Jeudi dernier, l'organisation de défense des droits humains Dui Hua Foundation a confirmé que les autorités chinoises ont prononcé une peine d'emprisonnement à perpétuité à l’encontre de Rahile Dawut, une ethnographe ouïghoure de renommée internationale. Cette condamnation scandaleuse fait suite aux six années de détention arbitraire de Rahile Dawut ; lors d’un procès secret tenu en décembre 2018, un tribunal l’a reconnue coupable de « mise en danger de la sécurité de l’État », une accusation dénuée de tout fondement.
Cette nouvelle a été divulguée neuf ans après un verdict semblable prononcé contre un autre universitaire ouïghour, l’économiste Ilham Tohti, condamné à la prison à vie en septembre 2014. En décembre 2021, l’association Uyghur Human Rights Project (UHR) a indiqué que les autorités chinoises avaient fait disparaître de force plus de 500 intellectuels ouïghours.
Les dirigeants chinois, à leur tête le président Xi Jinping, prétendent que leurs politiques dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, ont permis d’atteindre une « stabilité sociale durement gagnée ». Il y a quelques jours, des diplomates chinois à New York ont tenté d’entraver la tenue d’un débat public, en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, au sujet des crimes contre l'humanité ciblant les Ouïghours et d'autres musulmans turciques au Xinjiang ; ces diplomates ont soutenu que la région était marquée par la paix depuis plusieurs années. Cependant, il n’y a pas de véritable paix pour ceux qui restent arbitrairement détenus, coupés de leur famille et soumis à une surveillance incessante employant des méthodes de haute technologie. Le gouvernement affirme qu’il se concentre désormais sur la « normalisation » dans la région, mais ses pratiques répressives indiquent le contraire.
La condamnation de la professeure Dawut n’est basée sur aucun acte répréhensible de sa part, mais reflète plutôt la persécution culturelle incessante des Ouïghours par Pékin, sa répression de la liberté d’expression et son mépris pour le droit à un procès équitable ; il s’agit de violations graves du droit international.
Cette dernière condamnation devrait susciter de nouveaux appels internationaux en faveur d’une enquête indépendante sur les crimes contre l’humanité commis au Xinjiang, et inciter les institutions avec lesquelles Rahile Dawut a entretenu des liens – notamment les universités de Cambridge, Cornell et Harvard – à demander sa libération immédiate.
Le gouvernement chinois ne pourrait pas exprimer plus clairement son intention de réduire méthodiquement au silence, de manière effrayante et pour une durée à vie, les voix ouïghoures exprimant pacifiquement des points de vue qui divergent du sien. La question est de savoir si les autres pays réagiront ou non, face à cette répression.
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