Les personnes handicapées demeurent négligées à la suite du tremblement de terre qui a fait au moins 1 000 morts dans l'est de l'Afghanistan le 22 juin, entraînant une nouvelle catastrophe humanitaire. L'Afghanistan est particulièrement à risque en matière de tremblements de terre, avec un nombre de personnes tuées estimé à 7 000 au cours de la dernière décennie. Suite à la destruction d'infrastructures essentielles telles que les réseaux d'eau, les écoles et les établissements de santé, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime que 110 millions de dollars US sont nécessaires pour atteindre environ 362 000 personnes en besoin d’aide. Dans cette région difficile à atteindre, l'insécurité alimentaire et la malnutrition étaient déjà source d’inquiétude avant le tremblement de terre, mais elles sont maintenant devenues encore plus urgentes.
Bien qu’identifiées comme un groupe à risque, les personnes handicapées sont souvent confrontées à des obstacles pour accéder à l'aide humanitaire telle que la nourriture, l'assainissement et l'assistance médicale. En Afghanistan, après le tremblement de terre, les données sur les besoins des personnes handicapées font défaut, et nombre d'entre elles n’ont pas reçu d’aide.
Une Afghane, cofondatrice d'une organisation dirigée par des personnes handicapées, qui a dû fuir le pays après la prise du pouvoir par les talibans en août 2021, m'a confié : "Je pense que les personnes handicapées ont été laissées pour compte lors des programmes d'aide, car personne n'a essayé de distinguer les personnes handicapées parmi toutes les personnes blessées." À la suite du tremblement de terre, de nombreux survivants handicapés, y compris ceux qui ont acquis un handicap à cause du tremblement de terre, ont maintenant besoin d'un soutien médical urgent pour leurs blessures, d'un accès à des services de réadaptation et des dispositifs d’assistance. Cette même organisation tente d'apporter de l’aide, mais au vu du nombre de personnes dans le besoin, dit-elle, les efforts se résument à "une goutte d'eau dans l'océan."
Depuis la prise du pouvoir par les talibans, les gouvernements sont confrontés à la question du financement de l'aide humanitaire en Afghanistan en raison des graves violations des droits humains commises par les autorités, notamment à l'encontre des femmes et des filles. Pourtant, la réponse aux besoins humanitaires devrait rester distincte de la politique de reconnaissance et de légitimité des talibans. Faute de quoi, ce sont les personnes handicapées et les autres personnes à risque qui subiront le plus gros de la crise.
Les agences humanitaires qui répondent au tremblement de terre devraient rapidement mener des évaluations sur les besoins des personnes handicapées afin de garantir que l'aide humanitaire atteigne tout le monde sans discrimination et consulter les groupes et les experts afghans des droits des personnes handicapées sur la manière la plus efficace de garantir l'inclusion des personnes handicapées dans les interventions humanitaires.
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