Au Yémen, l'eau est utilisée comme arme de guerre – entraînant des effets désastreux.
Les deux parties de ce conflit de longue date, les Houthis et le gouvernement yéménite, sont responsables de la situation désespérée qui règne dans la ville assiégée de Taizz, à l'ouest du pays, et dans ses environs.
Les Houthis ont empêché l'eau de pénétrer dans la ville contrôlée par le gouvernement, tandis que les forces militaires affiliées au gouvernement ont vendu aux habitants des réserves d'eau publiques à des fins lucratives. Les forces de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, alliées du gouvernement, ont mené des frappes aériennes sur les infrastructures d'approvisionnement en eau dans l'ensemble du pays, y compris à Taizz – notamment sur les réservoirs d'eau, les stations de pompage et les canalisations.
Le Yémen est l'un des pays qui souffrent le plus du manque d’eau à l’échelle internationale. Les Nations Unies ont constaté que 15,3 millions de Yéménites n'ont pas accès à une quantité suffisante d'eau salubre pour leurs usages personnels et domestiques, notamment pour la boisson, la cuisine et les installations sanitaires. Cela représente plus de la moitié de la population du pays.
Le gouvernorat de Taizz a toujours eu du mal à fournir de l'eau en quantité suffisante à ses habitants, mais la guerre a encore aggravé la situation. Un grand nombre de sources d'eau, d'installations et de services sont inutilisables en raison des dommages causés par la guerre, des problèmes de salinisation ou des coupures d'électricité permanentes dues à un manque de carburant qui entraîne l'arrêt des pompes à eau.
Sur les 88 puits reliés au réseau public d'approvisionnement en eau de Taizz, seuls 21 sont opérationnels. Les habitants – du moins ceux qui en ont les moyens – doivent donc acheter de l'eau provenant de camions ou de puits privés. Tous les autres doivent recueillir de l'eau de pluie et compter sur l'eau fournie par des groupes d'aide. C'est loin d'être suffisant.
Ce problème n'est pas nouveau – il dure depuis que les Houthis ont assiégé la ville de Taizz en 2015 – et les dangers sont bien connus. La pénurie d'eau potable en quantité suffisante et l'absence d'installations sanitaires adéquates ont contribué à la propagation de maladies transmises par l'eau. En 2017, par exemple, une épidémie de choléra a tué plus de 2 000 personnes à Taizz.
Combien d'autres victimes y aura-t-il à Taizz, causées par cette militarisation de l’accès à l’eau ?
Dans un nouveau rapport, ma collègue Niku Jafarnia le résume clairement : « Le droit à l'eau est l'une des composantes essentielles du droit à la vie. Les parties en conflit doivent de toute urgence mettre un terme à la crise de l'eau à Taizz. »