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Le 1er mai 1989, l’activiste Liu Xiaobo – par la suite laureat du prix Nobel 2010 – s'adressait à une foule de jeunes Chinois rassemblés sur la place Tiananmen à Pékin. © 1989 Getty Images/ David Turnley

(New York, le 1er juin 2023) – Les autorités chinoises ont intensifié leurs efforts visant à effacer les souvenirs du massacre de la place Tiananmen du 4 juin 1989 à Pékin alors que des gens du monde entier commémorent cet événement, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le gouvernement chinois devrait reconnaître sa responsabilité dans le massacre de manifestants pro-démocratie, et accorder des réparations aux victimes et aux membres de leurs familles.

« Plus de trois décennies après le massacre de Tiananmen, le gouvernement chinois continue d'éviter toute obligation de rendre des comptes pour cet événement qui l’a enhardi dans sa détention arbitraire de millions de personnes, sa censure et sa surveillance sévères, et ses efforts pour saper les droits humains à l'échelle internationale », a déclaré Yaqiu Wang, chercheuse senior sur la Chine à Human Rights Watch. « Malgré cela, des personnes à travers la Chine et dans le monde entier continuent de risquer leur sécurité et leur liberté en s'exprimant et en exigeant leurs droits. »

Le dernier exemple de contestation a eu lien fin 2022, quand des milliers de personnes à travers la Chine sont descendues dans la rue pour manifester contre les mesures draconiennes prises par le gouvernement contre le Covid-19, et contre le régime autoritaire du Parti communiste chinois. En réponse, le gouvernement a brusquement levé la plupart des restrictions liées à la pandémie, mais a arrêté des dizaines de manifestants.

Comme lors des années précédentes, durant les semaines précédant l'anniversaire de Tiananmen, les autorités ont anticipé les commémorations. Ils ont restreint les déplacements et les communications des activistes et des membres des Mères de Tiananmen, un groupe de proches des victimes du massacre de 1989. Le 27 mai 2023, les autorités de la province du Hunan ont arrêté l’activiste Chen Siming après qu'il ait refusé de supprimer son tweet commémorant Tiananmen. La police du Shandong a convoqué l’activiste Qi Chonghuai, afin de le dissuader d’organiser des activités de commémoration.

Les Mères de Tiananmen ont publié une déclaration publique au sujet du massacre, réitérant leur appel à « la vérité, l'indemnisation et l’obligation de rendre des comptes ».

Pendant longtemps, le gouvernement chinois a ignoré les appels nationaux et internationaux à la justice pour le massacre de Tiananmen, et certaines sanctions imposées par l'Union européenne et les États-Unis en réponse à cet événement ont été affaiblies ou éludées au fil des ans. L'absence de réponse soutenue, coordonnée et internationale au massacre et à la répression qui s'en est suivie est l'un des facteurs ayant enhardi Pékin à commettre des violations des droits humains de plus en plus éhontées, a déclaré Human Rights Watch. Il s'agit notamment du contrôle renforcé de la société civile, des médias et d'Internet, de la détention massive d'environ un million de musulmans turciques au Xinjiang et de l'imposition à Hong Kong d’une loi sur la sécurité nationale qui a supprimé les libertés fondamentales.

Le massacre de Tiananmen a été précipité par des rassemblements pacifiques d'étudiants, de travailleurs et d'autres personnes en avril 1989 sur la place Tiananmen à Pékin et dans d'autres villes chinoises ; les manifestants appelaient à la liberté d'expression, à l’obligation de rendre des comptes et à la fin de la corruption. Fin mai 1989, le gouvernement a répondu à l'intensification des manifestations en imposant la loi martiale.

Les 3 et 4 juin 1989, des soldats de l'Armée populaire de libération (APL) ont tiré sur des manifestants pacifiques et de passants, tuant un nombre indéterminé de personnes. À Pékin, certains citoyens ont attaqué des convois de l'armée et incendié des véhicules en réponse à la violence de l'armée.

À la suite des meurtres, le gouvernement a mené une campagne de répression à l'échelle nationale et arrêté des milliers de personnes pour « contre-révolution » et d'autres accusations criminelles, notamment incendie criminel et perturbation de l'ordre social.

Le gouvernement n'a jamais assumé sa responsabilité pour ce massacre, et aucun de ses représentants n’a dû répondre des meurtres devant la justice. Le gouvernement a refusé de mener une enquête sur les événements, ou de publier des données quant au nombre de personnes tuées, blessées, disparues de force ou emprisonnées. Les Mères de Tiananmen ont pubié des informations détaillées au sujet de 202 personnes tuées lors de la répression du mouvement à Pékin et dans d'autres villes.

En tant qu’État partie à certains traités internationaux relatifs aux droits humains et en tant que membre actuel du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, dont les membres sont tenus de « respecter les normes les plus élevées en matière de droit humains », le gouvernement chinois devrait prendre d’urgence les mesures suivantes en ce qui concerne le massacre de Tiananmen :

  • Respecter les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique, et mettre fin au harcèlement et à la détention arbitraire de personnes qui contestent la version officielle du massacre de Tiananmen ;
  • Rencontrer les membres de l’organisation « Mères de Tiananmen », leur présenter des excuses officielles, publier les noms des victimes et indemniser de façon appropriée leurs familles ;
  • Autoriser l’ouverture d’une enquête publique et indépendante sur le massacre de Tiananmen et ses conséquences, et rendre rapidement ses constatations et conclusions publiques ;
  • Autoriser le retour sans entrave des citoyens chinois qui sont toujours en exil en raison d’activités liées aux événements de juin 1989 ; et
  • Enquêter sur le rôle de tous les responsables du gouvernement et de l’armée ayant planifié ou ordonné l'utilisation illégale de la force meurtrière contre des manifestants pacifiques, et les poursuivre en justice de manière appropriée.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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