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Les personnes handicapées face à des risques accrus dans les situations de crise

Il faut leur garantir un accès égal aux services

(New York, le 3 décembre 2015) – Les personnes handicapées sont exposées à des risques d’abandon, de négligence et au défaut d’égal accès à la nourriture et aux soins de santé en situation de conflit et de déplacement, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées.

Si les gouvernements, les bailleurs de fonds et les organismes d’aide humanitaires sont submergés par de multiples priorités concurrentes dans des situations d’urgence, ils devraient garantir que les besoins et les problèmes des personnes handicapées sont pris en compte par les efforts humanitaires. Entre janvier et novembre 2015, Human Rights Watch a interrogé plus de cent personnes handicapées, ainsi que leurs familles, et a évalué leurs besoins pendant les conflits en cours au Yémen et en République centrafricaine, ainsi que dans le contexte de la crise européenne relative aux réfugiés.

« Tout comme les femmes et les enfants sont affectés de façon particulière par les conflits et les déplacements, les personnes handicapées sont confrontées à des difficultés particulières lorsque leurs vies sont soudainement déracinées en raison de la guerre », a déclaré Shantha Rau Barriga, directrice de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. « Si les bailleurs de fonds et les organismes d’aide humanitaire jonglent avec de multiples défis en situation de conflit, ils devraient garantir que les personnes handicapées reçoivent l’aide dont elles ont besoin. »

Human Rights Watch a documenté la situation d’un homme jeune en fauteuil roulant enfermé dans un centre de détention de l’immigration en Hongrie pour avoir traversé la frontière depuis la Serbie. « Ayman », 28 ans, présente un handicap physique à la suite d’une blessure causée par la chute d’une roquette sur sa maison à Damas. Lorsque Human Rights Watch s’est entretenu avec lui en octobre, cela faisait plus de 40 jours qu’il était enfermé. Il nous a indiqué que son fauteuil roulant s’était cassé à la frontière, et qu’il a passé 23 jours couché sur un lit jusqu’à ce que son avocat ait pu lui obtenir un fauteuil roulant offert. « Tous les deux ou trois jours tous les autres sont emmenés dans la cour pour respirer un peu d’air frais, pendant 15 ou 20 minutes », a-t-il expliqué. « Je ne suis pas sorti depuis 42 jours à cause des escaliers. Même les animaux sont mieux traités. Nous n’avons rien fait de mal, pourquoi sommes-nous ici. »

Même si toute personne affectée par une crise a besoin d’aide, les personnes handicapées sont particulièrement exposées aux risques. Les difficultés créées par la guerre, les catastrophes naturelles et autres situations à risque sont aggravées pour les personnes handicapées par des obstacles physiques, de communication et autres.

Par exemple, les personnes handicapées ont souvent des difficultés à obtenir de l’aide parce que les installations ne sont pas conçues pour permettre une navigation indépendante pour les personnes malvoyantes ou utilisant des fauteuils roulants, et les informations ne sont pas fournies sous des formats accessibles, faciles à comprendre.

Jean, un homme affecté d’un handicap physique que Human Rights Watch a rencontré en janvier dans le camp de Mpoko pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays en République centrafricaine, a expliqué: « Mon tricycle ne contient pas dans les toilettes, alors je dois descendre à quatre pattes et ramper. D’abord j’avais des gants pour mes mains alors je ne m’en [excréments] mettais pas dessus mais maintenant je dois utiliser des feuilles. » Cent-dix personnes handicapées vivent encore dans le camp de Mpoko.

Ambroise, un jeune homme paralysé des deux jambes depuis l’âge de 14 ans, dans le camp de M’Poko, lieu de refuge pour des milliers de personnes déplacées par le conflit en République centrafricaine, dans la banlieue de Bangui. © 2015 Marcus Bleasdale/VII pour HRW


Plus d’un milliard de personnes dans le monde, soit environ 15 % de la population mondiale, sont atteintes de handicaps. Selon la Commission des femmes pour les réfugiés (Women’s Refugee Commission), 6,7 millions de personnes handicapées subissent un déplacement forcé en raison de persécutions et autres violations des droits humains, de conflits et de violences généralisées. Les enfants handicapés en particulier courent le risque d’être abandonnés et de subir des violences pendant les situations d’urgence, et pourtant leurs besoins spécifiques ne sont pas souvent pris en compte dans les efforts d’aide humanitaire.

Les gouvernements, les bailleurs de fonds et les organismes d’aide humanitaire devraient garantir que les besoins des personnes handicapées sont traités en priorité dans des  situations de conflit et de déplacement, selon Human Rights Watch. Les prestataires d’aide devraient consulter et impliquer les personnes handicapées et les organisations qui les représentent afin d’élaborer une réponse plus efficace et inclusive.

