Skip to main content

Questions et réponses : La catastrophe humanitaire à Gaza

Les obligations en vertu du droit international n’impliquent pas la réciprocité de violations : un crime de guerre n’en justifie pas un autre

Publié dans: The New Yorker
Des résidents de Gaza transportent des sacs de pain parmi les décombres d’une rue touchée par une frappe aérienne israélienne, le 10 octobre 2023. © 2023 Mahmud Hams/AFP via Getty Images

Entretien de Isaac Chotiner (The New Yorker) avec Sari Bashi, directrice de la division Programmes à Human Rights Watch, traduit en francais.

Le vendredi 13 octobre, Israël a commencé à avertir plus d'un million de Palestiniens vivant dans le nord de la bande de Gaza qu’ils devaient évacuer leurs domiciles. Israel a lancé ces avertissements tout en poursuivant sa campagne de bombardements, dont le but annoncé est de détruire le Hamas, le groupe terroriste qui a brutalement assassiné plus de 1 300 Israéliens durant le week-end du 7-8 octobre. Les Nations Unies ont toutefois déclaré qu’il serait « impossible » de déplacer autant de civils d’une zone aussi densément peuplée ; à ce jour [16 octobre], plus de 2 400 Palestiniens ont déjà été tués. Pour aider à comprendre la situation à Gaza, je me suis récemment entretenu par téléphone avec Sari Bashi, directrice de la division Programmes à Human Rights Watch. Elle avait précédemment cofondé l'organisation Gisha, qui travaille sur les questions de droits humains à Gaza, et vit actuellement en Cisjordanie. Au cours de notre entretien, qui a été édité afin de le raccourcir et clarifier, nous avons discuté de ses préoccupations spécifiques concernant l’action militaire israélienne, les défis liés à l’évacuation de Gaza et la manière dont les défenseurs des droits humains luttent contre divers types d’atrocités.

Ce n’est pas la première incursion israélienne à Gaza depuis que le Hamas a pris le contrôle de ce territoire en 2007. Quelles normes en matière de droits humains Israël a-t-il observées, ou non, lors d’incursions précédentes ?

Lors d’incursions antérieures, l’armée israélienne s’est livrée à des attaques disproportionnées et, dans certains cas, indiscriminées contre des civils. Les lois de la guerre exigent des armées qu’elles évitent de cibler délibérément les civils, et les attaques qui, de par leur nature, ne permettent pas de distinguer entre civils et combattants. C’est particulièrement le cas à Gaza, une zone urbaine très densément peuplée. Quand on y utilise des armes explosives à grande échelle, il est prévisible que des civils, notamment des enfants, mourront. Et c’est ce qui s’est produit ces derniers jours, mais aussi lors de la plupart des vagues de violence qui ont eu lieu ces dernières années.

Le gouvernement israélien a souvent affirmé, au sujet d’incursions antérieures, qu’il a averti les gens au préalable en leur demandant de quitter la zone concernée, et que par ailleurs, il ne cible pas directement les civils. Le gouvernement affirme qu’il cible plutôt les terroristes du Hamas tout en cherchant à éviter les pertes civiles. Êtes-vous d’accord avec ces déclarations, et qu’avez-vous observé au cours des deux dernières décennies ?

Je ne suis pas d’accord. Je pense que dans de nombreux cas, l’armée israélienne a ouvertement pris des civils pour cible. C’est juste qu’ils ne les reconnaissent pas comme des civils. Il y a eu une attaque contre un commissariat de police où des aspirants policiers s’apprêtaient à recevoir leurs diplômes, lors de laquelle des centaines de personnes ont été tuées. C’était en 2008. Mais le fait que ces aspirants policiers travaillaient pour le gouvernement dirigé par le Hamas ne faisait pas d’eux des combattants. Dans d’autres cas, l’armée israélienne a attaqué des dirigeants politiques du Hamas, qui ne sont pourtant pas considérés comme des cibles légitimes selon le droit international. Mais je pense que la plupart des terribles dégâts proviennent d’attaques indiscriminées et disproportionnées contre des zones civiles.

