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Nouvelle suspension d’une organisation de médias au Niger

Les autorités devraient mettre fin aux attaques contre la liberté de la presse et la liberté d’expression

Des policiers en marge d’un défilé en soutien aux putschistes dans la capitale nigérienne, Niamey, le 30 juillet 2023. © 2023 Djibo Issifou/picture-alliance/dpa/AP Images

La décision prise cette semaine par le ministre de l’Intérieur du Niger de suspendre les activités de la Maison de la Presse, une organisation de médias indépendante, est la dernière dans une série de mesures du gouvernement visant à réprimer la presse et la liberté d’expression dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Le décret du ministre du 29 janvier annonçait également la création d’un nouveau comité de gestion de l’organisation des médias dirigé par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur. La Maison de la Presse est une association qui défend la liberté d’information au Niger et favorise les échanges d’idées et les débats entre professionnels des médias. Le gouvernement n’a fourni aucun motif pour expliquer cette suspension.

Ibrahim Harouna, président de la Maison de la Presse, a déclaré que la décision illustrait parfaitement une tendance à l’affaiblissement et au musellement des journalistes et des médias indépendants au Niger. « Nous allons porter plainte », a-t-il indiqué à Human Rights Watch. « Nous avons appelé les autorités à protéger les journalistes et à garantir la liberté d’expression, nous ne sommes pas des politiciens. Nous devrions être autorisés à simplement rendre compte des actualités. »

Depuis le coup d’État militaire de juillet 2023, les organisations de médias et les journalistes au Niger ont fait face à des difficultés accrues, notamment des intimidations, des menaces de violence et une surveillance gouvernementale.

Le 3 août, la junte a suspendu pour une durée indéfinie les chaînes d’information internationales Radio France Internationale (RFI) et France 24. Le 30 septembre, les forces de sécurité gouvernementales ont arrêté la blogueuse et journaliste Samira Sabou et l’ont détenue en secret pendant sept jours. Le 11 octobre, les autorités l’ont inculpée pour « production et diffusion de données de nature à troubler l’ordre public » et l’ont libérée dans l’attente de son procès.

La liberté d’expression, la liberté de la presse et le droit d’accès à l’information sont garantis par l’article 9 de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, que le Niger a ratifiée en 1986. En vertu de la Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique, adoptée en 2019, les limitations de l’exercice de ces droits ne sont permises que si elles sont prévues par la loi, servent un but légitime et sont nécessaires et proportionnées dans une société démocratique.

Alors que le Niger est dirigé depuis six mois par un gouvernement non élu qui vient d’annoncer son retrait du bloc régional ouest-africain, la CEDEAO, une presse libre est plus vitale que jamais. Les autorités nigériennes devraient immédiatement réhabiliter la Maison de la Presse et s’engager à respecter la liberté des médias en mettant fin aux tentatives de musellement des journalistes et des organes de presse.

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