Un article fascinant sur le Rwanda décrit les efforts d’une touriste occidentale, Wendy Murphy, pour appréhender les réalités complexes de ce beau pays.
C'est effectivement une partie du tableau. L'autre partie est moins visible pour les touristes.
La liberté d'expression est sévèrement restreinte au Rwanda. L'opposition politique et les critiques exprimées par les organisations de défense des droits humains ne sont pas tolérées. Les médias indépendants sont muselés. Les Rwandais qui ont osé élever la voix ou contester le statu quo ont été arrêtés, ont disparu ou ont été tués.
Juste cette année, une militante de l’opposition et un journaliste ont disparu sans laisser de trace, et au moins deux membres de partis d’opposition ont été arrêtés. La période qui a précédé les dernières élections présidentielles de 2010 a été marquée par une violente répression, dont au moins deux meurtres à caractère politique.
Les visiteurs sont à juste titre impressionnés par les rues propres et sûres du Rwanda. Ce qu'ils ne savent peut-être pas, c'est comment les autorités rwandaises traitent les personnes qui pourraient gâcher cette image : la police rafle régulièrement les vendeurs de rue, les mendiants, les enfants des rues, les travailleurs du sexe et autres personnes pauvres et vulnérables, et les jette dans des « centres de transit » où ils sont détenus, souvent pendant des mois, dans des conditions inhumaines.
La plupart des Rwandais ne donneront pas volontiers cette information aux touristes. Ils sont bien placés pour savoir qu’il vaut mieux éviter de contrarier le gouvernement. Dans un pays encore marqué par le génocide, de nombreuses personnes ont peur de parler librement.
Oui, les Rwandais sont indéniablement mieux lotis qu'auparavant. Mais pourquoi ne pas leur permettre de parler librement et, ce faisant, contribuer au parcours remarquable de leur pays ?
Pourquoi ne pas ajouter la démocratie à la liste des réalisations qui semblaient impossibles après le génocide ?