comparable aux effets causés par un agent vésicant comme l’ypérite (« gaz moutarde »), selon un expert interrogé par Human Rights Watch.
« Les attaques menées par l’État islamique avec des produits chimiques toxiques témoignent d’un mépris brutal à l’égard de la vie humaine et des lois de la guerre », a déclaré Lama Fakih, directrice adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Tout en fuyant des villes, les combattants de l’EI ont à plusieurs reprises attaqué les civils s’y trouvant encore, ce qui suscite des préoccupations croissantes concernant les habitants de Mossoul et d'autres zones de conflit. »
Toute utilisation d'agents vésicants ou d'autres produits chimiques toxiques lors d’attaques constitue une violation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, adoptée en 1993. Cette convention, à laquelle l'Irak a adhéré en 2009, interdit à quiconque, quelles que soient les circonstances, d'utiliser les propriétés toxiques de produits chimiques pour « provoquer la mort ou d'autres dommages », que ce soit à d’autres combattants ou à des civils. Il s'agit d'un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale et du droit coutumier de la guerre.
L’EI a déjà mené des attaques chimiques, notamment en août 2015, selon une enquête des Nations Unies.
Depuis le lancement des opérations militaires à Mossoul, les combattants de l’EI ont manifestement forcé des centaines de civils à les accompagner, apparemment pour les utiliser comme « boucliers humains », selon Human Rights Watch. L’EI a également exécuté de nombreuses personnes suspectées de liens avec les forces de sécurité irakiennes.
Communiqué intégral en anglais :
https://www.hrw.org/news/2016/11/11/iraq-fleeing-isis-forces-fired-toxic-chemicals