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UA : Le sommet de Syrte devrait être axé sur la question de la justice en Somalie et au Tchad

Les pays africains devraient par ailleurs apporter leur soutien à la CPI

(Johannesburg) - L'Union africaine (UA) doit exhorter le Conseil de sécurité des Nations Unies à mettre sur pied une commission d'enquête pour faire la lumière sur les graves violations de droits humains en Somalie. Ce premier pas est nécessaire pour instaurer la justice et la responsabilité pénale, a déclaré Human Rights Watch dans une lettre rendue publique aujourd'hui et envoyée en prélude au sommet de l'UA qui se tiendra du 1er au 3 juillet 2009 à Syrte en Libye.

Human Rights Watch a lancé un appel aux dirigeants des pays de l'UA pour mettre un terme à la violence incontrôlée qui s'est installée en Somalie où les violations des droits humains continuent de faire des ravages. Pendant la trêve des combats observée au début de l'année, des dizaines de milliers de personnes ayant regagné leur domicile à Mogadiscio la capitale, se retrouvent maintenant au cœur des conflits qui ont repris de plus belle. Human Rights Watch a également demandé à l'organisation de veiller à ce que la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) respecte scrupuleusement le droit humanitaire international. Cette petite force de maintien de la paix assiégée au port de Mogadiscio encore ouvert pour recevoir l'aide humanitaire vitale, a été toutefois impliquée dans des tirs aveugles sur des populations civiles.

« La mission de maintien de la paix en Somalie est actuellement l'entreprise la plus difficile et la plus dangereuse menée en Afrique », a déclaré Georgette Gagnon, directrice de la Division Afrique à Human Rights Watch. « L'UA doit veiller à ce que ses forces ne soient pas mêlées aux violences quotidiennes et que les personnes coupables d'abus graves répondent de leurs actes. »

Au début du mois de février, par exemple, les forces de maintien de la paix qui ont été la cible d'attaques ont réagi par des tirs au hasard dans les secteurs environnants, tuant 13 Somaliens, presque tous des civils. Des enquêtes doivent être menées rapidement dans ce type d'incidents. Aussi, leurs auteurs, quel que soit leur grade, doivent répondre de leurs actes, a déclaré Human Rights Watch. Toutes les nouvelles recrues des forces de maintien de la paix devront subir une évaluation adéquate pour s'assurer qu'elles n'ont pas été impliquées dans des cas d'abus graves.

Human Rights Watch a également demandé à l'UA d'inciter le Sénégal à faire avancer le dossier de l'ancien président du Tchad Hissène Habré, accusé de crimes contre l'humanité. En juillet 2006, l'UA a chargé l'État sénégalais d'engager des poursuites contre Hissène Habré et promis de fournir de l'aide financière pour le bon déroulement du procès. Trois ans après, malgré le soutien offert par des institutions et des pays non africains, le Sénégal n'a même pas entamé les procédures judicaires et l'UA non plus n'a pas offert d'aide concrète. Human Rights Watch a déclaré que l'UA pourrait démontrer la capacité et la volonté du continent d'agir rapidement contre les atrocités qui y sont perpétrées si elle réussissait à faire avancer le dossier Hissène Habré.

L'ONG a également invité l'UA à soutenir le travail de la Cour pénale internationale (CPI). Au début de l'année, après qu'un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre du président du Soudan, Omar el-Béchir, des voix africaines se sont élevées pour qualifier la Cour « d'anti-africaine » et l'accuser de cibler injustement les Africains. Cependant, trois des quatre affaires examinées ont été déférées à la CPI par les États où les crimes ont été perpétrés tandis que la quatrième affaire, celle du Darfour, lui a été référée par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Lors de la réunion de l'UA tenue les 8 et 9 juin derniers pour évoquer la question de la CPI, de nombreux États africains ont réitéré leur engagement à respecter leurs obligations conformément au Traité sur cette juridiction internationale. Dans les déclarations signées récemment lors des conférences de Banjul, du Cap et d'Addis-Abeba, des groupes et des responsables africains de la société civile ont exprimé leur soutien sans faille à la CPI pour rendre justice lorsque les juridictions nationales sont incapables de le faire ou non disposées à engager des poursuites.

Human Rights Watch a demandé aux États membres de l'UA de renforcer leur engagement envers cette juridiction afin de préserver sa capacité et son intégrité et recommandé également la création d'un bureau de liaison de la CPI à Addis-Abeba, le siège de l'Union africaine, pour renforcer le dialogue et établir un cadre de coopération entre les deux institutions.

« Dans diverses régions africaines, des gouvernements de même que des organisations de la société civile africaine ont apporté leur soutien au travail de la CPI », a ajouté Mme Gagnon. « À l'issue de la réunion qui vient de se tenir ce mois-ci à Addis-Abeba, nous espérons que les dirigeants africains raffermiront leurs engagements envers des organes tels que la CPI dont la mission est de rendre justice aux Africains victimes des pires violations de droits humains. »

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