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Le gouvernement burundais accentue la répression par crainte de la dissidence

Activistes et médias font l’objet d’interdictions et de sanctions

Le gouvernement burundais, manifestement irrité par la condamnation internationale de la crise qui frappe le pays depuis un an et demi, cherche désespérément à faire disparaître cette crise et à s’assurer que le monde pense que le pays est parfaitement paisible. Ainsi, le gouvernement réprime brutalement toute forme de dissidence, qu’elle soit réelle ou imaginaire.

Des représentants de 4 des 10 organisations radiées ou suspendues par le gouvernement burundais: de gauche à droite, Pierre Claver Mbonimpa (APRODH), Vital Nshimirimana (FORSC), Pacifique Nininahazwe (FOCODE), et Armel Niyongere (ACAT). © 2015 Iwacu

C’est exactement ce qui s’est passé au cours des derniers jours lorsque le ministre de l’Intérieur Pascal Barandagiye a radié cinq organisations non gouvernementales burundaises et en a suspendu cinq autres. Barandagiye a déclaré que les groupes radiés s’étaient activés à « ternir l’image du pays » et à « semer la haine et la division au sein de la population burundaise ».

Ces organisations se sont élevées à plusieurs reprises contre les abus du gouvernement. En novembre dernier, le gouvernement avait suspendu les activités et gelé les comptes bancaires de plusieurs d’entre elles, mais il n’était pas allé jusqu’à les interdire définitivement. Désormais, le message est clair : si vous nous contrariez, vous en subirez les conséquences.

Le 24 octobre, le gouvernement a également imposé de nouvelles restrictions aux médias, notamment l’interdiction pour les médias nationaux et internationaux d’employer des journalistes qui ne sont pas inscrits au registre national des médias. Ces mesures interviennent après que les autorités ont arrêté une journaliste américaine, ainsi que son guide et son chauffeur, le 23 octobre. Ils ont été relâchés sans chef d’inculpation.

La radiation des organisations non gouvernementales et les sanctions des médias reflètent le durcissement des positions au sein du gouvernement et du parti au pouvoir. Alors que ceux-ci, bon gré mal gré, toléraient auparavant les critiques, toute lueur d’espoir de voir des médias indépendants et des groupes de défense des droits humains agir librement au Burundi semble s’être évanouie.

En moins de deux ans, le gouvernement a instauré  une culture de la paranoïa. Des paysans jusqu’aux fonctionnaires, beaucoup vivent dans la peur après que des centaines de personnes ont été tuées et des milliers d’autres ont été emprisonnées de façon arbitraire. Rien qu’au cours des dix derniers jours, plusieurs cadavres ont été découverts dans différentes régions du pays – un phénomène caractéristique de la crise actuelle. Dans le passé, les journalistes auraient enquêté sur ces affaires, mais ils hésitent désormais à creuser trop profondément et les témoins ont peur de parler.

En radiant les organisations de défense des droits humains et en sanctionnant les médias, le gouvernement a clairement affiché ses intentions : il veut que les atteintes aux droits humains restent dans l’ombre et ne soient pas exposées. Mais plus le gouvernement tente de dissimuler ces crimes, plus le désir sera grand pour les défenseurs des droits humains de les divulguer. Faire taire la vérité n’est pas chose facile.

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