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Le Rwanda a détenu au secret l’épouse d’un responsable de l’opposition

Les autorités devraient promptement inculper ou libérer Violette Uwamahoro, détenue depuis plus de deux semaines

La police rwandaise a annoncé aujourd’hui que Violette Uwamahoro, l’épouse d’un responsable d’un groupe d’opposition, se trouvait en détention policière. Elle avait été détenue au secret pendant plus de deux semaines.

Violette Uwamahoro, l’épouse d’un responsable d’un groupe d’opposition, a été détenue au secret au Rwanda pendant plus de deux semaines. © 2016 Privé

La dernière fois que quelqu'un avait eu des nouvelles de Violette Uwamahoro, c’était le 14 février. Elle avait alors appelé un membre de sa famille pour lui annoncer qu'elle arrivait à la station de bus principale de Kigali, la capitale. Quelques minutes plus tard, il n'était plus possible de la joindre par téléphone.

Violette Uwamahoro, qui vit au Royaume-Uni, était venue au Rwanda pour assister aux funérailles de son père. Son époux, Faustin Rukundo, est un membre actif et ardent du Congrès national rwandais (RNC), groupe d'opposition en exil, composé essentiellement d'anciens membres du parti rwandais au pouvoir.

Dans une déclaration citée par les médias rwandais, le porte-parole de la police a déclaré que Violette Uwamahoro avait « été appréhendée par la Police nationale du Rwanda (RNP) sur base d’un avertissement selon lequel elle était impliquée dans des agissements criminels constituant des crimes graves, y compris des tentatives de recrutement de personnes pour un réseau criminel. » Il a ajouté qu’à partir d’aujourd’hui, elle pouvait recevoir des visiteurs.

En vertu du droit rwandais et international, toute personne détenue a le droit d’être rapidement informée des accusations qui pèsent contre elle, de contacter sa famille et un avocat, et à ce qu’un juge examine sa détention. Les autorités devraient promptement présenter Violette Uwamahoro devant un juge et l’inculper d’une infraction crédible, ou la libérer.

Human Rights Watch a documenté une tendance de détentions au secret au Rwanda ces dernières années, concernant souvent des personnes soupçonnées de liens avec des opposants au gouvernement. Plusieurs personnes ont été victimes de disparitions forcées, qui se produisent quand les autorités nient maintenir une personne en détention ou refusent de révéler l’endroit où elle se trouve.

On est toujours sans nouvelles d'un activiste de l'opposition et d'un journaliste qui ont disparu l'année dernière. Tous deux sont des membres de la famille d’opposants. Lors d’un procès d’ancien personnel militaire l’année passée, les défendeurs ont déclaré avoir été pris pour cible en raison de leurs liens familiaux avec des membres éminents du RNC. Deux anciens officiers militaires supérieurs ont été condamnés à de lourdes peines de prison à cause de critiques qu'ils avaient formulées à l'égard du gouvernement.

Des élections présidentielles auront lieu au Rwanda en août. Pour qu'elles soient crédibles, les citoyens rwandais devront pouvoir être en mesure de participer au processus électoral sans craindre que leurs proches ne disparaissent ou ne soient détenus au secret s'ils osent parler. 

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