Il y a eu une opération militaire pendant laquelle le gouvernement israélien a affirmé avec fierté avoir envoyé des messages à cent mille foyers à Gaza. Mais cela représente environ la moitié du nombre de domiciles familiaux à Gaza. Si vous dites aux gens : nous allons bombarder votre zone et qu’il n’y a aucun endroit sûr où aller, on ne peut pas considérer cet avertissement comme efficace. Et même si vous prévenez les civils, s’ils ne partent pas parce qu’ils ne peuvent pas, ou ne veulent pas le faire, vous n’êtes pas autorisé à les cibler. En termes de disproportionnalité des attaques, un certain nombre d’entre elle constituaient des crimes de guerre parce que l’armée bombardait des villes et des zones très densément peuplées, où l’on pouvait s’attendre à des morts de civils et d’enfants. C’est une tendance que nous avons constatée à maintes reprises, je suis désolée de le dire.

Soyons clairs : les combattants à Gaza – notamment le Hamas et le Jihad islamique – se livrent manifestement à des crimes de guerre lorsqu’ils tirent des roquettes sans discernement sur des villes israéliennes. Il n’est pas difficile de conclure qu’il s’agit de crimes de guerre, car ils ciblent directement les civils. Le gouvernement israélien utilise des méthodes plus floues, mais on ne peut pas dire qu’il ait agi dans le respect des lois de la guerre ; les données terribles sur les morts, les blessés, la destruction de maisons, d’écoles et de cliniques à Gaza tendent à indiquer que les lois de la guerre n’ont pas été respectées.

Vous travaillez sur la situation à Gaza depuis près de vingt ans. Comment la situation humanitaire a-t-elle évolué ou empiré, sachant qu’il y eu un blocus pendant la majeure partie de cette période.

La bande de Gaza a été délimitée après la guerre de 1948, conduisant à une situation où des centaines de milliers de réfugiés vivaient dans une zone très densément peuplée. Gaza compte 2,2 millions d’habitants, dont 70 % sont des réfugiés et près de la moitié sont des enfants. Au cours des seize dernières années, ils ont été soumis à une situation punitive, le gouvernement israélien ayant fermé les points de passage pour entrer et sortir de Gaza, limité la circulation des marchandises et autorisé les gens à voyager seulement dans ce qu’il désigne comme des « circonstances humanitaires exceptionnelles ».

L’économie de Gaza s’est donc effondrée. Le taux de chômage approche les 50 %. Le PIB par habitant est inférieur à ce qu’il était en 1994. Les habitants de Gaza ne peuvent pas partir étudier ou travailler. Ils ne peuvent pas faire venir des gens pour travailler ou pour répondre à d’autres opportunités et 80 % de la population dépend de l’aide humanitaire. La situation a limité les perspectives, en particulier des jeunes. La population est très jeune et voyager à l’étranger est difficile. La plupart d’entre eux n’ont jamais quitté la bande de Gaza. Ils ne peuvent pas rendre visite à leurs proches, et dans certains cas, à des membres de leur famille immédiate en Cisjordanie ou en Israël. Les jeunes ne sont pas autorisés à se rendre dans les universités palestiniennes de Cisjordanie. On ne peut ignorer que cette situation est l’un des moteurs de la violence actuelle.

Lors des précédentes incursions, Israël a déclaré se rendre à Gaza pour détruire le Hamas ou l’affaiblir. Cette opération semble beaucoup plus importante. Quelles sont vos préoccupations spécifiques à ce sujet et comment s’inscrit-elle dans la continuité des actions passées à Gaza ?

La semaine écoulée a été sans précédent. Les attaques que le Hamas et d’autres groupes armés de Gaza ont lancées samedi contre des civils israéliens ne ressemblent à rien dans l’histoire d’Israël. Nous parlons de combattants qui viennent, kidnappent des enfants, des personnes âgées, des bébés, brûlent des familles dans leurs maisons, se livrent à un massacre lors d’une soirée dansante en plein air, de sorte que des centaines de civils israéliens sont tués. Nous n’avons jamais connu cela. La réponse israélienne en ce qui concerne les opérations militaires contre Gaza est également sans précédent.

