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Mali : Les leaders du coup d’État doivent respecter les droits des Maliens

Le traitement réservé aux minorités suscite des préoccupations particulières

(Nairobi, le 23 mars 2012) – Les officiers militaires responsables d’un coup d’État au Mali doivent rétablir la protection des droits humains fondamentaux, garantir le traitement humain de toute personne en détention et protéger la vie et les biens de tous les Maliens, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. La sécurité des populations ethniques touaregs, arabes et d’autres minorités suscite des préoccupations particulières.

Le 21 mars 2012, de jeunes officiers militaires, qui protestaient contre la manière dont le gouvernement gérait une rébellion menée par des Touaregs, ont organisé un coup d’État contre le président Amadou Toumani Touré. Après la prise de contrôle de la chaîne de télévision et de la station de radio nationales, un porte-parole des officiers a annoncé la suspension de la Constitution et de « toutes les institutions », ainsi que la fermeture de toutes les frontières et de l’aéroport principal dans la capitale Bamako, et a décrété le couvre-feu dans tout le pays. Depuis le déclenchement du conflit armé dans le nord du Mali à la mi-janvier 2012, près de 200 000 Maliens ont fui leurs domiciles, la plupart pour rejoindre l’Algérie, le Burkina Faso et le Niger voisins.

« Le bouleversement politique et social engendré par le coup d’État au Mali ne doit pas laisser la place à un vide en matière de protection des droits fondamentaux », a expliqué Corinne Dufka, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch. « Les officiers militaires qui ont pris le contrôle du gouvernement malien doivent non seulement maintenir la discipline au sein des forces de sécurité, mais aussi garantir le respect des droits humains de tous les Maliens. »

Les leaders du coup d’État rassemblés dans le Comité national pour le rétablissement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDR) autoproclamé ont déclaré avoir renversé le gouvernement en raison du soutien insuffisant apporté à l’armée dans ses opérations militaires contre la rébellion des séparatistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui réclame l’autonomie du territoire de l’Azawad, situé dans le nord du pays. Depuis le début des combats, l’armée malienne a perdu plusieurs bases militaires importantes, dont récemment la base stratégique d’Amachach, à proximité de la ville de Tessalit. Le 24 janvier, les rebelles ont envahi la base militaire d’Aguelhoc et auraient exécuté sommairement au moins 70 soldats maliens.

Les médias locaux et internationaux ont rapporté que les leaders du coup d’État, vraisemblablement dirigé par le capitaine Amadou Sanogo, ont arrêté au moins deux ministres du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga et le ministre de l’administration territoriale et des autorités locales Kafougouna Koné, ainsi que plusieurs officiers militaires loyalistes. Certaines sources ont également signalé le pillage du palais présidentiel, de magasins et de stations d’essence à Bamako. En raison des tirs en l’air des soldats, de nombreux civils ont indiqué avoir été blessés par des balles perdues. Lors d’un discours à la télévision nationale, le capitaine Sanogo a appelé au calme et a dénoncé les pillages.

Human Rights Watch est préoccupé par le fait que les troubles provoqués par le coup d’État pourraient déclencher des attaques à l’encontre des populations minoritaires, notamment vis-à-vis des groupes ethniques touaregs et arabes, et a appelé les leaders du coup d’État à garantir le respect des droits et la sécurité de tous les Maliens. Au début du mois de février, des civils ont mené des dizaines d’attaques de représailles contre des maisons et des entreprises appartenant à des Touaregs à Bamako, Kati, Sikasso, Koulikoro et Gao. Ces attaques ont provoqué une panique généralisée et la fuite de dizaines de milliers de Touaregs hors du Mali.

Dans une déclaration lue à la télévision nationale le 22 mars matin, les leaders du coup d’État ont annoncé : « Nous prenons l’engagement solennel de restaurer les pouvoirs à un président démocratiquement élu dès que l’unité nationale et l’intégrité territoriale seront rétablies. » L’élection présidentielle avait été planifiée pour le 29 avril.Le président Amadou Toumani Touré a effectué deux mandats de cinq ans.

Human Rights Watch a appelé les leaders du coup d’État à proposer un calendrier spécifique pour le retour imminent aux règles démocratiques, en respectant le droit fondamental des Maliens d’élire leurs dirigeants.

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