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Au Burundi, l’étau se resserre autour de la liberté des médias

Le gouvernement interdit aux journalistes de communiquer des informations à la BBC et à la VOA

Le président burundais Pierre Nkurunziza arrive pour les célébrations marquant le 55ème anniversaire de l’indépendance au stade du Prince Louis Rwagasore de Bujumbura, au Burundi, le 1er juillet 2017. © 2017 Evrard Ngendakumana/Reuters

Le gouvernement burundais a lancé aujourd’hui une nouvelle attaque contre la liberté des médias, en annonçant le renouvellement de la suspension de la radio Voice of America (VOA) et le retrait de l’autorisation d’exploitation de la British Broadcasting Corporation (BBC). Ces mesures draconiennes représentent une nouvelle tentative d’empêcher le monde de connaître les graves violations des droits humains qui sont commises au Burundi.

La BBC et la VOA, deux voix indépendantes et cruciales au Burundi, ont déjà vécu cela auparavant. Quelques semaines avant un référendum constitutionnel controversé en mai 2018, le Conseil national de la communication (CNC) a suspendu les deux médias, les empêchant ainsi de diffuser des informations dans le pays. À la même époque, Human Rights Watch a constaté que les services de sécurité du Burundi et des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir ont tué, violé, enlevé, battu et intimidé des opposants présumés dans les mois précédant le référendum.

Mais à présent, le gouvernement est allé plus loin en interdisant formellement à tout journaliste au Burundi de « fournir directement ou indirectement des informations pouvant être diffusées » par la BBC ou la VOA. Il n’est pas clair ce que transmettre des informations « indirectement » signifie, mais cela pourrait avoir des conséquences inquiétantes pour les journalistes qui postent sur les réseaux sociaux dans le pays.

Le gouvernement a accusé la VOA de maintenir dans son personnel Patrick Nduwimana, l'ancien directeur de la désormais silencieuse radio locale Bonesha FM. Nduwimana a été forcé de fuir lorsque les stations de radio locales ont été physiquement détruites en 2015, après que la décision du président Pierre Nkurunziza de se présenter à un troisième mandat controversé a provoqué une grave crise des droits humains.

La BBC est accusée d'avoir porté atteinte à la réputation du pays, à travers la diffusion d'un documentaire sur des lieux de torture et de détention secrets au Burundi, et d'avoir enfreint la loi sur la presse.

En essayant de couper la communication d'informations à la source, le gouvernement espère probablement qu'il sera en mesure de mener ses affaires à l’abri des regards.

Cette décision intervient à peine deux jours après la libération de trois écolières emprisonnées ce mois-ci pour avoir prétendument gribouillé l’image du président dans leurs manuels scolaires. Leur arrestation et leur détention ont déclenché la critique et une campagne mondiale dans les réseaux sociaux encourageant les autres à gribouiller l’image du président et à la publier en ligne par solidarité avec elles, qui a été couverte par la BBC et d’autres médias internationaux.

Ces dernières années, le gouvernement burundais semble trouver les critiques intolérables. Un journaliste est toujours porté disparu et de nombreux autres sont en exil. Alors que les élections de l'année prochaine approchent, il est extrêmement préoccupant de voir que le gouvernement redouble ses efforts et que l’étau se resserre autour des derniers vestiges de la liberté d'expression au Burundi.

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