Le Sommet humanitaire mondial à Istanbul en mai 2016 est une occasion unique de garantir que les voix des personnes handicapées sont entendues  dans ce débat, selon Human Rights Watch. Les gouvernements et les agences des Nations Unies devraient élaborer et soutenir des normes et directives mondiales sur l’inclusion du handicap dans l’action humanitaire, a déclaré Human Rights Watch, ainsi que CBM, Handicap International, International Disability Alliance, Women’s Refugee Commission, et d’autres partenaires. Ces normes et ces directives devraient traiter la coordination, la mise en œuvre, la surveillance et le financement, et le soutien renforcé de pratiques inclusives dans tous les programmes et efforts d’aide humanitaire.

À ce jour, 160 pays ont ratifié la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, notamment le Yémen, la Syrie et la plupart des pays européens. En plus des droits à l’accessibilité, aux soins de santé et à l’éducation, la convention comporte une clause spécifique qui appelle les gouvernements à garantir la sécurité et la protection des personnes handicapées dans les situations à risque et d’urgences humanitaires.

« Les conflits armés faisant la une de l’actualité soulignent la nécessité de garantir que des milliers de personnes handicapées ne sont pas oubliées », a conclu Shantha Rau Barriga. « Il est d’une importance vitale que les gouvernements et les organismes d’aide qui fournissent  une aide d’urgence soient inclusifs quand ils rendent leurs services. »

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Exemples de situations de crise touchant plus particulièrement les personnes handicapées :


Yémen

Human Rights Watch s’est entretenu avec 29 Yéménites atteintes de handicaps et avec leurs familles en novembre 2015. L’ONU estime que 21,2 millions de personnes – soit 82 % de la population yéménite – ont besoin d’une forme d’assistance humanitaire, dont 3 millions sont des personnes handicapées. Les personnes atteintes de handicaps au Yémen sont confrontées à des difficultés croissantes pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. Par exemple, la plupart sont dans l’incapacité de se procurer des médicaments essentiels et restent dans l’isolement chez eux.

Selon le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le système de santé du Yémen est au bord d’un effondrement total en raison du conflit en cours et du blocus imposé par la coalition des pays arabes menée par l’Arabie Saoudite. À mi-octobre, 69 établissements de soins avaient été endommagés, 27 ambulances détournées, et huit travailleurs humanitaires tués. Pour les personnes atteintes de maladies chroniques ou de conditions exigeant une attention fréquente, le prix excessif des médicaments et du carburant, ainsi que le manque d’établissements de soins, ont de graves conséquences. La fermeture de près de 300 organisations qui fournissaient des services spécialisés aux personnes atteintes de handicaps au Yémen aggrave encore la pénurie de soutien.

Par exemple, Hanan, une fillette de 4 ans atteinte de paralysie cérébrale et d’épilepsie au Yémen, nécessite des médicaments qui sont devenus inabordables avec la prolongation du conflit. Le père de Hanan a expliqué à Human Rights Watch : « Ses médicaments sont importants pour sa santé parce que lorsqu’elle les prend régulièrement, elle n’a une crise épileptique qu’une fois toutes les deux semaines. Mais lorsqu’elle ne les prend pas, elle a une crise deux fois par jour…. C’est dur de se sentir inutile. »

Habib, un jeune garçon yéménite âgé de sept ans et atteint de paralysie cérébrale, lors d’un exercice de lecture au domicile de sa famille, à Sanaa. Avant l’éclatement du conflit dans ce pays en 2014,  il était inscrit dans un centre pour enfants handicapés, mais peu après le début de la guerre, ce centre a été contraint à la fermeture. © 2015 Hanan Alsurmi pour Human Rights Watch


Les dommages aux infrastructures en place et aux routes rendent des parties du Yémen difficiles à parcourir pour les personnes handicapées. Hind, une femme de 25 ans atteinte d’un handicap physique, a déclaré à Human Rights Watch que la vie est « très fatigante… La plupart du temps je préfère rester à la maison plutôt que de sortir…. À cause de mon handicap, je tombe régulièrement par terre si je ne regarde pas où je mets mes jambes. »

Muna, une femme de 26 ans qui est sourde, a confié à Human Rights Watch à quel point le conflit l’a affectée : « Avant la guerre, j’étais libre de sortir.… Maintenant je suis terrifiée quand je sens les explosions secouer la maison. »

Crise des réfugiés en Europe

Depuis le début de la crise migratoire et des réfugiés en Europe, Human Rights Watch a mené des entretiens avec un grand nombre de demandeurs d’asile et de migrants, notamment de nombreuses personnes atteintes de handicaps, alors qu’ils pénétraient dans les îles grecques et traversaient les frontières terrestre avec l’Union européenne à la recherche de protection et d’un meilleur avenir loin des violences.

