À l’ouverture, jeudi, de la 28ème Conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), les délégués ont été immédiatement confrontés à une chaleur étouffante et persistante alors qu’ils étaient dans une file d’attente en plein air, qui serpentait à travers Expo City Dubai, pour recueillir leur laissez-passer.
Des membres des services de sécurité de la Conférence ont distribué de l’eau aux participants, lesquels se tenaient pour la plupart à l’ombre, en attendant de pouvoir pénétrer dans la « Zone bleue » climatisée, où les négociations mondiales sur le climat vont se tenir pendant les deux prochaines semaines.
Rester debout pendant près d’une heure dans la forte chaleur de fin novembre à Dubaï, où les températures peuvent atteindre 30 degrés Celsius (86 degrés Fahrenheit), est un moyen approprié d’entamer une conférence sur le climat dans l’espoir de parvenir à un engagement officiel en vue de l’élimination des combustibles fossiles qui accroissent les températures à l’échelle mondiale.
Mais imaginons un instant que nous soyons en juillet ou en août, quand les températures cette année ont dépassé les 50 degrés Celsius (122 degrés Fahrenheit). Et imaginons qu’au lieu d’attendre en faisant la queue, les délégués soient tenus de travailler dur, sans ombre ni eau.
C’est exactement ce qu’ont vécu les travailleurs migrants des Émirats arabes unis (EAU), qui constituent 88% de la population du pays et occupent souvent des postes de plein air dans des secteurs où les emplois sont physiquement pénibles, comme le bâtiment.
Les EAU ont renoncé à protéger ces travailleurs contre les dangers d’une chaleur extrême, s’en remettant à des interdictions de travailler en milieu de journée arbitraires et pré-définies lors des mois d’été, au lieu d’adopter des normes plus efficaces basées sur la réalité des risques, telles que l’indice de Température du thermomètre mouillé (Wet Bulb Globe Temperature WBGT), une technique consistant à prendre en compte l’humidité de l’air en mesurant la température, ou d’appliquer des directives basées sur des observations concrètes et qui imposent des arrêts de travail quand les conditions deviennent dangereuses.
La chaleur extrême constitue un grave danger pour la santé. Elle peut être mortelle ou avoir des conséquences qui durent toute la vie. Certains employeurs continuent de violer les interdictions, notamment dans des cas récemment documentés de non-respect des interdictions sur les sites de construction de la COP28.
Fondamentalement, les EAU externalisent les risques climatiques en les transférant aux travailleurs migrants, qui sont exposés de manière disproportionnée à la chaleur extrême, sans leur fournir de protections adéquates et en renvoyant dans leurs pays des travailleurs confrontés à de graves problèmes de santé sans leur apporter de remède. Des travailleurs avec lesquels nous nous sommes entretenus nous ont dit que « l’air est aussi chaud que du feu » et « nos vêtements deviennent si chauds qu’ils sont presque brûlants ». Les représentants des gouvernements à la COP28 ne devraient pas oublier leur inconfort une fois qu’ils auront pénétré dans les locaux climatisés de la conférence. Au contraire, ils devraient exhorter les EAU, en tant qu’hôtes de celle-ci, à mettre en place de meilleures protections contre la chaleur et à s’assurer que les protections contre la chaleur subie sur les lieux de travail soient un sujet essentiel de discussion à l’ordre du jour de la conférence.