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© 2023 Brian Stauffer pour Human Rights Watch

Les prêts accordés par le Fonds monétaire international (FMI) aggravent les conditions de vie de nombreuses personnes dans le monde.  

En principe, cette institution financière mondiale est évidemment censée faire le contraire. Fonctionnant comme une banque pour les gouvernements nationaux, le FMI rassemble l'argent de 190 pays et agit comme un « prêteur en dernier ressort » pour les gouvernements qui ont de graves problèmes d'endettement. L'objectif est de remettre financièrement le pays sur pied. 

Il n'est pas surprenant que ces prêts soient assortis de conditions – mais ce qui peut en surprendre certains, c'est à quel point ces dernières peuvent être excessives et avoir un impact inégal sur la société. Dans la plupart des cas, elles infligent une austérité brutale à la population, en réduisant les dépenses consacrées aux services publics et/ou en augmentant les impôts régressifs de manière si brutale qu'elles bafouent les droits de nombreuses personnes. 

Prenons le cas du Pakistan. Un accord conclu en 2022 entre le FMI et le Pakistan a exigé du gouvernement qu'il mette (entre autres) fin aux subventions à l'énergie et aux carburants et qu'il augmente les impôts. Cela a entraîné une augmentation des prix de l'électricité et des carburants, une hausse de l’inflation et la dépréciation de la monnaie – des facteurs touchant de manière plus importante les ménages les plus modestes. Des millions de Pakistanais sont ainsi contraints de faire des choix impossibles. 

Un conducteur de pousse-pousse de 47 ans à Lahore a ainsi déclaré à Human Rights Watch : « Je peux soit obtenir des médicaments (de l’insuline) pour mon diabète, soit payer pour que ma fille aille à l'école, soit garder la lumière allumée chez moi. Je ne peux faire qu'un seul de ces trois choix. Le FMI devrait venir voir comment je gère ma vie. » 

Le lien avec les droits humains est évident. Les droits des personnes à l'éducation, aux soins de santé, à l'alimentation et autres sont tous affectés par les conditions des prêts du FMI.  

Les institutions financières internationales et les gouvernements ont des obligations internationales en matière de droits humains qui nécessitent d’agir autrement. Ils devraient répondre aux crises économiques de manière à protéger les droits, et non les bafouer.  

On peut également voir les choses autrement : alors que ce sont des politiciens aisés qui ont endetté un pays, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui paient le prix fort lorsque vient le moment de régler le problème. 

Et voilà le hic : les propres recherches du FMI indiquent que ces programmes d'austérité ne donnent généralement pas les résultats escomptés. Dans la plupart des cas, ces « consolidations fiscales » - un terme lié aux mesures d'austérité - « ne réduisent pas, en moyenne, les ratios d'endettement ». Elles ne parviennent donc même pas à réduire la dette, qui est pourtant leur principal objectif et la raison pour laquelle tant de personnes souffrent. 

Toutefois, le FMI a parfois tenté d'atténuer l'impact des mesures d'austérité. Mais la plupart de ces efforts se sont appuyés sur des stéréotypes dépassés concernant la pauvreté, comme constaté en Jordanie il y a quelques mois. 

Comme l’a dit ma collègue experte Sarah Saadoun, « l'expérimentation du FMI consistant à essayer de compenser les dommages causés par les programmes d'austérité ne fonctionne tout simplement pas ». 

Le FMI doit repartir de zéro. Il a besoin d'une nouvelle approche dont le but est de respecter les droits économiques et sociaux. Laissons ensuite ses politiques découler de cet objectif. 

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