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Conseil des droits de l'homme de l'ONU: Session spéciale sur la situation des droits humains en République centrafricaine

Depuis que la coalition rebelle de la Séléka a pris le pouvoir en mars 2013, la République centrafricaine est en proie à une grave crise humanitaire et en matière de droits humains. Depuis avril 2013, Human Rights Watch a documenté des incendies et des pillages de villages généralisés, des exécutions sommaires, des viols, ainsi que le recrutement d’enfants-soldats par les forces de la Séléka. En août 2013, les milices anti-balaka chrétiennes, dans une tentative de s’emparer du pouvoir et de mener des représailles contre la Séléka à prédominance musulmane, ont commencé à prendre pour cible des habitants musulmans, qu’ils ont accusés de soutenir la Séléka. Human Rights Watch a enquêté sur le cycle de violences sectaires depuis lors.

Au début du mois de décembre, les anti-balaka ont lancé des attaques à grande échelle contre les forces de la Séléka à Bangui et à Bossangoa, faisant des victimes parmi les membres de la Séléka et les civils musulmans. À son tour, la Séléka lourdement armée s’est vengée sur les civils chrétiens. Le 10 janvier, le président par intérim Michel Djotodia a démissionné ; les membres de la Séléka et les civils musulmans sont désormais plus vulnérables face aux attaques. Les résidents musulmans ont fui les zones rurales pour se rassembler dans les capitales de province et les centres économiques secondaires, mais ces endroits aussi sont désormais menacés.

Les anti-balaka auraient, par exemple, massacré près de 30-40 habitants peuls il y a 10 jours seulement à Boyali, un centre économique situé à 140 km au nord de Bangui. Il y a également eu des signalements de représailles et d’incendies de villages généralisés menés par la Séléka à Bozoum. À Bangui, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, environ 350 000 personnes, soit près de la moitié de la population de la ville, ont été déplacées par les combats sectaires. À travers le pays, des personnes vivent dans des conditions extrêmes dans des camps de fortune, sans accès à un logement, à de la nourriture, à de l’eau ni à des fournitures médicales. Des centaines de milliers de personnes se cachent dans la brousse, sans que nous connaissions le nombre de personnes mortes de maladies évitables, de faim et de froid. Les organismes d’aide ne sont pas en mesure de parvenir jusqu’à bon nombre de ces personnes en situation désespérée.

L’Union africaine et les forces françaises de maintien de la paix (MISCA) ont apporté un certain niveau de protection aux civils, mais elles manquent de capacité suffisante pour endiguer la catastrophe humanitaire et en matière de droits humains qui frappe la République centrafricaine. Comme cela a déjà été envisagé dans la résolution du Conseil de sécurité, les Nations Unies devraient intervenir. Le soutien rapide de la proposition du Secrétaire général des Nations Unies visant à transformer la force de l’UA en mission de l’ONU multidimensionnelle à part entière serait la meilleure option pour rétablir la stabilité en RCA et pour protéger les civils.

Nous sommes préoccupés par des informations selon lesquelles des troupes tchadiennes, intégrées dans la MISCA, sont impliquées dans des atteintes aux droits humains et des affrontements avec des manifestants. Ceci a été signalé dans le récent rapport du Haut-Commissariat, résultat d’une mission sur le terrain en décembre effectuée par le personnel du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Les Nations Unies devraient enquêter de manière exhaustive et urgente sur ces informations et prendre des mesures pour éviter de nouveaux abus. Le rapport souligne aussi la très grave crise des droits humains en RCA et la nécessité d’une surveillance plus exhaustive des abus commis.

La tenue de cette session spéciale et la nomination rapide de l’expert indépendant sont des mesures positives. L’expert indépendant devra travailler avec toutes les parties pour garantir l’arrêt immédiat des attaques contre les civils, des déplacements forcés, de la destruction et du pillage des biens des civils, et des meurtres ou des mauvais traitements à l’encontre des individus en détention. Le Conseil devrait soutenir le travail de l’expert et veiller à continuer de transmettre un message sans équivoque à toutes les parties indiquant qu’il n’y aura pas d’impunité pour les crimes commis contre la population civile.

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