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Iran : Hausse alarmante du nombre d’exécutions

Les autorités ont exécuté plus de 60 personnes au cours des deux dernières semaines

Un mur extérieur de la Prison Rajai Shahr, située dans la ville de Karadj à l’ouest de Téhéran, en Iran. © 2004 Privé

(Beyrouth, le 12 mai 2023) – L'escalade dramatique du nombre d’exécutions par les autorités iraniennes ces dernières semaines est une grave violation du droit à la vie et devrait susciter une condamnation internationale, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Depuis fin avril, les autorités iraniennes ont exécuté au moins 60 personnes, dont un ressortissant irano-suédois sur la base d’accusations en lien avec des activités présumées de terrorisme. Plusieurs personnes ont été exécutées à l'issue de procès inéquitables ou sur la base d’accusations, comme celles liées à des affaires de drogue ou (dans deux cas) de « blasphème », qui selon le droit international ne devraient jamais entraîner la peine de mort.

« Les autorités iraniennes semblent recourir à des exécutions, une punition inhumaine faisant suite à des procès inéquitables, en tant que démonstration de force visant les citoyen-enne-s qui demandent des changements fondamentaux », a déclaré Tara Sepehri Far, chercheuse senior sur l'Iran à Human Rights Watch. « La communauté internationale devrait condamner sans équivoque cette tendance terrifiante, et faire pression sur les responsables iraniens pour qu'ils mettent fin à ces exécutions. »

Le 8 mai, l'agence de presse du pouvoir judiciaire iranien, Mizan, a annoncé que les autorités avaient exécuté Yousef Mehrdad et Seyed Sadrollah Fazeli Zare à la prison d'Arak ; les deux hommes avaient été accusés d'avoir « insulté le Prophète ». Mizan a rapporté que les accusations comprenaient également « blasphème », « insulte à la mère du Prophète » et « dépréciation du Coran ». Ces accusations étaient toutes fondées sur des discours pacifiques que les accusés auraient diffusés sur leurs chaînes Telegram. Le communiqué de Mizan indiquait aussi que les autorités ont également trouvé des preuves de « mise a feu du Coran » sur le téléphone de Mehrdad.

Bien que les autorités judiciaires iraniennes aient affirmé que les accusés avaient eu accès à des avocats de leur choix, BBC Persian a rapporté que leurs familles et leurs « défenseurs publics » ne savaient pas que les hommes avaient été exécutés.

Selon l’organisation Human Rights Activists News Agency (HRANA), en 2022, les autorités iraniennes ont exécuté 565 personnes, dont 5 qui avaient moins de 18 ans au moment où elles auraient commis leur crime. Entre le 1er janvier et le 5 mai 2023, l'Iran a exécuté au moins 192 personnes, dont 8 femmes, la majorité d'entre elles pour des délits liés à la drogue et des meurtres.

Le 6 mai, les autorités de Téhéran ont exécuté un ressortissant irano-suédois, Habibollah Asivad, aussi connu sous le nom de Habibollah Chaab. Il avait été accusé de « corruption sur Terre », en raison du rôle présumé du groupe d'opposition qu'il représentait dans une attaque meurtrière contre un défilé de l’armée iranienne à Ahvaz, en 2018. Des agents iraniens ont arrêté Chaab en Turquie en 2018, selon le Washington Post. Selon un responsable turc interviewé par ce journal, Chaab, qui vivait en Suède, s’est rendu en Turquie afin d’y rencontrer une femme qui l’avait contacté ; peu après son arrivée en Turquie, il a été drogué, enlevé et transporté de manière clandestine en Iran.

Le procès de Challab a été inéquitable et il n'a pas eu accès à un avocat de son choix, selon Iran Human Rights. Dans une interview accordée à Insaf News, un avocat qui a déclaré représenter Chaab a affirmé que « nous ne recherchons pas l'acquittement de l'accusé ».

Jamshid Sharmahd, un ressortissant germano-iranien qui aurait également été arrêté hors d'Iran, risque aussi d'être prochainement exécuté ; la Cour suprême iranienne a confirmé sa peine de mort le 26 avril.

Depuis le 25 avril, les autorités ont exécuté plus de 60 personnes dans des prisons dans plusieurs villes du pays, y compris Téhéran, Karad, Ispahan, Mashhad et Chiraz.

Selon un rapport publié par Iran Human Rights, un groupe de défense des droits humains basé en Norvège, les minorités ethniques en Iran ont été particulièrement visées par la vague d’exécutions. Le groupe a indiqué qu’en 2022, 130 personnes ont notamment été exécutées dans quatre provinces : l’Azerbaïdjan occidental, l’Azerbaïdjan oriental, le Sistan-et-Baloutchistan et le Kurdistan.

En vertu de l'article 6 (2) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l'Iran a ratifié, dans les pays qui maintiennent encore la peine capitale, celle-ci ne peut être prononcée que pour les « crimes les plus graves ». Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies, qui interprète le pacte, a déclaré que les délits liés à la drogue ne faisaient pas partie des « crimes les plus graves », et que le recours à la peine de mort pour de tels crimes violait le droit international. Human Rights Watch s'oppose à la peine capitale en toutes circonstances, en tant que châtiment intrinsèquement irréversible et inhumain..

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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Et aussi (01.09.23) ...

 

 

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