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Inde : Attaques contre des minorités sous prétexte de « protection de vaches »

Les autorités devraient mettre fin aux discours sectaires et traduire les auteurs d’agressions en justice

Des membres d'un groupe de « protection des vaches » s’apprêtent à confisquer des vaches transportées à l’arrière d’un camion par des commerçants de bétail à Ramgarh, dans l’État du Rajasthan en Inde, en novembre 2015. © 2015 Allison Joyce/Getty Images

(New York, le 19 février 2019) - Le gouvernement indien devrait prendre des mesures pour empêcher les actes de violence populaire contre des minorités sous prétexte de protection des vaches, et poursuivre les responsables en justice, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.

Le rapport de 104 pages, intitulé « Violent Cow Protection in India: Vigilante Groups Attack Minorities »  (« Violences liées à la protection de vaches en Inde : Attaques par  des auto-justiciers contre des minorités »), décrit la manière dont les discours haineux tenus à l’encontre de minorités par des membres du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (« Parti du peuple indien », BJP),  attisent une campagne de violence populaire contre la consommation de bœuf et le commerce de bétail dans ce pays. Entre mai 2015 et décembre 2018, au moins 44 personnes - dont 36 musulmans - ont été tuées lors de telles attaques. La police a souvent tardé à mener les enquêtes requises pour l’ouverture de poursuites judiciaires, et dans plusieurs cas des membres du BJP ont publiquement justifié les attaques.

« Les appels à protéger les vaches ont peut-être débuté comme un moyen de s’attirer davantage de votes d’électeurs hindous, mais ils sont ensuite devenu un prétexte pour violemment attaquer et tuer des membres de groupes minoritaires », a déclaré Meenakshi Ganguly, directrice de recherches sur l’Asie du Sud à Human Rights Watch. « Les autorités indiennes devraient cesser d’inciter ou de justifier ces attaques, de rejeter la faute sur les victimes ou de protéger les coupables. »

Le rapport décrit 11 cas ayant entraîné la mort de 14 personnes, ainsi que la réponse des autorités dans les États de Haryana, d’Uttar Pradesh, de Rajasthan et de Jharkhand, où les incidents de violences populaires ont été particulièrement nombreux.

Dans un incident survenu en 2016 dans l’État du Jharkhand, un groupe d’« auto-justiciers » a battu à mort un commerçant de bétail musulman et un garçon de 12 ans qui se rendaient à une foire aux animaux. Leurs corps gravement meurtris ont été retrouvés suspendus à un arbre, les mains attachées derrière leurs dos.  Le père du garçon a été témoin de l’attaque et s’est caché dans des buissons. Il a déclaré : « S’ils m’avaient vu, ils m’auraient tué aussi. Mon fils criait à l'aide, mais j'avais tellement peur que je suis resté caché. »

De nombreux hindous considèrent que les vaches sont sacrées, et la plupart des États indiens interdisent leur abattage. Mais ces dernières années, plusieurs États dirigés par le BJP ont adopté des lois et des politiques encore plus strictes qui nuisent de manière disproportionnée aux communautés minoritaires. En février 2019, le gouvernement a annoncé la création d'une commission nationale pour la protection des vaches.

Les attaques, souvent perpétrées par des groupes revendiquant des liens avec des milices informelles proches du BJP, visent principalement les communautés musulmanes, ainsi que les Dalits (autrefois appelés « intouchables ») ou les Adivasis (peuples autochtones).

En juillet 2018, la Cour suprême de l’Inde a émis une série de directives ordonnant la prise de mesures « préventives, réparatrices et punitives » face au problème du « lynchage ». La Cour a ordonné aux gouvernements des États de désigner un haut responsable de la police dans chaque district afin d’empêcher des actes de violence populaire, de veiller à ce que la police agisse rapidement contre les agresseurs et de protéger les victimes et les témoins.

L’Inde est un État partie aux principaux traités internationaux relatifs au droit des droits humains qui interdisent la discrimination fondée sur la race, l’appartenance ethnique ou la religion. Le gouvernement indien est donc tenu de protéger les minorités religieuses et les autres communautés minoritaires.

Le gouvernement indien ainsi que les autorités régionales devraient prendre des mesures immédiates pour appliquer les directives de la Cour suprême, selon Human Rights Watch.

Communiqué complet (plus détaillé) en anglais :

www.hrw.org/news/2019/02/19/india-vigilante-cow-protection-groups-attack-minorities

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Dans les médias

L’Obs    Le Figaro

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