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États-Unis : Des politiques punitives fragilisent les droits humains

Les migrants, les réfugiés, les minorités ethniques et les femmes sont les plus touchées

Des migrants souhaitant demander l’asile aux États-Unis font la queue avec leurs documents, pour discuter de leur cas avec des bénévoles, des avocats, des assistants juridiques et des interprètes dans le camp de migrants situé à l'extérieur d'El Puente Nuevo, à Matamoros, au Mexique. 5 octobre 2019      © 2019 Denise Cathey/The Brownsville Herald via AP

(Washington) – L’administration Trump punit cruellement les migrants et s’acharne contre le droit de demander l’asile aux États-Unis, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2020. De nombreux gouvernements aux niveaux local et étatique ont renforcé le maintien de l’ordre dans les communautés pauvres plutôt que de s’attaquer aux problèmes des sans-abri, de la santé mentale et des gangs en proposant des services et un soutien adapté ainsi que des opportunités économiques.

« L’approche punitive privilégiée par l’administration Trump vis-à-vis des demandeurs d’asile et des populations pauvres de couleur a tellement éloigné ces gens des protections prévues par les droits humains que leur vie même pourrait être en danger », a déclaré Nicole Austin-Hillery, Directrice exécutive du programme États-Unis à Human Rights Watch. « Pour certains groupes marginalisés aux États-Unis, le gouvernement semble s’être lancé dans une offensive totale contre leurs droits humains fondamentaux. »

Dans l’édition 2020 de son Rapport mondial, la 30ème, qui compte 652 pages (version abrégée en français 153 pages), Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans près de 100 pays. Dans son essai introductif, le Directeur exécutif Kenneth Roth affirme que le gouvernement chinois, qui s'appuie sur la répression pour se maintenir au pouvoir, se livre à l'offensive la plus intense depuis des décennies contre le système mondial de protection des droits humains.  Il explique que l’attitude de Pékin encourage les autocrates populistes à travers le monde et gagne leur soutien, et que les autorités chinoises utilisent leur puissance économique pour dissuader les autres gouvernements de les critiquer. Il est urgent de résister à cet assaut, qui menace plusieurs décennies de progrès en matière de droits humains, ainsi que notre avenir.

Le gouvernement a placé en détention des migrants, dont des enfants, dans des centres inhumains, traumatisants, qui ressemblent à des prisons ; séparé des familles contre leur gré ; et gelé l’accès aux aides publiques pour les immigrants et les membres de leur famille qui ont la citoyenneté américaine. Des demandeurs d’asile ont été expulsés au Mexique dans des conditions dangereuses et insalubres en l’attente d’audiences et les demandes d’asile de migrants qui traversent d’autres pays avant d’atteindre la frontière américaine ont été rejetées.

Les services de police locaux ont « criminalisé » les communautés de couleur les plus touchées par la pauvreté. Le recours aux procédures pénales pour résoudre des problèmes sociaux ne fait qu’accroître le taux d’incarcération, le plus élevé au monde aux États-Unis, malgré une légère diminution du nombre de personnes derrière les barreaux ces dernières années.

La couverture inégale des soins de santé d’un Etat à l’autre aux États-Unis créée un environnement dans lequel les femmes succombent à des rythmes beaucoup plus élevés que dans des pays riches comparables à des causes évitables de décès maternels et de cancer du col de l’utérus. La règle du silence appliquée par l’administration Trump, qui est entrée en vigueur en août, interdit aux médecins qui reçoivent des fonds fédéraux au titre de la planification familiale de fournir aux femmes des informations sur l’ensemble des options existantes pour leur grossesse.

En politique étrangère, l’administration Trump a bafoué le droit international des droits de l’homme et le droit humanitaire, fragilisé les institutions multilatérales et restreint son influence pour promouvoir les droits humains à l’étranger. En dépit de sanctions imposées à des individus et des gouvernements responsables d’abus, Washington s’est également associé à – et a publiquement félicité – des gouvernements et des dirigeants aux bilans atroces en matière de droits. Cette administration a approuvé la vente d’équipements militaires de pointe à l’Arabie saoudite malgré la responsabilité du pays dans de nombreux crimes de guerre commis au Yémen et n’a pas enquêté de manière adéquate sur les opérations militaires ayant causé la mort de civils en Syrie, en Afghanistan et en Somalie.

L’administration Trump devrait mettre fin aux politiques abusives à l’encontre des demandeurs d’asile qui soumettent ces derniers, ainsi que les enfants et les familles de migrants, à des détentions inutiles ou inhumaines, pour adopter à la place des procédures équitables pour la demande d’asile et les migrants. Les autorités fédérales, étatiques et locales devraient investir dans la santé et le bien-être des communautés pour mettre fin au maintien de l’ordre excessif parmi les minorités ethniques et revenir sur les politiques qui portent atteinte à la santé et aux droits reproductifs des femmes.

« Le gouvernement américain devrait agir à tous les niveaux pour faire pencher la balance en faveur des droits humains plutôt qu’en faveur de la souffrance humaine pour toutes et tous aux États-Unis », a conclu Nicole Austin-Hillery.

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