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Le Burkina Faso expulse deux journalistes françaises

Les autorités devraient annuler ces expulsions et protéger la liberté des médias

Une télévision montre le signal coupé de la chaîne France 24, quelques heures après que le gouvernement militaire du Burkina Faso ait suspendu la chaîne, le 27 mars 2023. © 2023 Olympia de Maismont/AFP via Getty Images

Dans un nouveau coup asséné à la liberté de l’information au Burkina Faso, les autorités militaires de transition du pays ont expulsé Agnès Faivre et Sophie Douce, deux journalistes travaillant respectivement pour les quotidiens français Libération et Le Monde. Toutes deux étaient munies de visas et d’accréditations en règle.

Selon les deux journaux, des agents des services de renseignement nationaux ont convoqué et interrogé les deux journalistes au sujet de leur travail le 31 mars à Ouagadougou, la capitale, puis leur ont donné 24 heures pour quitter le pays, sans fournir le moindre motif pour leur expulsion.

Dans un éditorial, Libération a affirmé que la décision d’expulser sa correspondante était « injustifiée » et liée à son enquête du 27 mars concernant une vidéo qui aurait été filmée dans une caserne militaire à Ouahigouya, dans la province de Yatenga ; cette vidéo montrait des cadavres d’enfants sur le sol, en présence d’hommes apparemment vêtus d’uniformes militaires burkinabè. Le Monde a qualifié ces expulsions d’« inacceptables », et a condamné « avec la plus grande fermeté cette décision arbitraire ».

L’expulsion de ces deux journalistes n’est que la dernière en date des attaques contre les libertés d’expression et des médias au Burkina Faso. Elle fait suite à la suspension, le 27 mars, des émissions de la chaîne de télévision française d’information internationale France 24 et, le 3 décembre 2022, de celles de la station de radio française d’information internationale Radio France Internationale (RFI), toutes deux accusées par le gouvernement burkinabè de diffusion de fausses nouvelles.

« La junte inflige des dommages irréparables à la liberté d’expression dans ce pays », a déclaré Daouda Diallo, un activiste burkinabè des droits humains renommé, lauréat en 2022 du prix Martin Ennals, le prix le plus prestigieux des défenseurs des droits humains. « Le journalisme n’est pas un crime, et devrait cesser d’être un métier dangereux au Burkina Faso ».

Les journalistes et les organes de presse au Burkina Faso, locaux et internationaux, sont soumis à de plus en plus d’actes de harcèlement, de menaces et d’arrestations arbitraires, dans le cadre d’une tentative flagrante de la part de la junte militaire de museler les sources d’information indépendantes et critiques dans le pays.

Alors que le Burkina Faso fait face à un conflit armé avec des groupes islamistes armés, les journalistes devraient pouvoir travailler librement, sans crainte de représailles. Les autorités militaires de transition devraient annuler leur décision, et permettre à Agnès Faivre et Sophie Douce de revenir dans le pays. Et surtout, les autorités devraient supprimer les obstacles qui entravent l’important travail des journalistes qui informent et instruisent le peuple burkinabè.

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