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Des ouvriers fabriquent des produits en alliage d'aluminium sur une ligne de production dans le comté de Jinhu, province de Jiangsu, Chine, le 19 juillet 2020. © 2020 Costfoto/Future Publishing via Getty Images

Lorsqu'une législation longuement négociée est finalement adoptée, les optimistes et les pessimistes se disputent toujours pour savoir si le résultat des négociations politiques est un verre à moitié plein ou à moitié vide. Ce dont on parle aujourd’hui tend plutôt vers le verre à moitié plein.

La décision prise hier par les gouvernements de l'UE d'interdire l'importation de produits issus du travail forcé est assurément encourageante. Elle contribuera à terme à empêcher les produits liés au travail forcé d'entrer dans l'UE, et à accroître la pression sur les gouvernements et les entreprises pour qu'ils mettent fin aux pratiques de travail forcé.

Elle devrait en fin de compte avoir un impact positif sur les quelque 3,9 millions de personnes piégées dans des programmes de travail forcé imposés par leur État dans le monde, sans parler des fabricants européens confrontés à une concurrence inéquitable.

Les lecteurs réguliers se souviendront de notre récent examen de l'aluminium provenant du Xinjiang, en Chine, utilisé par les constructeurs automobiles mondiaux, dans lequel nous posions la question suivante : "Votre voiture est-elle un moteur de la répression ?". Notre conclusion était que, bien que la sensibilisation individuelle des consommateurs soit importante, l'ampleur du problème du travail forcé dans la fabrication à grande échelle nécessite une approche réglementaire plus large que seuls les gouvernements peuvent fournir.

Ce qui s'est passé hier dans l'UE est donc un pas dans la bonne direction. Après l'accord entre les représentants des États membres de l'UE et certains membres du Parlement européen qui ont négocié l'accord, celui-ci est maintenant soumis à l'approbation formelle du Conseil et du Parlement.

Les experts qui travaillent depuis des années pour que cela se produise se sont réjouis à juste titre. Chloe Cranston, d'Anti-Slavery International, a parlé d'un « résultat énorme... Malgré ses faiblesses, il s'agit d'un grand pas en avant pour mettre fin au travail forcé à l'échelle mondiale. »

Steve Trent, de l'Environmental Justice Foundation, a déclaré qu'il s'agissait d'un « message fort indiquant que l'UE défend les valeurs fondamentales de dignité et de respect pour tous les individus. »

Mon collègue à Human Rights Watch, Jim Wormington, a affirmé qu'il s'agissait d'une « excellente nouvelle », ajoutant : « Lorsqu'elle entrera en vigueur, la loi signifiera que les entreprises qui profitent du travail forcé, au Xinjiang et ailleurs, ne pourront pas vendre sur les marchés de l'UE. »

Mais toutes les personnes impliquées reconnaissent également que la nouvelle loi européenne sur le travail forcé n'est pas tout à fait à la hauteur de ce qu'elle pourrait être.

Comme le fait remarquer mon collègue Jim, à propos du Xinjiang elle est plus faible que la loi américaine intitulée Uyghur Forced Labor Prevention Act (loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours). Cette loi américaine, qui est entrée en vigueur en 2022, établit à juste titre la présomption que tout produit fabriqué en tout ou en partie dans le Xinjiang est issu du travail forcé et ne peut être importé.

La législation européenne prévoit néanmoins des mesures pour aider les enquêteurs à identifier et à empêcher les produits liés au travail forcé imposé par l'État d'entrer sur le territoire de l'UE.

Dans l'ensemble, les nouvelles sont donc bonnes. Il y a des progrès. Les optimistes peuvent dire que le verre théorique est à moitié plein.

Mais la lutte continue pour s'assurer que votre verre réel n'a pas été fabriqué avec du travail forcé.

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