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Ce que la mort du président iranien signifie pour les droits dans ce pays

Ebrahim Raïssi lègue à son pays un héritage d'abus

Le président iranien Ebrahim Raïssi, photographié lors de la cérémonie d'inauguration du barrage hydroélectrique de de Qiz Qalasi, situé sur la rivière Araxe à la frontière entre l'Iran et l'Azerbaïdjan, le dimanche 19 mai 2024. Plus tard dans la journée, Raïssi a péri dans un accident d'hélicoptère survenu dans la province iranienne d'Azerbaïdjan oriental. © 2024 Bureau de la présidence iranienne via AP Photo

Lundi matin, les Iraniens ont appris que le président Ebrahim Raïssi, le ministre des Affaires étrangères Amir Abdollahian et plusieurs autres responsables gouvernementaux avaient été tués la veille dans un accident d’hélicoptère dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan oriental. La manière dont la mort de Raïssi affectera, ou non, les droits humains dans le pays fait déjà l’objet de nombreux commentaires.

Depuis les premières années qui ont suivi la révolution de 1979, aucun haut responsable iranien n’a été tenu de rendre des comptes pour les violations graves des droits humains dans ce pays, et Raïssi était lourdement impliqué dans cet héritage d’abus. De nombreuses familles ont placé Raïssi en tête de liste des responsables qu’elles souhaitaient voir traduits en justice pour les crimes les plus flagrants du gouvernement.

En 1988, Raïssi était l’une des quatre membres d’un comité qui a prononcé des condamnations à mort contre des milliers de prisonniers politiques. Ces procédures ont bafoué les normes de procès équitables, et les exécutions massives qui en ont résulté devraient faire l’objet d’une enquête en tant que crime contre l’humanité.

Raïssi a dirigé le pouvoir judiciaire iranien avant de prendre la tête du pouvoir exécutif, en tant que président. Il porte une responsabilité importante dans de nombreuses politiques répressives, notamment la répression meurtrière de nombreuses manifestations en 2019, et puis des manifestations « Femmes, vie, liberté » qui ont suivi la mort de Mahsa Jina Amini alors qu'elle était sous la garde de la police des mœurs, en 2022. Raïssi a aussi été en grande partie responsable des exécutions de manifestants après des procès inéquitables, des poursuites engagées contre des dissidents pacifiques et de l’application des lois abusives sur le port obligatoire du hijab.

Il est pourtant important de reconnaître que la machine répressive iranienne dépasse le pouvoir du président. En l’absence de changements fondamentaux, ces violations risquent de se poursuivre.

Selon la constitution iranienne, une élection présidentielle doit avoir lieu dans un délai de 50 jours. Les autorités envisageraient le 28 juin comme date provisoire du scrutin. Historiquement, les élections présidentielles iraniennes ont été loin d’être libres ou équitables, mais elles ont offert une opportunité limitée à certaines parties de la société et aux candidats de s’exprimer sur des questions concernant les droits sociaux et politiques.

Toutefois, depuis plus d’une décennie, le Conseil des gardiens iranien a réduit systématiquement la capacite des organes élus à influencer la politique gouvernementale, notamment en réduisant le nombre de candidats éligibles, de sorte que même le président du parlement a été disqualifié en tant que candidat à l’élection présidentielle de 2021.

En l’absence d’un changement majeur dans le paysage politique, il ne faut malheureusement pas s’attendre à ce que le décès de Raïssi entraîne de réels changements en matière de droits humains en Iran.

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