Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein.
Le gouvernement de Hong Kong tente d'interdire une chanson - et d'obtenir la complicité de grandes entreprises technologiques dans cette interdiction.
Il s'agit de « Glory to Hong Kong » (« Gloire à Hong Kong »), une chanson revendicative datant de 2019. Les autorités de Hong Kong et leurs suzerains de Pékin ne sont visiblement toujours pas satisfaits de l’ampleur de la répression qu'ils ont déjà imposée, et qui va jusqu'à des extrêmes aberrants, comme l'emprisonnement d'auteurs de livres pour enfants pour sédition.
Livres. Chansons. Ils veulent manifestement interdire tout ce qui pourrait rappeler aux gens qu'ils ont des droits.
Pour interdire une chanson cependant, les autorités de Hong Kong ont besoin que les entreprises technologiques jouent le jeu, parce que nous ne sommes plus dans les années 1970 et qu'elles ne peuvent pas simplement envoyer la police chez les disquaires pour confisquer tous les vinyles. Les géants mondiaux impliqués dans le streaming et le partage de musique - comme Apple, Google (y compris YouTube), Meta, Twitter et Spotify - ont aujourd'hui la main sur la diffusion de la musique dans le monde.
Le gouvernement de Hong Kong demande donc à la Haute Cour de Hong Kong d'interdire la diffusion et la distribution de la chanson. Si le tribunal émet cette injonction, les entreprises devront retirer la chanson de leurs plateformes en ligne.
Auquel cas, les entreprises technologiques devront décider ce qu'elles feront : défendre la liberté d'expression ou céder aux exigences autoritaires de la Chine.
Évidemment, les organisations de défense des droits humains et des droits liés aux technologies appellent fortement les entreprises à opter pour la première solution. Elles devraient prendre position contre la censure du gouvernement de Hong Kong.
Il est essentiel de comprendre que l'enjeu ne se limite pas qu'à une seule chanson dans un seul lieu. Cette décision reflète les efforts accrus du gouvernement chinois pour contrôler l'information non seulement à l'intérieur de ses frontières, mais aussi dans le monde entier.
Entre juillet 2020 et juin 2022, le gouvernement de Hong Kong a été responsable de 50 cas dans lesquels Meta (la société derrière Facebook, Instagram et WhatsApp) a déclaré qu'elle avait été forcée de supprimer du contenu dans le monde entier.
Comme le dit Maya Wang, ma collègue et directrice adjointe de HRW pour l'Asie, « Hong Kong se trouve à la frontière entre un Internet libre à l'échelle mondiale et une version cloisonnée étroitement contrôlée par le gouvernement chinois. »
Espérons que les entreprises technologiques le comprendront et choisiront la liberté plutôt que la tyrannie.