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Sylvar Blanco m’a salué chaleureusement lorsque je l’ai rencontré le mois dernier dans le camp pour personnes déplacées de Saint-Sauveur à Bangui, la capitale de la République centrafricaine, pays dévasté par la guerre. Blanco, âgé de 20 ans, présente un handicap intellectuel et derrière son large sourire je savais que se cachaient la peur et la souffrance.

Avec sa famille, ils avaient abandonné leur maison alors que la ville était  aux prises avec des violences sectaires meurtrières en septembre 2015. Blanco vit désormais en plein air, sans aucun toit au-dessus de la tête. Accompagné de sa tante âgée, Christine, qui s’occupe de lui, ils n’ont pas les moyens d’acheter un espace sous une tente dans le camp. Lorsqu’il pleut,  ils vont se réfugier dans une église à proximité.  

Des personnes déplacées par le conflit en République centrafricaine, dans le camp «Saint-Sauveur» abrité par la paroisse du même nom à Bangui, le 25 novembre 2015. © 2015 Reuters

Blanco souffre souvent de la malaria et son hernie gonflée lui cause des difficultés, mais il  n’y a aucun argent pour des médicaments. La nourriture est également rare. Lorsque Blanco a faim, il court jusqu’à la maison de son frère, mais elle est également vide. Il ne comprend pas les dangers que représentent  les déplacements dans une ville où les violences sectaires peuvent exploser à tout moment. Il sait seulement qu’il n’aime pas le camp et qu’il veut rentrer à la maison. Sa tante Christine m’a confié que lorsqu’il y a des échanges de tir, Blanco court en tous sens dans la confusion et la peur.

Très souvent dans les situations de conflit et de déplacement, les personnes en situation de handicap sont laissées pour compte et ont des difficultés pour fuir vers un endroit sûr. Lorsqu’elles parviennent jusqu’à des sites destinés aux personnes déplacées internes, elles sont confrontées à des difficultés d’accès à l’hygiène, à la nourriture et à l’assistance médicale. Les familles sont séparées et les personnes qui s’occupaient de leurs proches en situation de handicap peuvent ne plus être présentes ou bien être contraintes de se concentrer sur la simple survie.   

Lorsque je suis revenu il y a quelques jours pour revoir Blanco, il n’était pas là. Sa tante m’a expliqué qu’elle avait quitté le camp la veille pour chercher de la nourriture. Il n’y avait personne pour s’occuper de Blanco et quand elle est revenue il était parti. Son visage inquiet voulait tout dire. « Je prie pour qu’il revienne sain et sauf », a-t-elle dit doucement à travers ses larmes.

Hier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a débattu de la façon de mieux protéger les civils en périodes de conflit. Il est impératif que les personnes en situation de handicap ne soient pas négligées. L’année dernière, des forces du maintien de la paix en République centrafricaine ont été chargées de surveiller et de rendre compte des abus commis contre les personnes en situation de handicap, mais ils ne l’ont pas encore fait.

Les membres du Conseil de sécurité devraient s’assurer que la mission de maintien de la paix de l’ONU accorde une attention particulière aux besoins des personnes en situation de handicap par le biais d’une activité de surveillance et d’information, et en empêchant les abus contre ces personnes. 

J’espère que lors de ma prochaine visite, je trouverai Blanco sain et sauf et dans une meilleure situation.  Mais je sais que tant que ses difficultés demeurent invisibles, un dénouement heureux est loin d’être acquis. 

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