Bien que la Grèce ait continué d’accueillir un grand nombre de demandeurs d’asile, elle a failli à son obligation de protéger leurs droits. Le nombre total d’arrivées a augmenté par rapport à la même période en 2017. Les déficiences dans le système d’accueil et d’asile se sont amplifiées, débouchant sur un grave problème de surpopulation, sur des conditions sanitaires et hygiéniques déplorables et sur un manque de soins spécialisés adaptés, notamment des soins médicaux, une assistance psychologique aux personnes traumatisées et un soutien psychosocial.
Les violences physiques et celles basées sur le genre sont courantes dans les camps de réfugiés, et les ONG ont fait état d’une détérioration des conditions de santé mentale chez les demandeurs d’asile. La plupart des enfants non accompagnés ont continué d’être placés dans des camps avec les adultes, en rétention ou « sous protection » dans des postes de police, ou ont été confrontés au risque de se retrouver sans abri, les autorités se montrant incapables de résoudre la pénurie de centres d’accueil pour mineurs ou de familles d’accueil.
La politique mise en œuvre par la Grèce avec le soutien de l’UE, consistant à confiner sur les îles de la mer Égée les demandeurs d’asile qui arrivent par voie maritime, a pour conséquence que des milliers de personnes se retrouvent coincées dans ces conditions.
Bien qu’à la suite d’une campagne concertée des ONG menée en novembre, le gouvernement ait transféré en Grèce continentale 18 000 demandeurs d’asile présents sur les îles, il a refusé d’exécuter un arrêt contraignant de la haute cour lui ordonnant de mettre fin à la politique de confinement des nouveaux arrivants. Il a, au contraire, adopté une nouvelle loi en mai pour poursuivre cette pratique. Sur l’île de Lesbos, une inspection effectuée en septembre par les autorités régionales a conclu que le camp de Moria, le plus grand camp de ce type, présentait un danger pour la santé publique et l’environnement, appelant le gouvernement à remédier aux graves problèmes du camp ou à procéder à sa fermeture.
Certains migrants et demandeurs d’asile qui ont tenté de traverser la frontière terrestre séparant la Turquie de la Grèce en passant par la région d’Evros, au nord-est, ont signalé avoir été renvoyés sommairement en Turquie au cours de l’année, parfois violemment. La Grèce n’a pas fourni les conditions d’accueil dont avaient besoin les nouveaux arrivants dans la région, alors que la hausse du nombre d’arrivées avait commencé en avril. Par voie de conséquence, les femmes et les filles ont été hébergées avec des hommes sans aucun lien de parenté dans des lieux d’accueil ou de rétention de demandeurs d’asile, sans avoir accès aux services essentiels.
Moins de 15 pour cent des enfants demandeurs d’asile ont eu accès à l’éducation sur les îles, et seul un sur deux a été inscrit dans des écoles publiques en Grèce continentale.
Des groupes d’extrême droite ont continué de mener campagne contre les demandeurs d’asile sur les îles, et les médias ont signalé des attaques perpétrées à travers tout le territoire à l’encontre de personnes perçues comme étant des migrants ou des musulmans. Les statistiques 2017 de la police sur les crimes haineux, publiées en mars, montrent une nette augmentation par rapport à l’année précédente.
Le Comité du Conseil de l’Europe pour la prévention de la torture s’est rendu en Grèce en avril et a publié un rapport préliminaire faisant part de son inquiétude à propos des traitements inhumains et dégradants dans les établissements psychiatriques et les centres de rétention de migrants.
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Rapport mondial 2019 / Chapitre #Grèce (section du chapitre #UE). En 2018, HRW a documenté les conditions de vie souvent précaires des #migrants et demandeurs d'asile bloqués sur les îles grecques. À lire >>https://t.co/qNlhSYP0Qi @hrw #Rights2019 pic.twitter.com/Mzj0tNS5sU
— HRW en français (@hrw_fr) January 23, 2019