En octobre, la Chancelière Angela Merkel a annoncé qu’elle ne briguerait pas un cinquième mandat après les piètres résultats obtenus par son parti, l’Union chrétienne démocrate (CDU), et son parti frère, l’Union chrétienne sociale (CSU), lors des élections organisées dans plusieurs Länder. Les efforts déployés par la CSU lors des élections en Bavière pour imiter le discours et le programme du parti anti-immigrés Alternative pour l’Allemagne (AfD) se sont retournés contre elle, la CSU perdant des électeurs au profit de l’AfD et des Verts, ces derniers devenant le deuxième parti du Land de Bavière.
Les arrivées de demandeurs d’asile et de migrants ont connu un fléchissement pour la troisième année consécutive, et les autorités fédérales ont considérablement progressé dans la résorption du retard dans le traitement des demandes d’asile tout au long de l’année. À la fin juillet, 96 644 nouveaux demandeurs d’asile avaient été enregistrés, soit un sixième de moins que l’année précédente.
Malgré les désaccords au sein de la coalition gouvernementale fédérale nouvellement formée sur l’approche à adopter par l’Allemagne à l’égard de la politique d’asile et de migration de l’UE, le pays a continué de jouer un rôle de leader dans la réinstallation des réfugiés. En avril, le gouvernement a annoncé que l’Allemagne allait accepter la réinstallation de 4 600 réfugiés en 2018 et de 5 600 en 2019, dans le cadre de sa contribution à un programme de l’UE. En juillet, le gouvernement a accepté d’admettre sur son territoire jusqu’à 300 réfugiés évacués de Libye au Niger.
Les ONG ont critiqué certains aspects du système allemand d’expulsion après le signalement d’une série de cas où des demandeurs d’asile avaient été renvoyés dans leurs pays d’origine alors que leurs dossiers étaient encore en instance, notamment celui d’un Tunisien expulsé en dépit d’une ordonnance d’un tribunal bloquant son transfert en raison de risques de torture.
Bien qu’elles aient été moins nombreuses que les années précédentes, les attaques visant les réfugiés et les demandeurs d’asile restent préoccupantes. Au cours du premier semestre de 2018, la police a enregistré 627 agressions à l’encontre de réfugiés et de demandeurs d’asile en dehors de chez eux, et 77 attaques visant des foyers d’accueil de réfugiés.
Les manifestations xénophobes organisées en août dans la ville de Chemnitz, déclenchées par le meurtre d’un Allemand qui aurait été commis par deux ressortissants étrangers et qui a été exploité par l’extrême droite, ont été le théâtre de violences, notamment d’attaques contre des personnes perçues comme étant « non allemandes ».
En mars, un juge de Dresde a déclaré huit membres d’un groupe d’extrême droite coupables d’infractions terroristes et de tentative de meurtre pour des attaques commises en 2015 contre des foyers d’accueil de réfugiés et un homme politique local qui appuyait les migrants récemment arrivés. En juillet, un juge munichois a déclaré un homme coupable de meurtre, d’infractions terroristes et d’incendie criminel dans une affaire liée à une série de meurtres perpétrés par un groupe néo-nazi entre 2000 et 2006. Quatre complices ont été condamnés pour des chefs d’accusation moins graves.
La loi controversée sur le contrôle des réseaux sociaux (NetzDG) est entrée en vigueur le 1er janvier. Elle oblige les plateformes de réseaux sociaux à supprimer les discours haineux et autres contenus illicites sous peine de lourdes amendes. La loi s’est attiré des critiques après que plusieurs utilisateurs influents des réseaux sociaux eurent vu leurs contenus ou leurs comptes être bloqués, en vertu de la NetzDG ou des conditions d’utilisation des plateformes.
En janvier, un groupe de correspondants étrangers—avec le soutien des syndicats de journalistes allemands et d’autres groupes défendant la liberté de la presse—a introduit un recours auprès de la Cour constitutionnelle fédérale contre le pouvoir conféré aux services de renseignement intérieur allemands de surveiller les communications des ressortissants étrangers, invoquant que ledit pouvoir violait leur droit à la liberté d’expression et à la vie privée.
Les autorités judiciaires allemandes ont poursuivi leurs travaux d’investigation sur des crimes internationaux graves commis à l’étranger, entre autres en Syrie.
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Rapport mondial 2019 / Chapitre #Allemagne (section du chapitre #UE). Poursuite d’une vague xénophobe en 2018. À lire >>https://t.co/56BwzcRefi @hrw #Rights2019 pic.twitter.com/sRRKqxPrS5
— HRW en français (@hrw_fr) 22 janvier 2019