Le gouvernement israélien a bloqué l’approvisionnement en nourriture, en électricité, en carburant et en eau des 2,2 millions d’habitants de Gaza. [Dimanche, la Maison Blanche a déclaré qu’Israël avait rétabli l’eau dans le sud de la bande de Gaza]. Ils ont déclaré avoir demandé aux habitants du nord – soit la moitié de la population – d’évacuer vers le sud. Cela représente un million de personnes. Ils l’ont fait dans des circonstances où il n’existe pas d’endroit sûr où se rendre et nombreux sont ceux qui ne peuvent pas évacuer. Il y a des personnes âgées, des personnes handicapées. Il y a aussi des personnes hospitalisées.

Rien de tout cela n’a de précédent. Dans le passé, le gouvernement israélien autorisait l’entrée de l’aide humanitaire ; aujourd’hui, il a ouvertement déclaré qu’il s’engageait dans la voie d’une punition collective contre la population de Gaza, et qu’il allait priver la population civile de denrées pour punir le Hamas et le Djihad islamique.

Vous avez mentionné l’ordre d’évacuation. Abstraction faite des spécificités de ce conflit, comment traite-t-on humainement les civils dans les zones de guerre ?

Les lois de la guerre exigent, si les circonstances le permettent, que les parties belligérantes avertissent préalablement et efficacement des attaques qui pourraient affecter la population civile. Pour qu’un avertissement soit efficace, il faut tenir compte du moment où il est donné et de la capacité des civils à quitter la zone. Si vous ne leur donnez pas suffisamment de temps, l’alerte n’est pas considérée comme efficace. Mais les civils qui n’évacuent pas, soit parce qu’ils ne le peuvent pas, soit parce qu’ils choisissent de ne pas le faire, ne deviennent pas des cibles légitimes. Ils restent pleinement protégés par le droit international humanitaire. Ainsi, même après les avertissements, l’armée israélienne doit prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils et leurs biens dans la zone dite d’évacuation.

Ce qui me préoccupe, c’est que l’armée israélienne a déclaré : « C’est la faute du Hamas si ces gens n’évacuent pas ». Cela me fait craindre qu’elle s’estime autorisée à s’en prendre aux civils dans les zones qu’ils n’ont pas évacuées. [Hamas a demandé aux Palestiniens de ne pas quitter leurs foyers.] Le principal hôpital de Gaza, qui accueille actuellement plus de six mille personnes blessées ces deux derniers jours, se trouve dans la zone d’évacuation. Que veulent-ils que les gens fassent ? Cette femme dans son lit en soins intensifs devrait-elle évacuer ? Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas évacuer ou qui choisissent de ne pas le faire.

Pour de nombreux réfugiés de Gaza, en particulier les personnes âgées qui se souviennent de 1948, cela ressemble à une répétition de ce que les Palestiniens ont appelé la Nakba (« catastrophe »), lorsqu’on leur a dit de partir ou qu’ils ont fui et n’ont jamais été autorisés à revenir. Le fait que l’armée israélienne ait également demandé à l’Égypte d’ouvrir sa frontière et ait appelé les civils de Gaza à fuir vers l’Égypte ne fait qu’exacerber ces craintes.

Qu’est-ce qu’Israël dit de plus sur les zones où ces personnes peuvent se rendre ?

Ceux qui ont fui ont fui vers le sud. Le gouvernement israélien a tracé une ligne à l’extrémité nord de Gaza et a déclaré : « Tous ceux ce qui se trouvent au nord de cette ligne, y compris la ville de Gaza, les camps de réfugiés densément peuplés et le principal hôpital de Gaza, vous devez partir ». De nombreuses personnes terrifiées se sont réfugiées chez des proches, ou dans des maisons dans le sud de la bande de Gaza. Beaucoup ne peuvent pas fuir. J’espère vraiment que l’armée israélienne comprend qu’elle a donné à la population un avertissement qu’il est très difficile voire impossible de respecter, et que cela ne la dispense pas de prendre toutes les précautions possibles pour ne pas blesser les civils.

