(New York, 10 août 2006) – Les tests de dépistage du VIH étant devenus moins chers et plus accessibles, un nombre croissant de pays ont recours à des programmes obligatoires ou discriminatoires de seul dépistage du VIH. Ces programmes ne respectent pas la confidentialité et ne donnent pas accès à une information sur la prévention ou à un traitement, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch avant la 16ème Conférence internationale sur le Sida de Toronto.
Les gouvernements ne prennent pas non plus en compte la stigmatisation à laquelle font face les personnes testées positives. Ils adoptent ou renforcent de plus en plus des lois qui criminalisent la transmission du VIH. Ces lois sont souvent appliquées de façon arbitraire et ne sont pas efficaces pour la prévention de la transmission du VIH, a constaté Human Rights Watch.
« Il y a peu sinon pas de preuve que le dépistage du VIH ait, en lui-même, un impact quelconque sur cette épidémie meurtrière, » a déclaré Joe Amon, directeur du programme VIH/Sida à Human Rights Watch. « Mais les programmes qui respectent les droits, garantissent la confidentialité et sont liés à du conseil et à un traitement ont été couronnés de succès. »
Les pays du monde entier se tournent vers les agences des Nations Unies pour la santé, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (Onusida), pour avoir des conseils sur le dépistage du VIH. Ces organisations devraient déclarer clairement et fermement que les programmes de dépistage du VIH doivent respecter les droits humains et être liés à du conseil et à un traitement, a déclaré Human Rights Watch.
Human Rights Watch a signalé un programme en Ouganda qui propose traitement, conseil, préservatifs et tests volontaires pour le VIH à domicile. Ce programme a fait chuter de 98% la transmission du VIH. En revanche, les recherches de Human Rights Watch en République Dominicaine, en Roumanie et au Zimbabwe ont constaté que les pratiques de dépistage du VIH qui n’étaient pas volontaires, n’étaient pas liées à du conseil et des soins et ne respectaient pas la confidentialité, décourageaient en fait les gens d’aller chercher les traitements nécessaires et conduisaient à davantage de violation et de stigmatisation.
Human Rights Watch a cité d’autres exemples de pays où existent ou sont proposés des programmes de dépistage du VIH qui violent les droits humains et ne contribuent ni à la prévention ni au traitement du Sida.
• En Inde, le gouvernement de l’Etat de Goa a proposé un test prénuptial obligatoire malgré l’opposition de groupes de femmes et de militants contre le Sida qui pensent que donner aux femmes la possibilité de négocier l’utilisation du préservatif et de discuter du Sida avec leurs partenaires est plus important pour leur protection, avant et pendant leur mariage.
• Le dépistage est obligatoire en Arabie Saoudite pour les travailleurs étrangers, qui sont confinés dans des chambres d’hôpital fermées à clef puis expulsés si les tests VIH se révèlent positifs.
• Il y a un dépistage du VIH village par village au Lesotho, où le gouvernement a consacré un budget de 12 millions de dollars pour le dépistage, mais seulement 385 dollars pour les consultations après le test. Le programme propose que chaque « foyer » se voit offrir un test, mais ne garantit pas que chaque personne du foyer puisse accepter, ou refuser, le dépistage.
Human Rights Watch a aussi signalé des propositions faites ces dernières années par des gouvernements tels que le Malawi et la Sierra Leone de dépister tous les journalistes ; en Chine le dépistage de tous les employés du secteur touristique et des salons de beauté dans la ville de Guiyang ; au Botswana le dépistage de tous les étudiants qui demandent une bourse ; et en Inde, le dépistage de toutes les personnes voulant obtenir ou conserver un permis de conduire dans l’Etat du Punjab.
Human Rights Watch a appelé l’OMS et Onusida à condamner les pratiques de dépistage du Sida qui violent les droits humains. Les agences des Nations Unies pour la santé devraient actualiser leurs directives sur le dépistage du VIH datant de 2004 afin de reconnaître que seuls les programmes de dépistage du VIH qui sont liés à du conseil et à la prestation de soins médicaux se sont avérés efficaces.
« L’OMS et Onusida devraient clairement déclarer que les programmes de dépistage du VIH doivent être volontaires et liés à du conseil et à un traitement, » a déclaré Amon. « Il est très important de développer l’accès aux tests de dépistage du VIH. Mais ces programmes échoueront s’ils n’assurent pas aux gens une protection contre la stigmatisation, la discrimination et les abus. »