En cette Journée de la Terre, il est temps d’admettre que nos modes de consommation accélèrent la déforestation avec un impact négatif sur le climat, ainsi que les violations des droits humains à l’encontre des travailleurs et des populations forestières. Du café aux barres chocolatées en passant par l’huile de palme contenue dans les savons, des traces de déforestation se dissimulent dans nombre de nos produits de consommation les plus prisés.
De nombreuses entreprises agroalimentaires entretiennent l’image d’exploitations familiales qui nourrissent le monde en harmonie avec la nature. Pourtant, à l’échelle mondiale, l’agriculture industrielle est le principal facteur de déforestation, responsable de la disparition de plus de 46 millions d’hectares de forêts entre 2013 et 2019. La déforestation est la deuxième source la plus importante d’émissions de gaz à effet de serre, qui sont à l’origine du changement climatique.
Une grande partie de l’agriculture industrielle est marquée par des violations des droits humains et la dégradation de l’environnement. Parmi les abus documentés par Human Rights Watch dans plusieurs pays, citons les conditions de travail abusives – dont le travail forcé et le travail des enfants, la contamination des sources d’eau des communautés locales et la pollution atmosphérique nocive –, l’exposition des travailleurs et des populations aux pesticides toxiques et le déplacement forcé des communautés rurales à mesure que leurs terres sont converties en plantations et en pâturages.
L’élevage de bétail est de loin le pire responsable de l’impact sur le climat. Les zones forestières sont déboisées pour laisser la place à des ranchs, et les vaches elles-mêmes sont une source majeure de méthane, un gaz qui réchauffe la planète. Des climatologues ont qualifié la viande d’« aliment ayant l’impact environnemental le plus important ».
Deux changements fondamentaux sont nécessaires.
L’agriculture industrielle est largement subventionnée par les gouvernements. Selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la moitié des subventions agricoles sont « inéquitables et nuisibles à la fois à l’environnement et à la sécurité alimentaire mondiale ». Au minimum, ces subventions devraient être subordonnées à la condition que les entreprises agissent de manière viable et assument leurs responsabilités en matière de droits humains, notamment en respectant ceux des populations forestières.
Par ailleurs, les principaux marchés de produits agricoles devraient adopter une législation restreignant les importations de ceux qui sont facteurs de déforestation. L’espoir est permis : le Royaume-Uni a déjà introduit une telle législation, l’Union européenne a approuvé une loi similaire cette semaine, et aux États-Unis, un projet de loi est à l’étude au Congrès. La Chine reste un marché important ne figurant pas sur cette liste.
Nous devons tous veiller à ce que le commerce mondial des produits de base n’aggrave pas la crise climatique et respecte les droits des travailleurs, des populations forestières et des autres populations concernées, tout en garantissant un accès équitable et suffisant pour tous à l’alimentation.
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