Vendredi [13 octobre], le président israélien, Isaac Herzog, a déclaré en réponse à une question : « Ce n’est pas vrai, cette rhétorique selon laquelle les civils ne sont pas au courant ou pas impliqués. Cela n’est absolument pas vrai. Ils auraient pu se soulever, se battre contre le régime diabolique qui a pris le contrôle de Gaza par un coup d’État. » Dans quelle mesure cela est-il contraire au droit international, à l’idée que les civils assument une part de responsabilité dans la situation politique dans laquelle ils se trouvent ?

Le droit international humanitaire interdit de punir des personnes pour des actes qu’elles n’ont pas commis. Dans le cas présent, il s’agit de punir des civils pour les actions du Hamas. Lorsque le président fait cette déclaration, c’est particulièrement troublant, car près de la moitié des habitants de Gaza sont des enfants et ce sont donc eux qui sont punis pour les actes de combattants adultes. Le droit international est très clair à ce sujet. Les punitions collectives sont illégales. Il est permis de cibler les combattants mais il est interdit de punir la population civile en la privant de produits de base et il existe des interdictions spécifiques concernant l’utilisation de la famine comme méthode de guerre. Israël a également l’obligation positive de faciliter l’assistance humanitaire aux habitants de Gaza qui en ont besoin. L’armée israélienne a donc l’obligation de s’assurer de manière proactive que les civils et Gaza sont correctement approvisionnés et de faciliter toute forme d’aide humanitaire. Au lieu de cela, elle bloque délibérément l’aide humanitaire, y compris l’eau et la nourriture.

Israël a déclaré que le Hamas utilisait les civils comme boucliers humains. S’agit-il d’un crime de guerre ?

Oui, nous sommes très préoccupés par le fait que le Hamas et d’autres combattants ne prennent pas les mesures adéquates pour protéger les civils. Ainsi, lorsqu’ils stockent des armes dans des zones civiles, lorsqu’ils concentrent leurs activités de combat dans des zones civiles densément peuplées, ils mettent les civils en danger, ce qui constitue une violation du droit international. Cela ne donne pas au gouvernement israélien le droit d’ignorer son obligation d’éviter de causer des dommages disproportionnés ou aveugles à ces civils.

Vous avez dit que vous vous trouviez en Cisjordanie lorsque nous avons commencé cet entretien téléphonique. Quelles sont vos préoccupations concernant la Cisjordanie pendant la période à venir, alors que nous assistons à une intensification des bombardements sur Gaza ?

Même avant cette semaine, il y a eu une escalade de la violence en Cisjordanie, essentiellement des soldats et des colons israéliens qui attaquent des Palestiniens, et quelques incidents où des Palestiniens armés ont attaqué des Israéliens, des soldats et des civils. L’inquiétude vient en partie du fait que le gouvernement de Benyamin Netanyahou n’a non seulement pas manifesté la moindre volonté de stopper la violence des colons israéliens, mais qu’il a même soutenu les actes de violence des colons israéliens à l’encontre des Palestiniens. Tout cela transforme les circonstances actuelles en baril de poudre. La semaine dernière, on a assisté à une recrudescence de la violence, avec des personnes tuées par balle et d’autres tentatives d’attentat. Je crains que la situation ne s’aggrave au fur et à mesure de la dégradation de la situation à Gaza, et que le gouvernement israélien ne s’intéresse absolument pas à la désescalade. Beaucoup de gens sont donc inquiets.

Considérez-vous que les actions d’Israël à Gaza se situent en dehors de la norme que des pays démocratiques comme les Etats-Unis tâchent de respecter en matière d’engagement dans une guerre ? Cette question ne sous-entend pas qu’il s’agit d’une norme acceptable. Mais pensez-vous qu’Israël se place de fait en dehors de cette norme ?

Il y a des pays où les élections sont démocratiques et qui se livrent à des crimes de guerre horribles, et il y a des pays très répressifs politiquement mais qui ne violent pas les lois de la guerre. La seule norme que je reconnaisse est celle que tous les pays du monde ont signée, à savoir le droit international humanitaire. Pour que quelque chose devienne une obligation contraignante en vertu du droit de la guerre, il faut que presque tous les pays du monde déclarent qu’il s’agit d’une obligation contraignante. Presque tous les pays du monde s’accordent à dire qu’il n’est pas permis de prendre pour cible des civils, et cette coutume de ne pas prendre les civils pour cible est devenue une règle.

