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RD Congo : Une force « relais » de l’UE est nécessaire pour protéger les civils

Les massacres et les souffrances exigent une réponse internationale rapide

L'Union européenne devrait de toute urgence envoyer une force « relais » dans l'Est du Congo pour aider les soldats de maintien de la paix de l'ONU à empêcher de nouvelles attaques contre les civils, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.

Le rapport de 32 pages, « Massacres à Kiwanja : L'incapacité de l'ONU à protéger les civils », décrit les meurtres d'environ 150 personnes dans la ville de Kiwanja les 4 et 5 novembre 2008, qui ont constitué le pire massacre dans la province du Nord Kivu en deux ans. Bien que les soldats de maintien de la paix de l'ONU aient considéré Kiwanja comme une zone de protection prioritaire, ils n'ont pas disposé ni d'un nombre suffisant de soldats ni de la capacité d'empêcher les tueries. Les survivants n'ont pu que courir vers une base de l'ONU distante de moins d'un kilomètre et se regrouper à l'extérieur de la clôture pour se protéger.

« L'Union européenne ne devrait pas attendre de nouveaux massacres pour agir », a insisté Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior pour l'Afrique à Human Rights Watch. « Les forces actuelles de l'ONU n'ont tout simplement pas la capacité, ou sont en nombre insuffisant, pour protéger tous les Congolais exposés au risque terrible d'autres attaques. »

Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé des troupes supplémentaires de maintien de la paix en novembre, mais estime que les renforts pourraient mettre jusqu'à quatre mois pour arriver. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé à l'Union européenne de fournir une force à court terme pour protéger les civils jusqu'à ce que d'autres troupes de l'ONU soient en place.   

Human Rights Watch a écrit aux chefs d'Etat européens le 9 décembre, leur demandant de déployer cette force rapidement dans l'Est du Congo.

La plupart des personnes tuées à Kiwanja ont été exécutées sommairement le 5 novembre  par les forces du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du commandant rebelle Laurent Nkunda, après que le groupe rebelle, qui contrôlait la ville depuis le 29 octobre, ait repoussé une attaque des milices Maï Maï pro gouvernementales. Les Maï Maï ont aussi tué délibérément plusieurs civils.

Le rapport de Human Rights Watch s'appuie sur plus de 130 entretiens menés à Kiwanja et Goma auprès de victimes, de témoins, de travailleurs humanitaires, de soldats de maintien de la paix de l'ONU et de représentants du groupe rebelle de Nkunda.

Après avoir rétabli leur contrôle sur Kiwanja le 5 novembre, les rebelles ont lancé une opération brutale contre les éventuels combattants Maï Maï restants ou leurs sympathisants supposés. Selon des témoins, les combattants ont fait irruption dans les maisons, demandant de l'argent et des téléphones portables, puis ont tué les hommes et les adolescents qui s'y trouvaient, les massacrant devant leurs familles ou dans les rues avoisinantes. La plupart ont été abattus, mais d'autres ont été  tailladés à mort à coups de machettes ou transpercés avec des lances. Des femmes et des enfants, dont des personnes qui tentaient de protéger des membres de leurs familles, ont également été tués.

Depuis le massacre, les deux forces ont continué à prendre les civils pour cibles. Les enquêtes de Human Rights Watch ont révélé que les rebelles de Nkunda et les combattants Maï Maï ont tué au moins 18 autres civils fin novembre et début décembre. Les parties en guerre ont aussi violé plus de 16 femmes et filles, et ont recruté par la force des dizaines d'enfants pour le service armé depuis la fin d'octobre.

Les chercheurs de Human Rights Watch ont également documenté la destruction systématique de six camps pour personnes déplacées à Kiwanja et aux alentours, ainsi que dans la ville voisine de Rutshuru. Les personnes déplacées ont fui vers divers endroits et la plupart n'ont pas encore été localisées cinq semaines après l'attaque.

Les rebelles ont déclaré un cessez-le-feu unilatéral le 29 octobre, mais sans grande conséquence dans les zones rurales, où les combats continuent et une grande partie de la population demeure en grand danger.

« Les rebelles de Nkunda et autres groupes armés doivent cesser immédiatement toutes les attaques contre les civils, le viol des femmes et des filles et la destruction des camps de personnes déplacées », a ajouté Anneke Van Woudenberg. « Les responsables de ces brutales atrocités doivent être arrêtés et tenus  responsables de leurs actes. »

La mission de maintien de la paix de l'ONU au Congo, la MONUC,  disposait de 120 soldats de maintien de la paix à Kiwanja, l'une de ses bases les plus importantes sur le terrain au Nord Kivu. Du fait de l'importance de Kiwanja et de Rutshuru comme centres de l'assistance humanitaire, les soldats de maintien de la paix de l'ONU considéraient ces localités comme zone de protection prioritaire. Toutefois, les soldats de maintien de la paix n'ont pas été capables d'empêcher les rebelles de Nkunda de s'emparer des villes ou de détruire les camps pour personnes déplacées. Ils n'ont pas été non plus capables d'arrêter le meurtre et le viol de civils. 

Les soldats de maintien de la paix de l'ONU comptaient sur la coopération des forces de l'armée congolaise pour assurer la sécurité des villes, mais ce soutien a été limité. Toute possibilité qu'auraient pu avoir les soldats de maintien de la paix de protéger les civils par eux-mêmes a été contrecarrée par les déficiences logistiques et les priorités concurrentes auxquelles la force de maintien de la paix a été confrontée.

« Les troupes de l'UE permettraient aux soldats de maintien de la paix de l'ONU de renforcer les bases dans des zones plus reculées, comme Kiwanja, et aideraient à empêcher de nouvelles atrocités », a indiqué Anneke Van Woudenberg. « Le peuple de l'Est du Congo a souffert depuis bien trop longtemps. L'UE doit donner à l'ONU l'aide dont elle a besoin pour protéger les civils. »

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