Les personnes atteintes de handicaps sont confrontées à de grandes difficultés le long de leur parcours depuis les pays déchirés par la guerre comme la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan, pour chercher refuge en Europe. Sur les bateaux de passeurs entre la Turquie et la Grèce, les personnes handicapées ne sont normalement pas autorisées à emporter leurs fauteuils roulants ou  d’autres dispositifs d’assistance. De nombreux Syriens qui ont perdu des membres dans les bombardements incessants de leur pays ont été portés par des parents et des amis pendant la plus grande partie du trajet, une expérience épuisante pour eux comme pour les personnes qui les aident.

Sara, une jeune Syrienne de 13 ans voyageant avec sa sœur aînée et sa mère, souffre d’un handicap physique et de diabète et utilise un fauteuil roulant. Elle nous a relaté son effroyable expérience sur le bateau pneumatique depuis la Turquie, où elle a été séparée des membres de sa famille, a fini dans l’eau au fond de l’embarcation, a avalé de l’eau salée et a perdu connaissance. Après avoir fui la guerre en Syrie en juillet puis avoir été refoulée par les ambassades d’Allemagne et de Suède en Turquie, la famille a pensé qu’ils n’avaient que le choix de risquer leurs vies. Sara a fait partie des quelques personnes qui ont eu la chance à Lesbos d’être identifiées comme ayant des besoins particuliers et elle a été installée avec sa famille dans un camp désigné.

Haled, un Syrien de 30 ans qui présente de graves handicaps de développement et  des déficiences intellectuelles, a donné une description similaire de la dangereuse traversée dans un canot pneumatique où s’entassait une quarantaine de personnes, lors de son entretien sur l’île de Lesbos en octobre : « C’était [le voyage] très dur. Je veux aller en Allemagne. Pour des soins médicaux. Des gens étaient assis sur moi [dans le bateau] et me faisaient mal et les vagues rentraient. »

Ghazal, un professeur d’économie de 55 ans, et son épouse Hannan, professeur de physique chimie de 47 ans, ont fui la ville syrienne d’Alep lorsque le manque soins médicaux est devenu  une préoccupation dramatique pour leur fils de 19 ans, Karan, atteint de graves handicaps physiques intellectuels et physiques. Hannan a déclaré à Human Rights Watch : « À cause des bombes, des morts et des armes, l’état de santé de mon fils s’est aggravé. Il a commencé à avoir des crises. Cela nous a beaucoup affectés. Avant il prenait des médicaments mais maintenant il n’y a plus rien. »

Deux réfugiés syriens marchent sur l’autoroute M2 reliant Budapest et Vienne, en direction de Vienne, le 4 septembre 2015, suite au refus des autorités hongroises de permettre à leur groupe de monter à bord de trains à destination de l’Allemagne. L’homme à gauche est obligé de transporter la prothèse de jambe de Safi, 30 ans, originaire d’Alep (à droite). © Daniel Etter pour Human Rights Watch.


Hannan, interrogée sur l’île grecque de Lesbos en mai, a indiqué que voyager avec Karan avait ralenti leur parcours et l’avait rendu plus difficile.

À certaines étapes de leur parcours, la famille s’est entassée dans de petites embarcations pneumatiques contenant jusqu’à 50 ou 60 personnes. À leur arrivée sur les îles grecques, ils ont traversé des terrains très accidentés sans aucune aide à la mobilité pour Karan. « Le voyage a été vraiment très dur pour mon fils », a expliqué Hannan. « J’ai entrepris ce voyage pour mon fils.  Si ce n’était pas pour lui, j’aurais pu rester là-bas. »

Après être finalement parvenue au port de Lesbos, la famille a attendu avec 400 à 500 autres personnes en plein soleil dans une chaleur écrasante. L’arrivée des soins médicaux n’a pas été d’un grand secours. « Ici nous avons vu le docteur », a déclaré Ghazal. « Il nous a dit : ‘Nous ne pouvons pas fournir les soins médicaux adaptés à votre fils ici. Il vous faudra vous rendre aux Pays-Bas ou en Belgique où ils disposent d’hôpitaux spécialisés’. » Sans aucun autre choix, la famille hésitait sur la façon de continuer. Ghazal craignait que la seule voie pour parvenir en Belgique ou aux Pays-Bas, où le traitement indispensable à son fils est disponible, puisse les obliger à utiliser un passeur, aggravant le risque de blessures pour Karan.