Malheureusement, le gouvernement israélien a commis des crimes contre l’humanité qui prennent la forme d’un apartheid et de persécutions, qui font partie des causes profondes de cette violence. Cette oppression sous-jacente est l’un des causes profondes de cette violence. Je dis cela sans justifier la moindre violence.

Une grande partie de la rhétorique aux États-Unis a consisté à dire que le Hamas se situe à un niveau de barbarie différent de celui d’Israël, en raison de la brutalité du massacre auquel nous avons assisté le week-end dernier, et du sentiment, largement exprimé par un large spectre politique américain, qu’Israël ne commet pas ce genre d’actes. En même temps, Israël a probablement déjà tué plus de personnes, plus de civils et plus d’enfants dans sa réponse que le Hamas ne l’a fait le week-end dernier. Je suis curieux de savoir comment, dans votre esprit, vous parvenez à concilier ces deux idées : le fait de torturer ou tuer intentionnellement des civils et des enfants est un acte particulièrement horrible, mais, dans le même temps, Israël s’est aussi engagé dans un comportement illégal qui va entraîner la mort d’un plus grand nombre de personnes.

Les obligations du droit international sont non réciproques. Si l’autre partie commet des crimes de guerre, cela ne signifie pas que vous pouvez en commettre. Nous ne faisons pas de comparaisons entre différents types de crimes de guerre. Le Hamas tue délibérément des civils à grande échelle, prend ces civils en otage et menace même de les exécuter : ce sont des crimes de guerre. Cela ne justifie pas que le gouvernement israélien commette ses propres crimes de guerre. C’est une inquiétude immense.

Permettez-moi de le dire autrement : notre travail à Human Rights Watch est d’essayer de maintenir ouvert un canal très étroit où les principes universels d’humanité et de dignité humaine sont respectés, peu importe qui vous êtes. Je crains que les États-Unis ne condamnent à juste titre les actes horribles commis par le Hamas samedi, mais oublient que ces mêmes principes qui concernent la protection des civils s’appliquent aussi à l’opération militaire israélienne à Gaza.

Vous avez il me semble tenté de tracer une ligne intéressante au cours de cette conversation, en essayant de sensibiliser les gens aux actions qui ont eu lieu dans le passé. Vous avez parlé de la Nakba, des gens qui fuient et craignent que l’histoire se répète, de ce qui s’est passé le week-end dernier. Vous avez mentionné qu’Israël a une part de responsabilité dans la situation à long terme sur le terrain, en Cisjordanie et à Gaza. Dans le même temps, vous dites que dans un sens, du point de vue des droits humains, tout cela n’est pas pertinent, et que chacun a la responsabilité de respecter ses obligations en matière de droits humains, indépendamment de ce qui s’est produit par le passé…

C’est tout à fait vrai. Et pour être juste, je peux comprendre qu’on réagisse aux actes horribles de samedi dans le sud d’Israël et qu’on soit en colère. Mais si les gens essaient de comprendre pourquoi ils sont en colère, ils comprendront que c’est parce que des enfants ont été pris pour cible et parce que des personnes âgées ont été kidnappées. Ils sont en colère parce que des civils ont été blessés et que les principes fondamentaux de la décence humaine ont été bafoués. La réponse ne devrait donc pas consister à bafouer les principes fondamentaux de la décence humaine et de la protection des civils qui se trouvent en face. Cela ne devrait pas être aussi difficile à exprimer, et pourtant ça l’est. Je voudrais encourager chacun à se poser la question de savoir si l’argument qui consiste à dire « Ils sont pires que nous » est constructif, ou moralement approprié dans ces circonstances.

Ou, peut-être, même si cet argument est moralement approprié, n’est-il pas constructif pour l’instant, parce que nous avons tous besoin de respecter les mêmes idées universelles dans notre conduite.

Ces idées universelles incluent des normes très strictes de non-réciprocité. On ne peut pas cibler des civils parce que quelqu’un d’autre a ciblé des civils. Il n’y a pas de réciprocité, car les obligations sont envers les civils. Il ne s’agit pas d’un accord entre combattants. Il s’agit d’un accord avec l’humanité.

…………..

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.