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Chine : Des peines de prison injustifiées au Xinjiang

Des condamnations sévères et injustes ont été prononcées contre des Ouïghours et d’autres musulmans

Une clôture hautement sécurisée devant un « centre d’éducation professionnelle,  situé à Dabancheng dans la région du Xinjiang en Chine, et photographié en septembre 2018. © 2018 Reuters/Thomas Peter

(New York, le 24 février 2021) - Le gouvernement chinois a augmenté le nombre de poursuites sans motif valable à l’encontre d’Ouïghours et d’autres musulmans dans la région du Xinjiang au cours des dernières années, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ces poursuites mènent souvent à des condamnations à de longues peines de prison Depuis que le gouvernement chinois a intensifié sa campagne « Frapper fort contre le terrorisme violent » à la fin de 2016, les autorités judiciaires de la région du Xinjiang ont condamné plus de 250 000 personnes.

Bien que peu de verdicts ou d’autres documents officiels soient publiquement disponibles en raison du strict contrôle des informations par les autorités du Xinjiang, Human Rights Watch a pu analyser des données concernant environ 60 affaires. Cette analyse a permis de conclure que de nombreuses personnes ont été condamnées et emprisonnées sans commettre de véritable délit. Ces poursuites formelles s’ajoutent aux cas des centaines de milliers de personnes qui seraient détenues arbitrairement dans des centres illégaux d '« éducation politique ».

« Bien que l’utilisation par le gouvernement chinois de camps d’«éducation politique» au Xinjiang ait provoqué l’indignation internationale, les condamnations officielles de musulmans par les autorités juridiques ont attiré beaucoup moins d’attention », a déclaré Maya Wang, chercheuse senior sur la Chine à Human Rights Watch. « Or, sous de fausses apparences de légalité, de nombreuses personnes emprisonnées au Xinjiang sont des gens ordinaires qui ont été condamnés simplement pour avoir voulu vivre leur vie en pratiquant leur religion. »

Selon les statistiques du gouvernement chinois, les tribunaux du Xinjiang ont condamné 99 326 personnes en 2017, et 133 198 personnes en 2018. Les autorités n'ont pas publié de statistiques sur les condamnations pour 2019. Selon la base de données des victimes du Xinjiang (Xinjiang Victims Database), publiée par une organisation non gouvernementale, le nombre de personnes condamnées en 2019 serait situé entre les chiffres des deux années précédentes.

Parmi les cas d’emprisonnement arbitraire dans le cadre de la campagne « Frapper fort » au Xinjiang figurent les cas des personnes suivantes :

  • Jin Huaide, un musulman de l’ethnie Hui âgé de 47 ans, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour « séparatisme » dans la préfecture de Changji au Xinjiang, en septembre 2018. Le tribunal populaire intermédiaire de Changji a condamné Jin pour avoir organisé « de façon répétée et illégale » des voyages à l'étranger pour étudier le Coran, pour avoir invité au Xinjiang des personnalités religieuses d’autres pays comme le Bangladesh et le Kirghizistan, et pour avoir organisé dans la région des « réunions religieuses » entre 2006 et 2014.
  • Nebijan Ghoja Ehmet, un Ouïghour, a été reconnu coupable d '« incitation à la haine et à la discrimination ethniques » pour avoir décrit à d’autres personnes « ce qui est haram et halal » (interdit et permis selon l'Islam). Il a été condamné à 10 ans de prison.
  • Huang Shike, un musulman de l’ethnie Hui, a été reconnu coupable d '« utilisation illégale d'Internet » après avoir expliqué les principes du Coran lors de discussions en ligne avec les membres de deux groupes WeChat. Il a été condamné à deux ans de prison.
  • Asqar Azatbek, d’origine kazakhe, a été reconnu coupable « d'espionnage et de fraude » pour avoir montré à un fonctionnaire kazakh, qui visitait le Xinjiang, des projets hydrauliques situés près de la frontière entre la Chine et le Kazakhstan. Il a été condamné à 20 ans de prison.
  • Nie Shigang, un musulman de l’ethnie Hui, a d’abord été reconnu coupable de « soutien à des activités terroristes » et de « blanchiment d'argent » pour avoir aidé plus de 100 Ouïghours à transférer de l'argent à des membres de leurs familles en Égypte, et condamné à 15 ans de prison. En appel, cependant, le tribunal a statué que Nie n'était coupable que de « blanchiment d'argent », et a réduit sa peine à cinq ans de prison (au lieu de 15).
  • Nurlan Pioner, d’origine kazakhe, a été reconnu coupable de « trouble à l'ordre public » et d' « extrémisme » pour avoir voulu enseigner les principes de sa religion à plus de 70 personnes, et a été condamné à 17 ans de prison;

La campagne « Frapper Fort » menée par des autorités du Xinjiang cible le « virus idéologique » qui serait propagé par les musulmans turciques, ainsi que les concepts religieux et politiques comme le panislamisme, qui ne sont pas conformes aux directives de l’État. Cela implique une surveillance de masse et un endoctrinement politique de l'ensemble de la population de cette région.

Le gouvernement chinois, qui a nié les détentions arbitraires massives au Xinjiang, a affirmé qu'il gouverne cette région selon les principes de l'État de droit. Mais de nombreuses personnes ont subi des disparitions forcées, étant détenues ou emprisonnées sans que leurs familles ne sachent où elles se trouvent. Les personnes libérées sont soumises à une surveillance continue, et dans certains cas au travail forcé.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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RFI/AFP       LaLibre.be      LaPresse.ca

LCI    La Croix   Euronews

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