Human Rights Watch a signalé que souvent, dans le chaos sur l’île grecque de Lesbos, les personnes atteintes de handicaps, les femmes accompagnées de jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies ne sont pas identifiées comme courant davantage de risques. Ces personnes ne sont pas non plus assurées de pouvoir s’enregistrer et d’obtenir un accès approprié aux services essentiels tels que la nourriture et les soins de santé. Les autorités ont déclaré que les groupes à risque sont prioritaires dans la procédure d’enregistrement, mais les gens ne sont pas au courant de cela, et la police semble ne disposer d’aucun système, ni faire aucun effort, pour identifier ces groupes.

Même lorsqu’elles arrivent dans des pays comme l’Allemagne, où elles demandent le statut de réfugiées, nombre de personnes atteintes de handicaps luttent encore pour obtenir l’aide dont elles ont besoin. Les pays d’Europe occidentale sont submergés par le grand nombre de personnes venant demander asile, et nombre de personnes handicapées doivent attendre très longtemps pour obtenir des fauteuils roulants et des soins spécialisés. Mohammed Reda ne peut pas marcher à cause des blessures consécutives à une frappe aérienne en Syrie. Cela fait huit mois qu’il est arrivé en Allemagne mais il n’a toujours pas de fauteuil roulant. Il a expliqué à Human Rights Watch qu’il n’est pas sorti de son appartement pendant tout le mois dernier, car personne n’est disposé à le porter.

République centrafricaine

En 2013, la République centrafricaine a sombré dans de graves violences caractérisées par des attaques généralisées contre des civils commises par des rebelles musulmans de la Seleka, ainsi que par des groupes rebelles opposants anti-balaka. Des milliers de personnes ont été tuées et des centaines de milliers d’autres ont été contraintes au déplacement durant le conflit, notamment des personnes atteintes de handicaps. En janvier et avril 2015, Human Rights Watch a documenté qu’au moins 96 personnes handicapées avaient été abandonnées ou avaient été incapables de fuir lorsque leurs maisons avaient été attaquées, et 11 avaient été tuées.

Par exemple, Hamamatou, une jeune fille de 13 ans atteinte de la polio, de République centrafricaine, a été portée sur le dos de son frère à la suite d’une attaque contre leur village. Comme il était trop fatigué pour continuer, Hamamatou l’a supplié de sauver sa propre vie et de la laisser. Des combattants l’ont découverte deux semaines plus tard, et Hamamatou a déclaré à Human Rights Watch : « Les combattants ont dit : ‘Nous avons trouvé un animal. Achevons-le.’ » Un autre combattant est intervenu et lui a sauvé la vie.

Lorsque les personnes handicapées parviennent aux camps de personnes déplacées à l’intérieur du pays, elles continuent de se heurter à des obstacles, a constaté Human Rights Watch. Les personnes atteintes de handicaps physiques, par exemple, ne pouvaient pas circuler sur le terrain  accidenté pour accéder à la nourriture ou à l’eau, et certaines étaient obligées de ramper sur le sol pour entrer dans les toilettes, ce qui les exposait à des risques potentiels pour leur santé.

Andet, un homme de 27 ans  paralysé à partir de la taille, a expliqué à Human Rights Watch que lorsque des distributions de nourriture avaient lieu au camp de M’Poko, le site de distribution était inaccessible pour lui, et les personnes comme lui étaient poussées sur le côté. Parfois il n’avait rien à manger de toute la journée, a-t-il indiqué.

Hamamatou, une jeune fille atteinte de polio, a été abandonnée par sa famille après l’attaque de leur village en République centrafricaine par les forces « anti-balaka ». Elle a pu se réfugier auprès d’une mission catholique où elle vit désormais. © 2015 Marcus Bleasdale/VII pour Human Rights Watch


En novembre, Human Rights Watch a documenté 233 cas de personnes atteintes de handicaps vivant dans dix sites de déplacement à Bangui, dont 53 personnes handicapées déplacées du fait de la nouvelle vague de violence sectaire qui a submergé la capitale depuis le 25 septembre.

Pour les personnes atteintes de déficiences sensorielles, se déplacer dans le camp de M’Poko sans assistance peut se révéler extrêmement dangereux. Human Rights Watch a été informé de plusieurs cas où des personnes malvoyantes sont tombées dans des égouts à ciel ouvert répugnants du camp, ou bien avaient été brûlées par des feux en plein air ou par de l’eau bouillante. La clinique du camp ne dispose de personne pouvant faciliter la communication avec les personnes malentendantes. De ce fait, celles parmi ces dernières qui ne peuvent ni lire ni écrire et ne sont pas accompagnées par un parent ou un ami pouvant les aider à communiquer peuvent hésiter à rechercher une aide médicale ou, si elles le font, peuvent éprouver des difficultés à communiquer.

 

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